Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Fleuve noir


France / 2018

18.07.2018
 



ACCIDENT(S) DOMESTIQUE(S)





« Mais je fais quoi dans ce merdier!?»

10 ans après son dernier long métrage, Julia, Erick Zonca revient avec un polar entre Pigalle et banlieue, empruntant ainsi tous les codes du genre. Avec cette histoire d’ado disparu, anéantissant une famille, Fleuve noir se laisse couler doucement vers son aboutissement : une énigme résolue dont la vérité ne sera pas celle de la justice.

Comme dans tous ses films, Zonca prend un soin particulier à faire « jouer » ses acteurs. Il aime les monstres charismatiques. Mais ici sa direction semble inégale, déséquilibrant certaines scènes ou des pans de l’intrigue.

Expliquons. Vincent Cassel, dès son premier plan, prend en main son personnage, qui cumule tous les clichés (alcoolo, cheveux gras, imper par tous les temps, politiquement incorrect, manquant de tact, vieilli, méthodes peu catholiques…). Pourtant il s’en sort plutôt bien (il a repris le rôle à Depardieu, hospitalisé, au pied levé au début du tournage, d’où une certaine « similitude » entre les deux comédiens): faillible, impulsif, il multiplie les erreurs de manière inconsciente et se retrouve piégé par ses fautes.

A l’inverse, Romain Duris est peu crédible en suspect n°1, malgré un jeu précis et étudié. Trop sans doute. Parce qu’il surjoue l’ambiguïté, on flaire la piste trop facile. De même Hafsia Harzi ou Elodie Bouchez héritent de personnages impossibles à faire exister, trop mal écrits pour faire face aux vieux lions.

C’est finalement Sandrine Kiberlain qui arrive à trouver le plus subtil équilibre avec son personnage de mère dévastée, épuisée, et paumée. Et c’est elle, qui, vers l’épilogue, donne du relief à cette histoire finalement très « couillue ». Zonca, on le sait, n’est jamais aussi bon cinéaste que lorsqu’il a des femmes à la fois fortes et vulnérables face à sa caméra. C’est encore le cas ici.

Parents terribles

Pour le reste, l’intrigue reste banale. La mise en scène très classique. Sous ses apparences de film noir, il s’agit avant tout d’une étude anthropologique de la parentalité moderne. Et c’est peu de le dire que tous les parents ont l’air dépassé, et passablement médiocres ici.

En prenant son temps pour décrire chacun des protagonistes, le réalisateur prend aussi le risque de diluer la tension attendue pour un polar. Finalement la psychologie humaine l’emporte sur l’enquête. Ce qui n’est pas inintéressant en soi mais qui peut s’avérer décevant ou long.

D’autant qu’entre un déchet humain incarné par le flic et une élite hautaine représentée par le prof, on ne peut pas dire que l’empathie nous gagne. Le contraste entre les deux est trop marqué pour faire dans la nuance. La surdose de déjà vu n’arrange rien.

Reste cette impression pas si négative de voir un film soigné et sans trop de bavures. On regrette que le scénario se perde à plusieurs moments, non pas dans des fausses pistes, mais bien dans les égarements de ce flic, qui, à l’époque #metoo, semble déjà obsolète.

Les refoulements de chacun, car il s’agit bien de ça ici, de frustrations et de pulsions, de sexe et d’hypocrisie, sert de pilier à un monde qui s’effondre. Un monde ancien où les ratés n’ont plus aucune chance de s’en sortir.

Malsain, ce Fleuve noir s'avère malgré tout, étrangement, assez lisse et grand public, jamais vraiment perturbant malgré la pourriture humaine qui ressurgit au fil de l’histoire.
 
vincy

 
 
 
 

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