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 © Ecran Noir SARL 1996-2005
Mike Newell

Durant quasiment trente années, Mike Newell fut un réalisateur réputé de la télévision - notamment une version de l'Homme au Masque de fer en 1977. Il avait commencé à sa sortie de Cambridge, à 22 ans. Au début des années 80, il se lance dans la réalisation de longs métrages, dans un pays où l'industrie cinématographique est sinistrée. Films d'horreur (dont l'un avec Charlton Heston) qui trouveront un lien dans son futur job au service d'Harry Potter. Cet esprit touche-à-tout s'intéresse autant aux complots américains (une série dur Jimmy Hoffa et Robert Kennedy) qu'à la dernière femme exécutée en Angleterre (Dance with a Stranger, prix du jeune public au Festival de Cannes). Ce dernier film, avec Miranda Richardson, Rupert Everett et Ian Holm, lui permet, en 1985, de se faire connaître un peu à l'étranger.
Mais tout cela semble modeste comparé à l'émergence d'un cinéma britannique plus "underground" et social (Frears, Loach, Leigh...). S'il abandonne progressivement le petit écran pour le grand, il continue de réaliser des films "classiques" tantôt dans le drame (The Good Father, avec Anthony Hopkins), la fable (Amazing Grace and Chuck, avec Jamie Lee Curtis et Gregory Peck), l'aventure familiale (Into the West, d'après un scénario de Jim Sheridan) et la comédie de moeurs (Enchanted April, trois fois nommé aux Oscars). Cette variation des genres de 1987 à 1992, à laquelle nous pourrions ajouter un épisode de la série du jeune Indiana Jones, pourrait presque être la définition d'un épisode de Potter. Il s'agit aussi de son problème : le manque de notoriété. Voit-il son travail comme celui d'un faiseur au service d'une histoire ou a-t-il les tripes d'un auteur?
A 52 ans, Mike Newell choisit le scénario de Richard Curtis pour réaliser son prochain film. Une comédie romantique avec une seule "vedette", Andie MacDowell. Le reste du casting - Hugh Grant, Kristin Scott-Thomas, John Hannah, Rowan Atkinson (Mister Bean) - n'a rien d'un casting de stars, à l'époque. le film va rapporter 240 millions de $ dans le monde, transformer l'industrie du cinéma anglais, qui va faire de la comédie romantique ou sociale sa marque de fabrique, remporter le César du meilleur film étranger. Quatre mariages et un enterrement, en plus d'être un bon film, un hit et une surprise (bref culte), donnera à Newell une consécration inattendue, jusqu'au prestigieux prix David Lean aux British Awards, au titre du meilleur réalisateur de l'année.
Les projets changent de registre ; Hollywood le courtise. On retiendra une embarquée dans le film noir avec le sombre et beau Donnie Brasco (Pacino et Depp), une comédie romantique sur des aiguilleurs du ciel (John Cusack, Billy Bob Thornton, Cate Blanchett, Angelina Jolie) et un romance désuette avec Julia Roberts et Kirsten Dunst (Mona Lisa Smile). Des films grand public qui ne trouvent pas forcément leur public. On note surtout qu'hormis son film triomphal sur les mariages à l'anglaise, Newell a rarement touché au pur comique. Le cinéaste verse davantage dans le ton dramatique, la mélancolie et même parfois la violence. Miroir où un seul film pourrait déformer une réputation! Le voici donc derrière les manettes du quatrième Harry Potter. Il a condensé les 640 pages du livre en un seul film (après avoir songé le diviser en deux), en trouvant la clef : le film est un thriller. Dangereux semble-t-il puisqu'il est responsable de la première interdiction aux enfants non accompagnés pour un épisode de la série. Pour un million de dollars, Newell a donné deux ans de sa vie au sorcier héroïque. Premier anglais à mettre la main à la baguette (en attendant David Yates pour le prochain épisode, L'ordre du Phoenix), le réalisateur a replongé dans ses sensations originelles et ses véritables amours cinématographiques : le romanesque, entre cauchemars et fantasmes, problèmes identitaires et surtout quête de maturité (le rapport au père et la place de chacun dans la société est au coeur de sa filmographie).
La malédiction "4 mariages et un enterrement" va prendre fin; tout le monde connaîtra désormais Mike Newell pour Potter. Meredith Potter, voyons. Le personnage hallucinant incarné par Hugh Grant dans An Awfully Big Adventure, une affreuse grande aventure. Le résumé du dernier Harry?

Vincy