Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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I, Robot


USA / 2003

28.07.04
 



SONNY EST CHER





« - Tu est un chat, je suis Noir et je ne veux plus souffrir »

Existe-t-il dans ce triste monde, plus pernicieux encore que la bombe H, les OGM, les cerises sans gâteaux, le camembert Président allégé et les Bleus sans Zizou ? A en croire Alex Proyas, tout ceci n’est rien en comparaison du sort réservé à l’Homme par d'ignobles boîtes de conserves robotisées et mal embouchées. Trop accrocs à leur nouveau joujou, comme la ménagère de moins de 50 ans à Jean-Pierre Pernault, les humains vaquent à leurs petites occupations sans jamais prendre gare aux gnomes métallisés qui envahissent les villes modernes. Parce que trop classe, trop puissant et pas assez couillon pour tomber dans un guêpier aussi prévisible, Will Smith redouble d’efforts virils pour botter du bout de ses "Converse" modèle 2004, l’arrière train généreux de "nos ennemis les robots". Ne manquent à tout cela que les moments de bravoure obligatoires (sans moto, le héros n’est rien), la belle héroïne crédule et le rebondissement plus ou moins inattendu qui font de I, Robot, l’un des blockbuster habituels de l’été.

Dans I, Robot, le mastodonte hollywoodien écrabouille tout sur son passage, y compris un script original qui méritait sans aucun doute meilleur traitement. L’opposition entre des humains cloisonnés dans une société de consommation avilissante et des robots aussi perfectionnés que dominateurs, ne dépasse jamais le stade de la simple représentation. Pire encore, la rébellion des machines contre leurs dominateurs ressemble une stupide guéguerre improvisée. Aussitôt lancée, aussitôt mâtée. La filiation à Isaac Asimov laissait entrevoir une approche quasi métaphorique de la veine provocatrice et visionnaire du pape de la littérature SF : la découverte par des robots façonnés par l’Homme, des "bienfaits" des instincts meurtriers et primitifs au service d’une politique génocidaire (le remplacement et la destruction des NS-4 par leurs héritiers). Les hangars glauques et abandonnés des faubourgs de Chicago où s’entassent les robots de seconde catégorie, pouvaient difficilement ne pas rappeler certains camps d’internement et de mort tristement célèbres. Une manière comme une autre de concilier spectacle et réflexion sans pour autant nuire au caractère divertissant du film. Proyas et ses scénaristes, n’y attachent aucune importance et le No man’s land n’est qu’un prétexte pour admirer l’aisance athlétique du héros. Plus occupé à jouer des effets spéciaux top modernes, Alex Proyas paraît incapable de renouer avec le génie visuel qui illuminait The Crow et Dark City – certaines séquences restent néanmoins assez spectaculaires.

En dépit de ses biscottos XXL (où est donc passé le gringalet du Prince de Bel Air ?), Will Smith paraît comme étouffé par une production lassante qui repose entièrement sur son nom. Un comble pour l’une des stars les plus sympathiques et les plus talentueuses (voire les mieux payées) de Hollywood, et qui se fait sans cesse piquer la vedette par le robot Sonny, plus expressif et infiniment plus crédible que bon nombre des interprètes (même technique que celle utilisée pour Gollum). Les fans les plus courageux de l’acteur se consoleront sûrement avec la coolatitude communicative de l’acteur. Et considéreront au final, I, Robot, ni meilleur ni plus mauvais qu’Independence Day ou Bad Boys II. Les aficionados de SF eux, chasseront leurs mauvais démons en s’évadant une fois encore avec les écrits de Philip K. Dick et Herbert George Wells. Sans omettre de jeter un œil inquiet mais avisé à leur grille-pain dernier cri.
 
jean-françois

 
 
 
 

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