Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Opération Beyrouth (Beirut)


USA / 2018

30.05.2018
 



CAPHARNAÜM





« Vous avez raté une sacrée guerre civile ! »

Il ne fallait peut-être pas s’attendre à un miracle de la part de Brad Anderson, plus faiseur qu’auteur. Bon technicien, il dispose là, pourtant, d’un scénario de Tony Gilroy (Jason Bourne, Jeux de pouvoir, Rogue One), passé maître dans le thriller psychologique et politique. Opération Beyrouth était un sujet idéal pour lui. On voit d’ailleurs l’influence de Bourne sur la mise en scène, Anderson cherchant à plagier Paul Greengrass dans la manière de filmer et de monter ce jeu à tiroirs, où chacun est le traître de l’autre.

Mais au final, malgré un pitch prometteur, Opération Beyrouth est rapidement sur un faux plat, qui s’étirera jusqu’à la fin. Assez brouillon dans sa mise en scène, le film ne valorise aucune séquence à suspens ou scène d’action, vites expédiées au mieux, et ne parvient pas à installer la psychologie des différents personnages, souvent stéréotypés, gravitant autour du principal, incarné par un Jon Hamm assez monocorde.

Si bien que le spectateur se laisse promener, sans déplaisir, entre des moments calmes, où le récit avance laborieusement à coups d’échanges (et de répliques un peu trop écrites pour que ça sonne juste) et des parenthèses plus tendues où l’on espère un revirement. Le rythme assez dissonant de l’ensemble n’est pas plus harmonisé par ce jeu d’échecs où Américains (pro et anti interventionnisme), Palestiniens (officiels et dissidents) et Israéliens se manipulent, dans un pays où religions et voisins foutent déjà un chaos sans nom.

Même la bonne idée de départ (un fils adopté qui devient l’ennemi) est massacrée par ce qui devient une bête rivalité entre diplomates pas naïfs et belliqueux pas subtils. Pour le reste, tout le savoir-faire des uns et des autres est là : de l’imagerie vintage à la reconstitution d’une ville minée par les conflits. Dans ce pays en ruine, la testostérone est une valeur sûre. Mais ici, on est plus proche d’Argo que de Rambo. Heureusement, il y a la présence de Rosamund Pike, assez solide pour être crédible malgré un rôle faiblement écrit, de Jon Hamm, suffisamment charismatique pour nous rendre attachant un personnage maintes fois vu, et Idir Chender, qui réussit à voler la vedette à tout le monde avec trois fois rien.

On voit bien que Tony Gilroy a été piégé par la complexité de son sujet, de l’époque et du pays. Il ne parvient pas à se détacher d’un Américanisme dominant, tout en essayant maladroitement de le critiquer. Il ne parvient pas non plus à rendre moins binaire les oppositions des uns et des autres. Trop succinct, trop confus, trop ambitieux, le scénario ne pouvait pas aider le réalisateur à faire autre chose qu’une série B constatant que la haine n’engendre que la haine, avec un peu de cynisme, une petite dose de morale, et surtout un regard sans illusion sur le format imposé. Difficile de faire un film géopolitique et d’espionnage quand on n’a pas John Le Carré comme matériau.
 
vincy

 
 
 
 

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