David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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LA TENDRESSE HUMAINE





Elle cumule les récompenses comme Huppert. Elle est aussi comique qu’une Miou-Miou, peut-être plus gouailleuse même ; aussi tragique qu’une Adjani, sans doute moins lyrique, mais pas moins théâtrale. Elle leur a tenu tête à toutes, et n’a pas oublié de défier Deneuve et Moreau. Dominique Blanc, la discrète, joue pourtant dans la cour des grandes. La cinquantaine flamboyante, quatre César (un record) et un prix d’interprétation à Venise, la comédienne, pourtant habituée aux seconds-rôles, est devenue tête d’affiche de films d’auteurs remarqués.
Elle doit tout à ses deux pères. Au théâtre, comme beaucoup dans la profession, c’est Patrice Chéreau qui la sort du Cours Florent pour lui faire jouer du Ibsen dans la banlieue de Lyon. Dominique est lyonnaise. De la Croix-Rousse, quartier populaire surplombant la ville. Elle collaborera avec les plus grands : Jean-Pierre Vincent, Luc Bondy, et bien sûr Chéreau qui lui fera jouer du Genet, du Racine (grandiose Phèdre) et cette sublime Douleur de Duras. Cela ne l’a pas empêché de s’amuser avec du Beaumarchais et du Molière.
Mais cette aura dramatique, cette présence qu’elle imposera sur les planches, ont très rapidement séduit le cinéma. Ce n’était pas forcément sa tentation première puisqu’elle a détesté son premier tournage, avec Godard. Passion la refroidit. A l’ombre, elle commencera en arrière plan, avec des personnages fantasques ou intenses. Pour la lumière, elle devra attendre que quelques stars s’éclipsent, que l’âge la magnifie. Avec un physique « banal », comme Frot, elle va devoir patienter que Binoche, Bonnaire et autres Béart migrent ailleurs ou n’acceptent plus de premiers film, pour enfin trouver sa place.
Son deuxième père, celui du cinéma, c’est Régis Wargnier. Il lui offre un rôle dans La femme de ma vie, son premier film. Elle enchaîne chez Sautet, Chabrol… Wargnier la promeut dans Je suis le seigneur du château où elle tient pour la première fois un rôle principal, celui d’une gouvernante. Louis Malle l’embauche dans son ensemble hétéroclite, Milou en mai, promenade soixante huitarde et bourgeoise où l’on croise Piccoli, Miou-Miou, Lemercier, Berléand et Carette. Premier César, en quelques films, pour ce personnage de nièce cupide s’intéressant davantage à l’héritage qu’au défunt.
Les jeunes cinéastes s’intéressent à cette actrice loin d’être « bankable », capable de tout jouer, ayant de sérieuses dispositions pour incarner l’errance ou les sales arrières pensées. Wargnier va la reprendre une dernière fois pour son œuvre la plus ambitieuse, et la plus épique : Indochine. Un personnage dégueulasse et humain, qui dit ses quatre vérités et cherche à rentabiliser la promotion canapé. Elle finit dans le lit de Jean Yanne, par esprit de revanche. Elle affronte, tel un dragon, la Deneuve, trop belle pour elle. Blanc illumine les scènes, leur donne une tonalité populo, une couleur d’époque, nous renvoyant l’image d’Arletty et de Françoise Rosay. Deuxième César.
Après la blonde, elle fait face à la brune. Blanc creuse son sillon, avec des personnages secondaires pimentés, dans des œuvres démesurées, aux côtés de divas impérialistes. Elle vampe autant qu’elle joue de son air canaille. Dans La Reine Margot, son mentor Chéreau lui donne le rôle d’Henriette de Nevers, amie de Marguerite de France.
Confidente, complice ou concubine, Blanc se glisse dans chacun des rôles avec délectation et gourmandise. Elle accepte tout et même un petit rôle dans un film de James Ivory ou d’Agnieszka Holland. Des courts métrages entre amis (Vincent Perez, Michel Piccoli) naîtront des longs métrages des années plus tard (respectivement Peau d’ange et La plage noire).
Fidèle, elle continue l’aventure avec Chéreau dans Ceux qui m’aiment prendront le train (troisième César). Film « chorale » où son talent lui permet de se distinguer, une fois de plus. Elle cherche les audaces : les films « prolétaires » aux personnages paumés dans leur précarité, ou ceux signés d’auteurs rigoureux : Devers, Bonello ou Bourdieu. Blier la choisit pour jouer son propre rôle dans Les acteurs, où seules Balasko et elle ont le droit de s’introduire dans ce milieu de vieux mâles. Il faut dire que Blanc est un caméléon, virile et fragile. Idéale pour jouer les femmes à la dérive, égarée dans un aéroport (Stand by, méconnu et pourtant César de la meilleure actrice), ou morphinomane en survie (Après la vie, dernier épisode de la belle trilogie de Lucas Belvaux).
Sa voix peut se briser en une seconde, son regard peut s’embrumer imperceptiblement, ses gestes tremblent avec naturel… Son immense talent s’adapte à tout. Qu’elle soit dans une fantaisie de Labrune ou un vaudeville signé Deville, Blanc n’hésite pas à explorer ses facettes excentriques. Tel un canari pimpant, elle choisit, parfois, des films mineurs, où elle (se) divertit. L’image de la comédienne dramatique pèse sans doute trop lourd. Pourtant c’est dans ces personnages qui basculent, ceux dont la vie est bouleversée par un événement qu’elle fait des étincelles. Dans Le lait de la tendresse humaine, en bibliothécaire généreuse, elle retrouve un vieil amant et ses sentiments s’en retrouvent tourmentés. Comme dans L’Autre. Elle est le pivot de cette histoire de jalousie obsessionnelle. Les mots crus et la déraison de cette femme seule et amoureuse lui vont à merveille. Elle EST cette quadra, larguée, romantique, au cœur d’un film, qui, comme Stand by, risque de passer inaperçu, malgré l’honneur d’un prix d’interprétation à Venise, rejoignant ainsi le club des coupe Volpi françaises : Suzanne Flon, Emmanuelle Riva, Delphine Seyrig, Annie Girardot, Pascale Ogier, Juliette Binoche, Huppert et Bonnaire, Catherine Deneuve et Nathalie Baye.
Ironie du sort : adorée des élites, elle époustoufle dans des films qui ne sont vus que de cinéphiles avertis. Pour le grand public, elle reste celle qui donne la répartie aux stars.
Dominique Blanc donne corps aux douleurs des êtres imaginaires et du cœur à chaque film. C’est souvent par elle que la lumière illumine le visage de l’étoile qu’elle accompagne ; elle la regarde et l’écoute, la défie, met le niveau de jeu très haut et balance, avec assurance, sa réplique. Souvent, la scène est sauvée, ou meilleure. C’est à cela que l’on reconnaît les saltimbanques de génie, les tragédiens nés. Et Blanc est de cette race là.

vincy


 
 
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