David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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Il doit bien y avoir un trauma quelque part, une névrose mal soignée ou des complexes trop grands pour lui. Ce Canadien se retrouve en caleçon ou en slip dans chacun de ses films. Il ne parle qu’avec un langage digne des cours de récréation, à base de "bite-prout-cul". Il est pourtant marié depuis près de 10 ans, élève trois chiens, est né de respectables parents britanniques, aime le foot et le hockey· rien de plus normal.
Pourtant Mike Myers déconne à plein tube depuis 1989. Il créé une multitude de personnages grotesques, caricaturaux, drôles pour le célèbre show délirant : le Saturday Night Live. Il en devient rapidement un pilier durant 7 saisons. Certaines de ses créations deviendront célèbres, à l’instar de Linda Richman, inspirée par sa belle-mère, et invitée à un concert du Nouvel An de Barbra Streisand.
Mike Myers se dédouble, se clone, se multiplie pour se désincarner et nous faire oublier qu’il n’a pas le physique d’une star hollywoodienne. Son seul pouvoir est de faire rire, avec l’outrance, les références, la parodie, les "caca-couilles-pipi".

Et pour mieux draguer les filles, rien de tel qu’un succès en salles. Avec son acolyte Dana Carvey, ils s’immergent dans le Wayne’s World, dans le genre croisement bâtard et pas cathodique entre les Monty Python, les Nuls et un côté trash style Butthead and Beavis. Myers écrit le film, engage déjà le beau Rob Lowe te de sublimes poupées siliconées, et accentues à l’extrême son humour infantile et misogyne. Le monde de Mike, comme celui de Wayne, c’est un monde occidental, laid, commercial, sans culture, un vide géograohique qui ressemble à son Ontario natal. C’est d’ailleurs pour une chaîne locale de Toronto qu’il avait créé Wayne· Il commence à s’évader de cette zone sans âmes, par le comique troupier, dans la veine des Mel Brooks, version moderne, et avec une morale qui lui est propre, totalement absurde et pourtant pas si fausse. "Je veux dire que Led Zeppelin n’a pas fait des chansons que tout le monde aime. Ils ont laissé ça aux Bee Gees."
Ses films mixent les émissions télés les plus ringardes avec les chefs d’oeuvres populaires du cinéma. Seul le culte et les références ulta-citées l’intéressent. Il a besoin de faire le lien entre le déjà-vu (l’archi connu même) et sa manière propre de le détourner.
Il n’hésite surtout pas à jouer de l’autodérision, à se crétiniser, ou même à se ridiculiser. Même en obtenant davantage de budgets, il essaie encore et toujours d’en donner plus. Cela explique pourquoi une décennie plus tard, il continue son ascension, sans s’être égaré dans le système.
Le monde de Wayne est une approche furieuse (mais inégale) de la musique rock. Le premier opus surchauffe à 120 millions de $ de recettes aux USA. Le second , l’année suivante, ramène deux fois moins d’argent, mais l’envoie à Londres. Premier pas vers la franchise en or.

