Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Shaun le mouton le film : la ferme contre-attaque ( A Shaun the Sheep Movie: Farmageddon)


/ 2019

16.10.2019
 



SPACE SHEEP





Quatre ans après le premier volet de ses aventures cinématographiques, Shaun le mouton est de retour sur grand écran avec un hommage parodique au space opera. Le personnage, apparu pour la première fois dans un épisode de Wallace et Gromit (Rasé de près en 1995), puis héros de sa propre série dans les années 2000, fait une nouvelle fois le bonheur des petits (sa cible officielle) et des plus grands, pour lesquels ont été pensées les nombreuses références qui jalonnent cette intrigue particulièrement irrésistible.

Après avoir quitté momentanément sa ferme natale pour découvrir les joies et les dangers de la “grande ville”, notre mouton favori se retrouve donc embarqué jusque dans l’espace par une petite créature extra-terrestre adorable, Lu-La, aux jolies teintes mauves et roses, et surtout aux impressionnants pouvoirs magiques. Nouveauté dans la franchise, Shaun a trouvé plus doué que lui dans le déclenchement de catastrophes en chaîne, Lu-La ayant le chic pour semer la pagaille partout où elle passe. Ce qui permet aux scénaristes de laisser libre cours à leur fantaisie la plus débridée, débouchant sur un long métrage survitaminé et quasiment sans temps mort, qui multiplie les gags et les clins d’oeil et fourmille de détails hilarants.

On adore notamment l’une des séquences d’ouverture, dans laquelle chaque invention de Shaun et de ses amis donne lieu à une riposte du chien chargé de les garder, Bitzer, sous forme de panneaux d’interdiction savoureusement décalés. Autre moment d’anthologie, la scène du supermarché, qui voit se succéder une suite ininterrompue de gaffes et de maladresses aux conséquences plus drôles les unes que les autres. Dans le récit, cette scène est presque accessoire, ne faisant pas réellement avancer l’intrigue. Mais elle est représentative de l’état d’esprit des studios Aardman qui prennent le temps d’emprunter les chemins de traverse si cela permet d’enrichir la narration et de sortir le film d’un schéma trop mécanique.

L’agence gouvernementale qui poursuit Lu-La est également prétexte à une multitude de gags annexes, parfois seulement visibles au second plan, pour le spectateur attentif. Le “méchant” de service, qui est en l'occurrence une méchante, est par exemple plus complexe que l’infâme employée de la fourrière du film précédent. Parce qu’elle a un passé, et des motivations définies, elle nous apparaît moins monolithique et plus intéressante dans ses tentatives de mettre la main sur la petite extra-terrestre. Ses acolytes, silhouettes anonymes uniformément dissimulées sous des combinaisons intégrales jaunes, sont eux aussi une source inépuisable de situations cocasses. Ce sens du détail, poussé ici à son paroxysme, est probablement la cause principale du succès de Shaun, et des productions Aardman en général, auprès d’un large public.

On peut aussi souligner la virtuosité d’une mise en scène qui ne s’interdit aucun effet, aussi compliqué à mettre en oeuvre soit-il, et la volonté de réaliser un film qui s’inscrive dans un genre cinématographique spécifique et donc directement dans l’Histoire du cinéma. Shaun le mouton : la ferme contre-attaque emprunte ainsi les codes des films de rencontres extra-terrestres, et ne se prive pas pour citer les plus célèbres d’entre eux, à l’image de 2001 Odyssée de l’espace, Rencontres du 3e type ou le plus évident, E.T. En plus d’apporter un second niveau de lecture destiné aux parents cinéphiles qui accompagnent leurs enfants en salle, ce qui n’est jamais superflu, Aardman réaffirme de cette manière la nécessité de traiter ce type de film (c’est-à-dire d’animation, de divertissement, et pensé pour le jeune public) comme exactement n’importe quelle autre oeuvre de cinéma, c'est-à-dire le plus intelligemment possible et sans mièvrerie.
 
MpM

 
 
 
 

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