Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'échange des princesses (Children Royals)


France / 2017

27.12.2017
 



LES ROIS MAUDITS





«- Vous croyez qu’on pourrait tuer un enfant pour récupérer le trône ? »

L’écrivain et cinéaste Marc Dugain aime l’Histoire, comme Chantal Thomas qui a écrit L’échange des princesses il y a quatre ans, révélant ce pan méconnu de la royauté franco-espagnole.

En dévoilant l’enfance de Louis XV, il convoque les fantômes de cette généalogie. Le jeune monarque arrive sur le trône alors que tous les héritiers ont été décimés. La mort rode. Elle hantera tout le film, pesant sur l’existence de chacun. Tous craignent de n’être qu’éphémères et balayés par une grippe ou une épidémie. La mort fauche enfants, ados, adultes, régnants comme courtisans.

Filmé comme une succession de tableaux de l’époque, L’échange des Princesses affiche un esthétisme classique qui ne manque pas de classe, grâce au soin apporté à la lumière, aux costumes et aux décors. Mais il n’a rien de classique.

Car au-delà du rapport à l’éternité d’un Roi qui n’est rien d’autre qu’un humain mortel, Marc Dugain explore aussi les coulisses du pouvoir. Le poids qui écrase de si jeunes monarques, privés d’enfance, mais dotés de pouvoirs immenses. Manipulations, paranoïas, manigances, complots : ce « West Wing » versaillais (et madrilène) démontre les turpitudes des adultes accrochés au pouvoir et les flatteries des favoris.

Marc Dugain mélange habilement l’apprentissage de la politique par le jeune Louis XV et ses attentes affectives en tant qu’enfant. Cette bipolarité perturbante s’accentue en montrant des aspects de l’Histoire souvent oubliés ou pire, cachés : homosexualité, masturbation interdite, mariage arrangé, importance des précepteurs et nourrices, omniprésence de la religion. Plutôt que de se focaliser sur l’enjeu même de cet échange de princesses pour unir les royaumes de France et d’Espagne, il se concentre sur l’impossibilité de rester innocent même en étant enfant.

Surcouche de vernis

Prisonniers en leurs Palais, Rois et Princes sont des marionnettes d’un théâtre d’ombres où chacun joue son rôle. Le film est d’ailleurs assez alourdit par cette théâtralité. Les séquences manquent d’un enchaînement fluide qui créerait une dramatisation. Le beau livre d’images aux belles réflexions s’avère trop lisse pour nous toucher ou nous fasciner.

Il faut dire que les sentiments n’ont jamais leur place ici. Il y a une certaine froideur qui envahit tous les rapports humains, soumis à Dieu ou à la Couronne. Il faut toute la chaleur de Catherine Mouchet, le charisme d’Andrea Ferreol et le magnétisme des deux jeunes couples royaux français et espagnols pour amener un peu de normalité.

Broyés par leur statut, écrasé par les convenances, les années filent, entrecoupées de cartons noirs agaçants plutôt que d’ellipses, et la désobéissance royale se conjugue avec l’émancipation. On peut croire que les enfants s’en sortiront. Cet épisode de feuilleton mène finalement dans le brouillard : l’échec de l’échange est prémonitoire du déclin de ces deux empires monarchiques. Ces rites faisandés sont bien d’un autre temps. Pourtant, on pourrait y voir une métaphore de l’enfant-roi avec cet enfant Roi, idéalisé et déifié, qui ne peut qu’affronter la brume incertaine de son futur une fois seul face à son avenir. Cet échange était une (belle) illusion qui s’achève en fait sur une série de désillusions.
 
vincy

 
 
 
 

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