Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Belgique / 2016

13.09.2017
 



THE FAIL OF US





« Ils disent que j’ai l’âge de gérer ça. »

A première vue, Home de Fien Troch est dans la veine de ceux de Larry Clark. L’influence paraît évidente, surtout dans le premier quart d’heure : des ados qui s’ennuient, fument des joints et font du skate, quelques scènes de branle où le sexe bandé est bien visible, un comportement impertinent, irresponsable, arrogant, des angoisses, un sentiment d’insécurité, le refus des règles. Les adultes, à l’inverse, hormis la bienveillante Sonja, sont absents, dominateurs, autoritaires et démissionnaires. Donc en partie responsables des maux de leurs progénitures. Chaque foyer comporte sa dose d’horreurs et de névroses.

Fien Troch va pourtant dans une autre direction : dès lors que Kevin entre dans le jeu, beau blond mutique sortant de prison, les équilibres sont perturbés, les relations sont troublées. Le réalisateur, qui opte pour deux points de vue - le cinéma, la fiction en format horizontal, la réalité, filmée avec des téléphones, en format vertical – emmène le spectateur dans une spirale infernale.
Etouffant comme dans une cocotte-minute dans leur vie terne, anesthésiés par leur routine, désespérés et parfois enchaînés, cette jeunesse est en quête d’évasion (alcool et cannabis peuvent aider), sans morale préétablie (on s’exhibe sans se soucier des conséquences), obsédé par des envies meurtrières, des sensations fortes, des instincts nihilistes. La société est agressive. Le vide existentiel de leur jeunesse dévastée est palpable. Ce n’est pas la moindre des qualités du réalisateur d’avoir su saisir ce mal-être et la méchanceté ambiante, avec une justesse et un réalisme louables.

Si le récit se concentre sur un trio – le fils de bonne famille qui n’assume pas sa condition bourgeoise, le neveu impulsif qui ne maîtrise pas ses nerfs et le meilleur pote qui débloque à cause d’une mère possessive et incestueuse – et si le drame tournera autour de ces trois ados, Home<+o> est avant tout l’histoire d’un rituel initiatique vers le passage adulte. Le premier va comprendre ses limites, le deuxième va apprendre à se contrôler, le troisième va devoir « tuer la mère ». Après une série de petits incidents qui font croire au surgissement d’un véritable accident sans retour et travers un acte tragique, les trois complices vont sortir de l’adolescence-enfance et grandir, c’est-à-dire passer à une autre phase de leur vie.

Paumés, les ados- tous formidables- sont filmés sans complaisance mais avec compassion. « La haine » qu’ils portent en eux est masquée mais visible. Mais Home est avant tout un film sur l’apprentissage de la vie face aux injustices naturelles et aux provocations « animales ».
Cette progression lente et subtile des protagonistes est la plus belle réussite du film et doit beaucoup à une mise en scène qui sait installer les séquences, épurer l’inutile et ne jamais s’égarer ni ennuyer en chemin malgré les nombreux personnages et l’apparente banalité de leur existence.

Si Larry Clark était une référence facile, il faut en fait plutôt regarder du côté de Michael Haneke pour la froideur clinique de la monstruosité humaine et la part violente de chacun, et d’André Téchiné pour la finesse psychologique d’une jeunesse libre et désemparée, comme pour la nécessaire morale qui punit leurs crimes. Il y a pire filiation.
 
vincy

 
 
 
 

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