Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mon chien stupide


France / 2019

30.10.2019
 



ILS SEPARERENT ET EURENT BEAUCOUP DE TOURMENTS





«Son secret de beauté ? Un verre de vin blanc et un antidépresseur pour chaque jour de mariage supplémentaire.»

En transposant un roman américain des années 1980, qui se déroulait dans la Californie des années 1960, dans le Pays Basque actuel, Yvan Attal réussit à démontrer l’universalité de l’histoire imaginée par l’écrivain John Fante. Attal a dû s’y lire comme dans un miroir. La crise de la cinquantaine, un peu aigrie, pas mal bougonne, limite désabusée. Il se sent sur le déclin avec une femme pas très heureuse et assez frustrée, quatre enfants ingrats et cons. Des boulets qui l’empêchent, selon lui, de retrouver son génie littéraire, dont la dernière flamme remonte à trois décennies.

«Je paye ton herbe et tes capotes.»

Comédie aussi féroce que grinçante sur la famille, à l’humour parfois très noir, Mon chien stupide est le portrait d’un idéaliste romantique devenu grincheux look détective Columbo. Grâce à un chien, il va « éliminer » un à un ses poids (sans mesure), retrouver sa légèreté en assumant la franchise de ses propos, reprendre le goût d’écrire. Car c’est comme dans un Agatha Christie, sans les meurtres : à chaque départ du foyer familial, le patriarche crie victoire, certain de ne jamais être suspecté du crime de lèse-parenté.

«Je ne bois pas, je me saoule.»

Après le succès de l’efficace Brio, qui succédait à deux flops (Do Not Disturb et Ils sont partout), Yvan Attal – réalisateur retrouve la verve de ses deux premiers films autofictionnels, Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. De fait, avec sa compagne Charlotte Gainsbourg, et leur fils Ben dans le rôle de l’une des progénitures, il renoue avec cette mise en abime qui transpose leurs liens réels dans une histoire qui n’a rien à voir avec leur réalité.

«Les amoureux ne s’attendent plus à la gare. Y a Uber.»

Cette confusion entretient le plaisir à voir ce couple se déchirer et cette famille se désagréger, tout ça à cause d’un gros chien bête et puant, en plus d’être nympho (tendance gay). C’est borderline, assez jouissif, mais jamais excessif. On reste dans une tonalité réaliste, dans une comédie de mœurs contemporaine. Il n’y a rien d’original dans les relations entre les uns et les autres : ce sont les événements déclenchés par la présence du chien qui produisent le léger style burlesque de certaines scènes.

«T’es paresseux, arrogant, égocentrique, et un gros connard à tous les niveaux.»

Attal est assez doué pour ce genre de comédies, où il ne s’épargne jamais. Au prix à payer pour les enfants, il réplique que les parents les ont assumés à un coût élevé. Cette déclinaison de Tanguy est surtout l’occasion pour lui, pour la première fois, de représenter le fossé générationnel qui le sépare des jeunes, assumant d’ailleurs son côté un peu réac (« Paris, c’était mieux avant », tout en rêvant d’une Rome fantasmée).

Car davantage qu’un simple portrait de famille, Attal dessine le tableau d’un monde qui disparaît. Il vit dans une certaine nostalgie, assumant sa médiocrité, ses échecs, et se réconforte dans sa voiture de collection comme signe extérieur de bien-être, la littérature classique, le souvenirs des bas filés, le politiquement incorrect …

«Il a un glaive de la taille d’un bras. Il est 100% pédé.»

Mais la vraie réussite de Mon chien stupide est de nous faire aimer chacun des personnages, malgré leurs défauts, ou plutôt grâce à eux. Certes, le couple est charmeur et sympathique. Mais leurs personnages ne suscitent pas, sur le papier, un fort élan d’empathie. Or, c’est ce qui se produit : on les comprend et on accepte leurs égos et leurs arguments.

On n’est pas loin de Carnage dans cette maison « polanskienne », théâtre du massacre familial. Ce qui le sauve du cynisme, c’est l’amour pour sa femme. Ce film est clairement un hymne à l’amour pour Charlotte, irremplaçable à ses yeux.
 
vincy

 
 
 
 

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