David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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L’IMAGINATION AU POUVOIR





«Les studios pensent que je suis perturbé, ce que je ne suis pas !» Terry Gilliam est ludice. Américain mal aimé en son pays. On le croit même anglais, comme les Monty Python. « J’ai commencé à travailler en dehors d’Hollywood, je me suis toujours senti extérieur à ce système, car, à partir du moment où je m’investis, j’essaie de ne jamais abandonner le contrôle de mon film.»

Cinéaste réputé maudit, Gilliam sadapte pourtant aux budgets qu’on lui impose. Quitte à dérailler en cours de tournage. Don Quichotte est un modèle du genre. Le film a accumulé les déboires pour finalement s’interrompre en pleine production. Pour L’imaginarium du docteur Parnassus, il a du s’adapter au décès de son acteur principal en plein milieu du film. La poisse ? Ou la folie du créateur ?

Gilliam vient de Minneapolis. La ville de Prince. Une métropole où l’on s’ennuie fermement, perdue au milieu des plaines. La pneumonie de sa sœur oblige la famille à bouger en Californie. Désormais anglais de nationalité (il a renoncé à son passeport américain en 2006, en réaction à la politique de George W. Bush), ce dessinateur-acteur-réalisateur-scénariste fut d’abord… un étudiant en sciences politiques. Il devient le rédac’ chef du magazine universitaire Fang. Il dévie rapidement vers l’illustration (pour le magazine Help) avant de trouver sa voie dans la troupe des Monty Python. Car c’est en Anleterre qu’il trouve sa femme, costumière et maquilleuse, et sa vocation. Il s’amuse avec des collages, de l’animation, débute ainsi la réalisation pour la télévision. Il passe sur le grand écran avec le culte Sacré Graal !, qu’il dirige avec Terry Jones. Ils se partagent les taches. Pour Jones, la direction des comédiens, pour Gilliam, le cadre et l’image.

Membre de plein droit du groupe, cet étranger a donné le ton visuel à leurs délires. Entre baroque et surréalisme, son style mélange les genres et les époques. Comme comédien, il hérite des rôles ingrats. Les succès s’enchaînent. De tous les Monthy, hormis peut-être John Cleese en tant qu’acteur, Gilliam est celui qui rebondira le mieux après la rupture du groupe. De trilogies en trilogies, il dessine un monde cruel, broyeur, injuste, où les élites trop rationnelles ne font que détruire le rêve. Sa caméra se focalise plutôt sur les marginaux, les sans grades, ou ceux qui affabulent, transmettent une forme de magie évasive.

La trilogie de l'imagination
Le cinéaste a son public, qui lui voue un grand culte. Il n’a jamais vraiment été populaire. Mais son nom, comme celui de Burton, s’inscrit dans un 7e Art « à la Melies ». Son premier film, Time Bandits est un joli succès. Si Brazil ne connaît pas la même réussite, son titre fait partie des films les plus connus des années 80, entre atmosphère kafkaienne et folie hallucinatoire. Les aventures du Baron Munchausen va casser sa dynamique. Enorme budget, box office « confidentiel ». C’est aussi la première fois que Gilliam, face à cet emprise de l’extravagance, va connaître un accident industriel qui va nuire, définitivement à son image de cinéaste. Cela aura un incidnet majeur en 2000 : Warner n’en voudra pas comme réalisateur du premier épisode d’Harry Potter, alors que l’écrivain J.K. Rowling en avait fait son premier choix, fan de l’œuvre du réalisateur. Gilliam trouve le film de Chris Columbus « idiot » et pense qu’il aurait été « parfait pour le job ».

La trilogie américaine
Il aborde les années 90 sans un gramme de confiance auprès d’Hollywood. Gilliam devra d’ailleurs abandonner de nombreux projets à cause de sa non fiabilité financière : Time Bandits 2, une adaptation de Dickens (trop coûteuse), l’adaptation de Watchmen
Avec Fisher King, il n’écrit pas le scénario, pour la première fois. Il débute sa trilogie américaine, celle des paumés, des rebelles, des victimes d’une civilisation formatée. Dangereux gauchiste subversif. La poésie qui se dégage de ce film ivre séduit et il connaît son premier hit grâce à une vraie distribution au delà des grandes villes. Premier du box office lors de son démarrage, Gilliam va de nouveau plaire aux studios. Cela lui permet d’enrôler Bruce Willis et Brad Pitt dans un film d’anticipation, paranoïaque et dément : 12 Monkeys. A date son plus gros succès international. Il achève sa trilogie avec Johnny Depp, Las Vegas et la came. Le film est présenté à Cannes et Gilliam réussit le tour de force de filmer les visions intoxiquées de manière à la fois réaliste et sensorielle.

La trilogie des mythes
Il revient au fantastique avec la trilogie des mythes. Celle-ci devait commencer avec Don Quichotte. Mais Jean Rochefort ne peut plus monter à cheval à cause d’une sciatique, le lieu de tournage est tout simplement condamné par la nature (des inondations) et une base aérienne à proximité. Le calvaire s’achève rapidement, et donnera un documentaire exemplaire, Lost in La Mancha. Il ne reprendra le projet que dix ans plus tard.
Finalement il retrouve l’inspiration avec Les frères Grimm. Mais l’expérience avec les frères Weinstein se passe mal et le montage final ne lui convient pas. Le film, assez insipide, parvient, malgré tout à être rentable, de justesse. Il croise pour la première fois Heath Ledger. Gilliam est plus fidèle qu’on ne le pense : Robin Williams, Christopher Plummer, Jeff Bridges, Jonathan Pryce, Jim Boradbent, Ian Holm, Johnny Depp ont tous tourné plus d’une fois avec lui.
Tideland passe inaperçu malgré la beauté du drame. Il met quatre ans à revenir et conclu son troisième triptyque par un projet fou : L’imaginarium du docteur Parnassus, mélange de réalité sordide mais enchanteresse et de fantaisie périlleuse et merveilleuse. Le suicide d’Heath Ledger, son acteur principal, va lui compliquer le tournage mais Depp, Jude Law et Colin Firth vont devenir des incarnations de Ledger pour tourner les scènes manquantes. Le film est une fois de plus présenté à Cannes.

Car, paradoxe ?, le (pas si) maudit Gilliam n’a jamais été méprisé par ses pairs. Brazil, Munchausen, Fisher King, Twelve Monkeys ont tous eu des citations aux Oscars. Venise lui a décerné un Lion d’argent pour Fisher King, qui avait aussi gagné le prix du public à Toronto.

Mais il est d’un ancien monde, ou d’un autre monde, où la philosophie et la littérature n’étaient pas méprisés. Le prince du bizarre, idéaliste et romantique, est considéré comme l’un des plus grands visionnaires du 7e art, un successeur de Fellini. Surnommé Capitaine Chaos, Terry Gilliam, anticonformiste, est comme Don Quichotte : il se bat contre des moulins et rêve de châteaux en Espagne. Chevalier maladroit, entre farce et foi, avec panache, il nous fait croire, encore et toujours que le cinéma est un art et pas une industrie.

vincy


 
 
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