David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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LA DOUBLE VIE DE MARION





Issue d'une famille de comédiens, Marion Cotillard baigne très tôt dans l'univers théâtral et monte sur les planches, tantôt pour donner la réplique à sa mère, tantôt pour jouer dans Y'a des nounours dans les placards, une pièce mise en scène par son père. Elle découvre par la même occasion les aléas du métier. "Je sais ce que c'est de manger des patates un jour, du caviar le lendemain, et encore des patates", confiait-elle. Après avoir fait quelques apparitions dans les séries TV Highlander et Extrême limite, elle obtient un petit rôle dans La belle verte et dans Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle). Sublimée par la caméra d'Arnaud Desplechin, cette magnifique brune aux yeux clairs ensorcelle, à demi-nue, un futur prêtre qui voit dans sa beauté, l'incarnation du Saint-Esprit (rien que ça !) et se livre avec elle aux plaisirs de la chair... Ce n'est que deux ans plus tard que le grand public la découvre à bord d'un Taxi, produit par Luc Besson. Même si son rôle la cantonne à faire de la figuration aux côtés de Samy Nacéri, en fiancée mignonne et court-vêtue, son charme et sa fraîcheur font d'elle le principal atout de ce film. La voisine de palier semble banale mais son talent fait mouche.
Du haut de ses presque 30 ans, Marion est audacieuse et aime le mélange des genres. Alors, bien loin des grosses productions (Taxi, 2, 3 et refusant le 4), elle se risque à jouer dans des courts-métrages et des premiers films portant sur des thèmes sensibles : l'homosexualité dans La Mouette et le handicap physique dans Du bleu jusqu'en Amérique. Puis dans Lisa de Pierre Grimblat, elle joue avec l'une des figures émergentes du cinéma français, Benoît Magimel, et l'une de ses plus grandes dames, Jeanne Moreau. Mais c'est finalement devant la caméra de Gilles Paquier-Brenner (Les jolies choses, adapté du roman éponyme de Virginie Despentes), qu'elle trouve un rôle à la mesure de son talent. Elle interprète deux soeurs jumelles que tout sépare : l'une est une chanteuse pleine de fougue, tandis que l'autre est introvertie et austère, lorsque la première se suicide, la seconde va prendre sa place et enregistrer un disque. Son interprétation, saluée par la critique, lui a valu une nomination au César du meilleur espoir féminin. La précieuse statuette lui a cependant été raflée par une sociétaire de la Comédie Française, Rachida Brakni. Du coup le temps passe, pendant que De France, Tautou, Croze s’envolent vers Hollywood.
Tour à tour réservée, séductrice et exubérante, elle incarne une fois de plus un personnage double dans Une affaire privée. En habituée des rôles qui se situent aux confins de la schizophrénie, elle livre une prestation touchante et sensible d'une jeune fille en quête d'absolu. Elle songe même à abandonner le métier, se consacrer à la musique tant elle ne se sent pas au niveau, ou en confiance. Aussi, après avoir été en proie au doute, elle a enchainé les films, les comédies et les drames. Dans Innocence, elle boîte et joue un personnage de vieille fille dans un orphelinat étrange. La comédie pétillante et romantique Jeux d'enfants est surtout transfigurée par son seul charme et sa jolie sensibilité. Mutine ou ferme, elle s'installe dans le paysage, par petites touches. Compose des rôles secondaires très forts dans des univers singuliers, entre fantastique et poétique, que ce soit chez Jeunet (Un long dimanche de fiançailles, son premier César) ou chez Burton (Big Fish). Tueuse corse ou femme idéalisée, elle ne se voit pas autrement que dans la peau d’une autre. En chanteuse de rêve dans le polar décalé Edy ou en participant au noir et mystique Mary de Ferrara. Elle aime osciller entre les atmosphères légères (Toi et moi), déjantées (Dikkenek) et dramatiques Fair Play, où elle est parfaite en manipulatrice aux airs de sainte nitouche).
Boulimique de travail elle conclue son ascension par un premier rôle dans une production (ratée) hollywoodienne, A Good year. La femme française dans toute sa splendeur, selon Ridley Scott : bonne cuisinière, féministe émancipée, sexy en diable. Elle révise ainsi son anglais et s’offre une carte de visite pour Hollywood.
Pourtant c’est un film français qui va lui ouvrir toutes les portes. Plus de quinze ans après ses débuts, à 32 ans Marion Cotillard devient une star internationale. Tête d’affiche d’un film ayant rapporté 80 millions de $ dans le monde (dont la moitié en France où il a dominé l’ensemble des films français au box office), elle obtient même un prestigieux Golden globe pour le rôle de sa vie. En incarnant Edith Piaf à toutes les étapes de sa vie d’adulte, elle transfigure La Môme (La vie en rose en version anglaise). Plus vraie que nature, surtout sur les dernières années, Cotillard livre une interprétation type Actor’s Studio. Cinq heures de maquillage, des sourcils rasés, cinq mois de tournage et un an de promotion : elle aura tout donné à cette Piaf, jsuqu’à la faire renaître dans nos mémoires. Un exploit salué même par les plus réticents au film de Dahan. Elle brille ainsi au firmament des étoiles françaises, désormais connue de tous et rivalisant avec Binoche côté outre-atlantique. Elle a de multiples talents à faire valoir, sachant danser et chanter. Mais avec ce virage triomphal, Cotillard le sait bien : elle ne sera plus la jolie fille de Taxi ou le rôle de l’ombre qui cherche la lumire. « Je n'aborderai plus jamais un rôle de la même façon Piaf m'a appris beaucoup de choses. Par rapport au travail, je pense que je prendrai encore plus de plaisir qu'auparavant parce que je sais maintenant que les personnages existent à part entière. J'aurai une manière de les faire vivre encore plus intense. »
Hiver 2008. Cotillard rime avec César, Oscar, mais aussi British Awards, Golden Globe. Firmament pour la nouvelle star. Reçue dans tous les shows américains, celle qui va tourner chez Michael Mann devient la coqueluche frenchy. La première non anglophone a gagné un Oscar depuis Sophia Loren, la première française à gagner un Oscar de la meilleure actrice depuis Simone Signoret. Un exploit. Elle a fait les choses bien. Un rôle en or, connu du monde entier, une performance comme les aime les Américains, aidée par un maquillage (oscarisé). Un hiver à faire du lobbying, se promouvoir, se mettre en avant, se faire connaître pour battre l'autre favorite, la vétéran Julie Christie. Certes, les discours semblent un peu niais. Mais la joie et le bonheur ne trompent pas. Elle croit aux anges, elle se précipite dans les bras de son partenaire de Mary, Forest Whitaker, elle chantonne Padam Padam devant la presse. Une nouvelle vie commence pour celle qui, désormais, a sa place au panthéon des comédiennes françaises...

vincy (& vanessa)


 
 
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