Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Cakemaker


Israël / 2017

06.06.2018
 



LES DÉLICES DE JÉRUSALEM





« Il rapporte des cookies, un peu comme ceux que tu fais. »

Une femme qui apprend que son mari a une relation avec un homme, c’est plus courant qu’on ne le croit, y compris au cinéma. The Cakemaker se distingue par sa douceur dans la manière de raconter ce qui a tout d’un drame intime. L’histoire est très proche de celle du film italo-turc de Ferzan Ozpetek Tableau de famille : le mari infidèle et bisexuel meurt dans un accident, l’amant et l’épouse, qui ne se connaissent pas, vont se rencontrer…

Le premier long métrage d’Ofir Raul Graizer évite tout pathos et dramatisation inutile. En abordant ce qui aurait pu être une tragédie sans créer de conflit ouvert, il apporte une joliesse et une sensibilité à une histoire avant tout intime. Plutôt que de nous emmener vers une dualité entre la femme et le boulanger, il préfère explorer les méandres d’un deuil qui anéantit leur goût de la vie.

Sensible, cette entrée dans un monde de solitude est sobrement mise en place, la simplicité n’empêchant pas la complexité des émotions et la contemplation des sensations. En malaxant sa pâte, avec ce qu’il faut de poudre farineuse pour la rendre plus légère, faite de religion, d’amour, de famille, de relations humaines et de pâtisseries, le cinéaste prend en main toutes les nourritures, terrestres et spirituelles pour en faire un hymne à la vie.

On ressent alors une immense empathie, pour ne pas dire une compassion, pour ces deux esseulés pleurant le même homme. Sans dévoiler l’évolution de leur relation, qui s’alimente de fétichisme, d’une certaine perversité, de souffrance et de mélancolie par petites doses, la beauté de The Cakemaker est de jouer sur les deux histoires en parallèles (jusqu’à se faire écho dans certains plans) et de rendre le parcours individuel et pourtant si fusionnel relativement imprévisible.

La femme et le boulanger

On se laisse ainsi emporter par ce mélodrame sans fracas. Sans doute aussi parce que les deux personnages principaux sont très bien écrits. Sarah Adler compose avec justesse une mère veuve et patronne, laïque et patronne, perdue entre la dureté et la religiosité de son frère et la suavité et la tendresse de ce boulanger berlinois dont elle ignore le lien invisible qui la relie à lui. Tim Kalkhof, avec un jeu tout en creux, ne sort jamais de son personnage généreux et triste, un peu paumé et si affectueux.

Ofir Raul Graizer en profite pour régler son compte aux conventions, au conformisme et à la morale. Inévitablement, la vérité, que semble connaître la mère du défunt (superbe personnage mutique), sera révélée d’une manière ou d’une autre. Logique psychologiquement, l’avancée du récit mène à une inconnue : quelle sera la réaction de l’épouse bafouée ?

The Cakemaker est avant tout humaniste. Peu importe les différences, peu importe les jugements, l’amour amène le pardon. En diluant la tension, au profit des impressions, le cinéaste opte pour un film qui voile les excès et dévoile les contractions intérieures. Celles qu’on n’affiche pas mais qui nous trahissent par de petits détails. La construction de l’histoire et de la relation improbable entre les deux « veufs » paraît l’emporter sur une mise en scène en apparence simple. Mais parvenir à nous bousculer émotionnellement sans nous manipuler est tout un art…

Car c’est tout le mystère qui les entoure qui nous fascine et la déchirure qui les scinde qui nous touche. Comme un bon gâteau, il y a une sensation de bien être et de plénitude qui se dégage de The Cakemakerer.
 
vincy

 
 
 
 

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