David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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Le livre Bye Bye Bahia



Dire que dans ses jeunes années il voulait être prêtre ! Un temps soit peu pépère pour ce trublion de sang irlandais, virtuose de la rhétorique à coup d'humour noir, satires, provocations, coups de théâtre et autres sujets brûlants. Voilà maintenant plus de quinze que ce baroudeur en quête vérité s'invite caméra au poing en territoires ennemis. Politiciens, industriels, Amérique WASP, institutions corrompues, médias, manipulations idéologiques, lobbying, censure, injustices sociales : Moore est de tous les fronts, moins pour provoquer d'ailleurs, au sens littéral du terme, que pour réveiller, reconquérir le bon sens commun, palier aux fantasmes collectifs, psychoses et lacunes éducatives qui gangrènent son pays. Sa tâche est colossale, son langage cinématographique depuis toujours très subtil. Bien avant ses remarquables Bowling For Columbine et Fahrenheit 9/11, Michael Moore revêtait ses casquettes de base-ball pour passer à l'offensive chez les Présidents Smith (de General Motors) en 1989 et Knight (Nike) en 1997. Entre temps, il investissait le petit écran, réalisant et produisant deux séries d'information, dont une "The Awful Truth", couronnée “satire politique la plus intelligente et la plus drôle de la télévision” par le Los Angeles Times. Sans parler de ses engagements à l'université du Michigan comme dans les colonnes du Flint Voice, journal alternatif qu'il a lui-même créé à l'âge de 22 ans, et du Mother Jones. Dans les années 70, sur les bans de la fac, élu Conseiller Général, l'ancien séminariste s'attaquait déjà à la privatisation des universités. Rien de très étonnant, finalement. Fils d'un ouvrier employé chez General Motors et neveu du fondateur de l'UAW, le syndicat des travailleurs de l’automobile, Michael Moore fût très tôt sensibilisé aux questions sociales et autres problématiques de la libre expression. Enfant déjà, témoin d'une scène de liesse à l'annonce de l'assassinat de Martin Luther King, Moore avait pris toute la mesure des absurdités qui traversent notre monde. Sa force de conviction et son brio à l'investigation ne demandaient qu'à trouver d'intimes et très particuliers moyens d'application.

Précédemment journaliste, autodidacte en cinéma, le Michael Moore d'aujourd'hui n'est pas arrivé au documentaire d'auteur par hasard. Si certains documentaristes travaillent dans son sillage, peu parviennent à égaler cette fameuse méthode Moore, incroyablement efficace en terme d'impact, et ce indépendamment même des sujets qu'il vise, toujours polémiques et méritant réflexion. Les récurrentes auto mises en scène du cinéaste, en marge du one man show, ses talents d'orateur, de communicant, son audace, son aisance à surfer sur l'actualité, à prendre ses adversaires au dépourvu et sa très politique palme d'or même tendraient à faire oublier sa griffe, concrètement brillante en matière de construction narrative. Quel que soit leur sujet, les documentaires de Michael Moore sont de vrais films à spectacle jouant sur la matière cinématographique et, naturellement, sur ces rapports très subtils qui nourrissent mutuellement chroniques réelles et réalités tristement fictionnelles. Moore est un cinéaste qui transforme chacun de ses films, pourtant distinctement partial, en une ouverture de débat. Formellement, sa griffe est une contre offensive à la déferlante propagande médiatique américaine, via une ré-appropriation des propres codes de cette dernière. Michael Moore investit toujours le terrain de ses adversaires pour les mettre totalement au défi, quand il ne les dénude pas entièrement. Discours hautement pragmatiques, jamais théorisés, connivence avec le spectateur en stimulant son imaginaire et ses affects : le cinéma de Michael Moore est invariablement celui de l'expérience humaine dans le "ici et maintenant" bien au-delà du traditionnel "cinéma du réel", vaste terminologie couramment employée pour désigner champ du documentaire. Intensité et précision dramatique, volubilité des acteurs, art de la mise en scène et du montage, de l'importance du hors champ à l'hybridation des images et des sons (formats ciné et vidéo, animations, extraits de fictions, invite au spectateur, illustration sonores, musiques) : il n'y a pas un temps mort chez Michael Moore, les secondes sans figures de style sont rares. Le réalisateur se livre à un palpitant jeu d'association d'idées, pointe les nœuds, les dénoue un par un pour mieux rebondir sur de nouvelles sphères. Son humour et l'exactitude de ses frappes maximalisent les conditions de réception du spectateur. Et ainsi de suite… Entre deux productions la méthode Moore trouve libre expression via la littérature et le multimédia : ses livres et fréquentes newsletters n'ont résolument rien à envier à ses films. Même touche, même intimité, même investissement personnel, force de propos et enchaînements. Le porte-parole militant éducateur, Michael Moore gambade d'idées en applications avec une inépuisable pertinence d'esprit. De quoi relayer la censure en arrière position. Mieux encore : récupérer toute sa force symbolique pour avancer. En cela même, et ce malgré novembre 2004, le combat des opposants à Moore semble bien vain. Rien que ça. Enfin, presque ; à condition que le réalisateur évite tout sentimentalisme trop complaisant, tout manque de relief ou de constance. Chose qui risquerait concrètement d'inverser, sinon d'annuler, sa force de propos. L'épilogue dispersé de Fahrenheit 9/11 est à ce titre fort significatif. Pour l'heure, Moore s’attaque avec Sicko au sysTM de santé américain… On adore ! Definitively sick notre cinéaste documentariste ! Puisque l'excellence de son travail renforce toujours davantage nos attentes et puisque le réalisateur œuvre dans et par le télescopage de positions, attention à l'onde de choc !

Sabrina


 
 
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