David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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L'APOTHEOSE D'OLIVEIRA





"Si l'on me demande pourquoi je fais du cinéma, je pense aussitôt : pourquoi ne pas me demander si je respire ?" avouait Manoel de Oliveira dans Libération en 1987, juste avant l'amorce de son triomphe annoncé dans les festivals et les cinémathèques.

A 93 ans, Manoel de Oliveira a créé l'un des événements du 54ème Festival International du Film de Cannes. Habitué de la Croisette, où il a déjà obtenu de nombreux prix, le réalisateur portugais a surpris le public cannois avec Vou para casa (je rentre à la maison). Cette histoire d'un vieux comédien (Michel Piccoli), qui fait le deuil de sa famille disparue dans un accident de voiture, nous interroge sur la solitude, la mort et la vieillesse. Pour la première fois, il livre une oeuvre accessible au grand public.

Par amour du cinéma. Mais aussi de la parole et des idées (dans le sens utopique du terme). Manoel de Oliveira, le doyen du cinéma mondial, est le seul qui a encore vécu l'époque du muet. Il s'est imposé en plus de trente années avec son regard à la fois formel et précieux mais aussi passionné. Depuis son film Acto da Primavera, à l'origine du "novo cinema" portugais avec Os Anos Verdes de Paulo Rocha, le réalisateur a acquis le statut de "maître" du septième art (en plus d'en être le doyen).
Fidèle à un certain cinéma, ses oeuvres paraissent parfois décalées par rapport aux images stéréotypées et formatées qui nous submergent. "Le cinéma est immatériel : ce que nous voyons est le fantôme de la réalité" dit le réalisateur. Il ajoute : "Le cinéma a commencé comme une curiosité de fête foraine et a mobilisé, petit à petit, les artistes qui y travaillaient, en le transformant en une expression artistique. C'est là qu'il a conquis sa permanence - je ne dis pas son éternité car rien n'est éternel sur cette Terre. Mais tant que l'homme vivra, le cinéma vivra comme le théâtre, la peinture ou la littérature". Tels sont les propos d'un homme qui vit son cinéma et dont la vie se retrouve métaphoriquement dans ses films. Autour d'un noyau de fidèles comédiens : Mastroianni (père et fille), Deneuve, Malkovich, Piccoli, et les portugais Luis Miguel Cintra, ou Leonor Silveira, il ne cesse de tourner et de présenter depuis quelques années un film par an. Alors qu'il présentait Je rentre à la Maison, d'ailleurs, Oliveira avait déjà commencé le tournage de son film suivant, Aux Portes de Mon Enfance, un film nostalgique sur Porto. Et c'est ainsi depuis 1975...

Du texte à l'image... Souvent attiré par les adaptations de textes littéraires, Manoel de Oliveira ne fait pourtant pas du théâtre filmé. Le cinéma ne peut être assimilé au théâtre en ce qu'il offre beaucoup plus de possibilités, notamment grâce au montage, si important dans le travail minutieux d'Oliveira.
Au long de ses films, il a exploré des textes d'auteur : Agustina Bessa-Luis, la grande romancière portugaise qui lui a écrit Party et qui a contribué à Francisca; l'auteur romantique Camilo Castelo Branco pour le chef d'oeuvre Amor de Perdição (Amour de Perdition); la très classique Mme de Lafayette pour A Carta (La Lettre) ou, enfin, le missionnaire humaniste, Padre Antonio Vieira, qui est le personnage de Palavra e Utopia (Parole et Utopie). Le style Oliveira est un mélange d'esthétisme et de poésie avec des plans parfois fixes et lents. Les histoires racontées par Oliveira sont, paradoxalement, actuelles et atemporelles. Certains de ses plans sont comme des tableaux mettant en scène des personnages. Si Je rentre à la Maison marque une certaine rupture avec ce cinéma contemplatif, le regard d'Oliveira demeure. Un regard fixe, horizontal, qui laisse le temps bouger dans l'espace, et non l'inverse. Le mouvement est à l'intérieur de l'image, et non l'image elle-même.

Passions et tourments. Les films de Manoel de Oliveira pointent avec justesse la condition humaine. S'attaquant à la vanité des hommes (Non ou la vaine gloire de commander, Parole et Utopie) ou aux relations amoureuses (Amour de Perdition, Francisca, Aniki Bobo, La Lettre), le virtuose de la caméra joue pas avec innocence. Néanmoins, ces observations sont le prétexte d'expérimentations cinématographiques et visuelles.
Dans La Lettre, il évoquait une histoire d'amour et de renoncement, de souffrances et de pleurs. C'est également, la patte d'Oliveira que l'on retrouve avec des jeux de regards intenses, une lumière maîtrisée et la précision du détail. Certains plans subliment alors la beauté trouble de Chiara Mastroiani.
Ces créations sont souvent basées sur des oppositions, des contrastes et un anachronisme voulu (assumé même). Mais tout cela sert une critique originale de la société. Alors que nous sommes plutôt habitués à une critique de la base, Oliveira propose une critique sociale "par le haut". Son analyse du monde nous livre, en effet, des exemples édifiants d'une morale révolue dans un monde "qui marche vers l'abîme" (Un film parlé). Il ne faut, toutefois, pas se méprendre. Il s'agit avant tout d'exemples de courage, de sincérité, de générosité, et une exaltation d'un certain humanisme.

serge


 
 
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