Au même moment, Myers commence à vouloir sortir de son show, et de ses rôles qu’il s’est créé. So I Married an Axe Murderer est une première tentative , et un échec au BO. Au même moment, l’étoile d’Eddie Murphy palit, et la plupart des comiques du SNL échoue en salles. Une forme de malédiction, qui touchent à cette époque Dan Aykroyd, Chevy Chase, Bill Murray, Billy Crystal, David Spade, · Ils connaîtront des fortunes diverses, mais aucun, dès le milieu des années 90, n’auront le succès d’Adam Sandler ou la popularité d’un Chris Rock. Ou le triomphe d’un Mike Myers.
2 ans après son départ du show du samedi soir, après avoir enfin quitter ses habits de lumières qui le connectaient aux Américains, Myers revient avec son propre projet, très personnel. Un James Bond moche, obsédé sexuel, pas très malin, kitchissime et vulgaire. Il croise son sang british et son sens de l’humour grunge. Une sorte de Chapeau melon et bottes de cuir, où tout serait fixer sur la taille du pénis et sa manière de conquérir des femmes pas dupes. Les mini jupes l’affolent pour un rien. Il invente un vocabulaire coloré et décalé. Le film rapporte trois fois la mise, et avec 60 millions de $, sans être un hit, devient très vite culte : les vidéos se vendent comme des petits pains. Il a encore imaginé un personnage, dans lequel il peut se glisser facilement, dans un cadre artistique cohérent. Pour s’amuser, il se multiplie en Docteur Jekill et Mister Hyde, ou disons en gentil et en méchant. Il n’est là que pour provoquer les rires.
Mais avec ces histoires de fous, de paternité, d’orgueil filial mal placé, de complexes freudiens, Myers avoue que ce Powers est un hommage à son père, fan des comiques anglais (de Sellers aux Python).
En 5 ans, il est passé de un million à trois millions de $ de cachets. Pourtant, il accepte de diminuer ses prétentions pour commencer à exploiter d’autres facettes de son talent de comédien. Entre deux Austin Powers, qui le porte au pinacle de l’excentricité, l’acteur accepte des petits rôles pour rire ou par amitié, et un film : 54. Du nom de la célèbre boîte. Le film est moyen, mais fait parler de lui, de par son sujet et son casting. Il a l’inconvénient d’enfermer Myers non pas dans un registre, mais bien dans un genre : le glamour ringard. En 99, il augmente un peu la dose et fait revivre son anti-héros aux pantalons pattes d’éléphant, le maxi Austin pour faire sauter tout ce qui bouge. Le budget double. Les grands moyens marketing sont lancés. Les recettes explosent et quadruplent en atteignant le cap des 200 millions de $. Le seul problème pour le studio est l’échec (relatif) du film à l’international. Myers reste, à l’instar de beaucoup de ses congénères du SNL, une figure proprement américaine. Là bas, en 98, il avait eu le droit à un Best of honorifique de ses méfaits télévisuels.
Son autre souci (en dehors d’un évident complexe du côté sexuel) est de se laisser doucement piéger par la saga Austin Powers et de ne pas en sortir, ce qui limite fatalement son évolution et sa carrière, même s’il démultiplie ses rôles (de Fat Bastard à Goldmember en passant par Dr.Evil). Les dollars qu’il touche accompagnent cette fabrication en série de personnages tarés.

Pour une voix de cartoon, il touche 3 millions de $, pour le troisième opus d’AP, il prend 25 millions et 21% des recettes. Super star du showbiz, comique réussi, on l’engage pour être la voix de Shrek. Meilleur cartoon de l’année. Pourtant il se fait voler la vedette par un vieux de la vieille : Eddy Murphy ! Le plus récent Powers coûte de nouveau deux fois plus cher que le précédent. Myers parvient à en faire l’un des plus gros succès de l’année. Les clins d’?il avec ses autres films permettent de faire le lien entre ce qu’il aime, ce qu’il a fait et ce qui plaît. Une formule gagnante semble-t-il.
Mais va-t-il enfin se sortir de ce costume de plus en plus collant à la peau. Myers = Powers ? L’occasion pourrait être un personnage du célèbre romancier pour enfant, le Dr Seuss (à qui on doit The Grinch, énorme carton avec Jim Carrey). Myers sera The Cat. Il s’agit de la production la plus importante qu’il porte sur ses épaules. Thanksgiving 2003 sera son heure de vérité : et là pas de sexe, pas de seins, pas de gros mots. Le flop, et Myers sera condamné à jouer Austin toute sa vie, à stimuler son imagination pour toujours nous surprendre. La gloire populaire, et toutes les portes lui seront ouvertes. Polyvalents et multi-talents, Myers sait composer, danser, jouer, faire rire. Une énergie pareille, ce serait regrettable de ne pas savoir l’utiliser.
Peut-être que le blocage psy de cet acteur c’est de devoir s’inventer de multiples personnalités parce que personne d’autre ne sait le faire mieux que lui-même. On n’est jamais si bien servis que par soi-même...

Vincy


 
 
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