Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Lutte des classes


France /

03.04.2019
 



"C’est parce que Sofia t’a largué que t’es passé du côté obscur ?"





L’ECOLE POUR TOUS

Avec son nouveau film, Michel Leclerc poursuit son étude sociologique d’une gauche embourgeoisée et pourtant si attachée à ses valeurs républicaines. Le résultat est parfois confus mais anormalement comique. Explications.

L’éducation avant tout

Sofia et Paul quittent leur appartement parisien pour une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocat d’origine maghrébine, a grandi dans une cité proche quand lui, batteur punk-rock blanc et rebelle dans l’âme, cultive son manque d’ambition. Ils veulent le meilleur pour le fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque les meilleurs amis de Corentin quittent le public pour intégrer l’institution catholique (et privée) Saint Benoît, Sofia et Paul se retrouvent pris en étau entre leurs valeurs républicaines et leurs inquiétudes parentales. Corentin survivra-t-il à cette lutte des classes qui se joue bien au-dessus de lui ?

Comme son titre et son pitch l’indiquent, La Lutte des classes est un film social aux accents particulièrement français. Ca se dispute dans des logements faussement modestes, ça veut révolutionner le monde à coup de slogans gauchistes et ça se remet en question après quelques verres de rouge en trop. Tout ce que l’on aime dans le cinéma de Michel Leclerc mais également tout ce que l’on apprécie guère dans les comédies de mi-saison.

Entre deux scènes complètement WTF (on pense notamment au sauvetage du directeur Bensallah campé par Ramzy Bedia), La Lutte des classes pose tout de même les questions qui fâchent. Plutôt public ou privé pour l’éducation de nos enfants ? La diversité, oui mais à quel prix ? Se rebeller ou tenter de s’intégrer ? Tant de questions que les enfants ne se posent pas mais qui taraudent sans cesse des parents en quête d’équilibre social et d’épanouissement pour leur progéniture. Comédie malgré ses airs de drame familial, La Lutte des classes peut sembler bancal en raison de maladresses dans l’écriture. Par moments, des fautes de goût poussent même le spectateur à se demander où est passé le génie du réalisateur de Télé gaucho.

Un projet quasi autobiographique

Là où Télé gaucho peinait à utiliser pleinement tous ses ressorts dramatiques, La Lutte des classes s’en sort à merveille. Et cela, notamment parce que le film ne fait pas que raconter les péripéties du seul enfant blanc d’une école de banlieue mais s’intéresse avec sérieux aux conséquences que des désaccords sur l’éducation peuvent avoir dans un couple. Plus encore, il est ici question des idéaux bousculés d’un pan de la société que l’on a trop souvent tendance à critiquer.

Et pour camper son couple star, Michel Leclerc a eu la bonne idée de caster deux acteurs au talent certain et à la popularité incontestable. Ainsi, Leïla Bekhti donne vie à cette mère de famille qui s’accroche à ses principes quand, à ses côtés, Edouard Baer incarne un anarchiste têtu plus vrai que nature. Ensemble, ils composent un duo qui, on le jurerait, est une simple allégorie du couple que Michel Leclerc forme avec sa femme scénariste Baya Kasmi.

Des désaccords sur la notion de mixité sociale en passant par le sentiment d’outsider du Blanc dominant, Michel Leclerc se fait ici plaisir, quitte à perdre quelques spectateurs en cours de route. Mais l’idée est là et à l’instar de Les Grand esprits, La Lutte des classes réussit à faire rire avec un thème qui divise. Sa réalisation est sobre, parfois mécanique mais pas assez pour qu’on le lui reproche. Car c’est avant tout sur le plan artistique (photographie et musique en particulier) que le bât blesse.

Loin d’être exempt de défaut, La Lutte des classes vaut le détour pour son casting principal qui, il faut bien l’admettre, est à mourir de rire. Mention spéciale au jeune Tom Levy (Corentin). Particulièrement crédibles, Leïla Bekhti et Edouard Baer s’imposent comme un duo mélo-dramatique réutilisable à souhait. Sincère et parfois maladroit, La Lutte des classes fait mouche.
 
wyzman

 
 
 
 

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