Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Paramount  



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Mission : Impossible


USA / 1996

23.10.96
 





Le livre Bye Bye Bahia


IMPOSSIBLE N'EST PAS HOLLYWOODIEN

"Si vous voulez faire un pacte avec le diable, ça me convient. Je veux juste être sûr que vous le fassiez en enfer."

Cette machine taillée pour Tom Cruise comporte de nombreux défauts de cuirasse, mais culmine par quelques scènes "impossibles".
Tout ce que devait faire M:I était de ne pas être auto-destructible. Mission? accomplie. Mais doit-on s'enflammer? Pas vraiment, même si ce premier essai de Tom Cruise-producteur a juste assez d'effets High Tech, de stars et de savoir-faire (De Palma sait créer une tension avec une scène banale) pour devenir l'un des films majeurs de la saison.
Le film a mimé de nombreux aspects de la série télévisée: le thème musical obsédant (et génial de Lalo Shiffrin), la phrase mythique ("Votre mission, si vous l'acceptez..."), mais aussi son manque de passion, d'humour et même d'amusement. Le fun est même macabre avec ce cluedo mortel où la première équipe se fait trucider comme des bleus.
Ce démarrage énigmatique, dans les brouillards de Prague, marque un hommage au film noir comme le Troisième Homme. Il atteint alors un premier sommet : l'explosion de l'aquarium, sensationnel, au sens propre du terme. C'est d'ailleurs sans doute cette surenchère dans la dose de TNT qui rend M:I un rien lassant. Il manque de psychologie retors. D'intellect même. Il y a le bon, la brute, le truand. Et la femme femme fatale. On attend donc le pic du deuxième acte : la scène clé, davantage hitchcockienne, pas loin d'un plagiat à Kubrick (2001, L'odyssée de l'espace), où Cruise est suspendu dans un silence électronique, au milieu d'une toile. Araignée qui tend son fil ou homme au coeur du Réseau des réseaux. Le web comme arrière plan, déjà. Il y a d'autres scènes mémorables, même aucune n'atteignent cette grâce, cette ingéniosité. Ce stress.
Prétexte à l'avancée de la mission, le film s'embourbe dans des explications fumeuses pour justifier la soi disante complexité du produit. Que nenni. Les acteurs, Béart, Rhames, Réno, n'ont rien à se reprocher. Cruise n'a juste pas la carrure (ses épaules semblent si frêles dans les grands fauteuils du train), et ne fait passer aucune émotion, rendant M:I assez froid. Rien ne nous rappelle les regrets, les remords, la tristesse d'avoir perdu son équipe. seul la vengeance règne, et avec lui un esprit de détermination relativement déshumanisé. De Palma réalise finalement l'un des premiers films destinés à être un jeu vidéo dans une société déjà cyber.
Le final du film à bord de l'Eurostar apporte une excitation absente du reste du film. Et là en effet tout devient invraisemblable, impossible. C'est aussi à ce moment que l'identité du "vilain" est révélée: un peu tard peut-être, un peu tordu. Ce qui frustre l'audience : il manque un mêchant à la Alan Rickman. On y croirait presque avec cette admirable "voleuse de scène", Vanessa Redgrave, menthe religieuse, vampire par les yeux, chargée de remplir ce vide, en dernière minute : elle avait la force d'affronter le héros. Le problême pour l'acteur-producteur est qu'elle aurait gagné. Alors il l'a minimisée au montage, le spectateur y perdant au passage. À la place on a le droit à une poursuite techniquement peu plausible, un vague combat du cowboy contre les renégats. C'est assez binaire, juste là pour exciter l'adrénaline. De Palma se dilue dans un épilogue trop hollywoodien pour être honnête.
Pas question de faire dans la chimie, dans le charme. M:I est un thriller d'espionnage, franc, simple, efficace, parfois palpitant. Mais peut être que les espions ne sont plus aussi excitants depuis la fin de la guerre froide. Et que les héros ne fument plus, ne boivent plus, ne baisent plus. C'est le début du techno-thriller, où les puces et les circuits électroniques deviennent les pièges modernes pour traquer les méchants, invisibles financiers, aux multiples passeports. Mondialisation du crime. Cruise va nous jouer les James Bond en série après le succès annoncé, et pas immérité, de celui-ci.
 
vincy

 
 
 
 

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