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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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3 jours à Quiberon (3 Tage in Quiberon)
Allemagne / 2018
06.06.2018
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MON FILS, MA BATAILLE
« Je ne suis pas Sissi.»
Emily Atef nous propose un étrange séjour : un voyage dans un temps lointain, dans une région plutôt proche et familière. Les années 1970, celles où on fumait dans les restaurants, en Bretagne. L’objet de désir cinématographique est aussi le sujet : une star allemande, scandaleuse dans son pays d’origine, adulée dans sa patrie artistique d’adoption, la France. Et c’est ce qui est le plus troublant.
Non pas le récit trop évanescent pour nous emporter dans cette mise en abimes. Non pas ce qui s’y raconte, tellement déjà vu. Mais bien l’actrice qui incarne la star. Marie Baümer, sans prothèses, ni effets, ressemble réellement à Romy Schneider. C’en est perturbant. D’autant que la comédienne imite parfaitement la voix et la gestuelle, de celle qu’elle « joue ».
Mais hormis cette fascination qui s’empare de nous, le film, plutôt intriguant dans sa première moitié, s’enlise rapidement dans le sable, au point de ne plus rien avoir à nous dire.
Le talent de l’actrice, la belle image en noir et blanc, les quelques scènes un peu vivaces qui ponctuent un temps qui s’étiole au fil des heures qui passent ne suffisent pas à lui faire dépasser le statut de film charmant et charmeur.
En filmant une grande comédienne au bord du gouffre, Emily Atef suit les pas de nombreux cinéastes (Opening Night, A Star is Born, Map to the Stars, pour n’en citer que quelques uns) sans vouloir s’en distinguer.
Au bout de sa vie, entre médocs, alcools, manque de sommeil, doutes existentiels, Romy Schneider est dévoilée ici comme une gloire brisée, incomprise. Une sainte ou une pute selon les avis. Ici, une femme vulnérable avant tout. Trois jours à Quiberon, entre légèreté éphémère et tragédie durable, la dévoileront dépressive et lunatique. Une passante pleine de soucis.
Entre sa carrière, ses enfants, son image : rien ne nous ait épargné. Mais la réalisatrice la rend avant tout aussi chaleureuse que perdue, sans filtre. C’est un éclairage fictif, mais cela reste une mise en lumière sur une zone d’ombre qui plane sur le 7e art depuis sa création : jusqu’où ce mirage détruit-il les êtres qui s’y expose trop, à l’instar d’Icare flirtant avec le soleil.
A se focaliser sur «cette « prisonnière » sans repères, la cinéaste oublie qu’elle a une histoire à raconter. Que ses personnages secondaires s’avèrent plus riches et parfois plus intéressants. Que le centre de l’attention ne suffit pas à se concentrer quand il y a des éléments autour. Le scénario mal maîtrisé empêche finalement de lever complètement le voile sur le personnage, qui devient un hologramme au milieu de gens ordinaires mais plus réels. vincy
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