Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pour le réconfort


France / 2017

25.10.2017
 



NOUS N'AVONS VRAIMENT PAS LES MÊMES VALEURS





Curieux personnage que ce Vincent Macaigne, entre le Vincent faussement embarrassé qui essaye de réussir son coup (Un monde sans femme, 2 automnes 3 hivers, Une histoire américaine…) et ce Macaigne vraiment dépressif qui s’incruste partout (La bataille de Solférino, Les deux amis, La loi de la jungle…). En quelques années il est parvenu à infuser sa présence dans les films d’une nouvelle génération de cinéastes, une sorte de nouvelle Nouvelle Vague, où l'image compte moins que l'intention, le jeu doit être le plus naturaliste possible. Autour de lui les autres doivent composer entre apitoiement ou énervement, car il occupe le cadre non seulement avec son physique hirsute mais surtout avec sa voix dont le débit rapide fait de lui le centre d’attention. En fait Vincent Macaigne est d’abord un homme de théâtre qui aime rien de moins que de faire se bousculer des mots, faire s’entrechoquer des phrases et crier du texte.

Vous avez tout eu sur un plateau en or, nous on a tout fait de nos mains.

Après s’être inspiré de Hamlet de Shakespeare ou de L’Idiot de Dostoïevski pour ses créations théâtrales, c’est ici le texte de La Ceriseraie de Tchekhov qui est très librement transposée dans le contexte d’une province française aujourd’hui. La pièce de théâtre suit un frère et sa sœur, issus de la noblesse, qui veulent vendre une ceriseraie héritée de leur famille tandis qu’un ouvrier qui en a maintenu son exploitation par son travail s’insurge d’en être dépossédé. Avec le film, c'est devenu le récit de Pascal et Pauline qui reviennent sur les terres de leurs parents après des années de voyage, et se confrontent à leurs amis d'enfance qui eux, d'origine modeste, n'ont jamais quitté leur campagne. Il leur faut vendre au plus offrant un terrain que les autres voudraient garder à plus bas prix…

Vincent Macaigne s’est entouré de ses amis comédiens de théâtre pour réinterpréter une certaine lutte des classes dans le terroir. Entre le couple aisé qui a parcouru le monde en s’éloignant de leurs racines et les autres qui n’ont pas les moyens de vivre hors de leur région, il y a des liens d’une ancienne amitié qui ne sont plus possibles. Entre incompréhension et insultes, le conflit est prêt à éclater…

Il y a des gens qui naissent avec le pactole, et ce n’est pas à vous.

Pour le réconfort est moins un film qu’un objet filmique. Vincent Macaigne semble avoir filmé au caméscope (avec un format carré) plusieurs performances de sa troupe qui répète (ou improvise) le texte pour un éventuel projet de film, et par la suite ces images, grâce au montage, sont en fait devenues ce film. Avec une poignée de personnages qui jouent l’opposition entre nantis et prolétaires il fait transparaître un certain constat sur une France contemporaine en désarroi. Entre grande tirade exaltée et petite pique vacharde on se jette à la figure la fameuse ‘fracture sociale’. Le film est vraiment à l’image de son créateur : hirsute, brouillon, avec quelques fulgurances, étourdissant. Et inachevé.
 
Kristofy

 
 
 
 

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