Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ghost in the Shell


USA / 2017

29.03.2017
 



WONDER "WOMAN"





«- La vérité est qu’on ne m’a pas fabriqué pour danser...»

On a écrivait déjà à propos de Scarlett Johansson dans Lucy : « Qui mieux qu’elle, la voix immatérielle de Her, l’extra-terrestre déshumanisée d’Under the Skin, pouvait être à la fois une bombe (sexuelle et fatale) et une héroïne (irréelle, comme un personnage de BD, et crédible) ?». Dans Ghost in the Shell, la star hollywoodienne, fantasme pulpeux d’un âge d’or chez les Coen ou chez Allen, marionnette asexuelle et surhumaine chez Marvel, fait une synthèse de tous ces rôles « d’anticipation » du genre SF/Fantasy. C’est d’ailleurs le seul intérêt du film : observer ce « non-corps », où seul le visage semble réellement humain, couturé, scarifié, cicatrisé de partout, telle une Frankenstein des temps totalitaires et robotiques, se dénuder sous nos yeux avant de passer à l’action. L’enveloppe synthétique qui lui sert de chair, ce moule parfait en mensurations, sans un poil qui rappellerait l’animalité de son origine et même appellerait à la sexualité, est à l’image du film : une silhouette agréable à regarder, qui cache une machine perfectionnée, mais qui pour le coup n’a aucun « ghost », aucune âme.

Duplication

Ce nouvel avatar issu du manga culte de Masamune Shirow souffre d’un manque d’originalité qui n’est jamais compensé par les sensations qu’il doit censément produire. Car le film, aussi techniquement parfait soit-il, ne réinvente rien, ne construit aucun imaginaire nouveau. Les fans du manga pourront se régaler de voir des cases voire des planches entières plagiées en « live action ». Les autres reconnaîtront une métropole à la Blade Runner, une machination mentale et technologique à la Minority Report, des implants neurologiques à la Existenz (ici la nuque remplace le bas du dos), un univers parallèle, pixelisé et hacké à la Matrix, etc... Ghost in the Shell n’est finalement qu’un produit de synthèse. Malheureusement pour lui, il ne possède aucune scène, aucun personnage, aucun ton qui ne donnent cette impression même régressive de jubilation, qui entraîne souvent l’envie de revoir un film d’action, de SF ou d’aventures même un peu bancal.

Abysses

Hollywood a cette fâcheuse manie de vouloir reproduire des films comme on photocopie une recette. A trop désincarner ses protagonistes, ces blockbusters en deviennent ennuyeux. Entre des scènes d’explication et d’introspection basiques et des séquences d’action maîtrisées mais sans emphase, il y a, ici un vide intersidéral. On pouvait y croire pourtant : la naissance du Major, dans ce lait savonneux, était de toute beauté. La relation avec sa « mère » (Binoche, sur le fil) et son « père » (Kitano, impeccable), auquel on pourrait y ajouter son « frère » maudit (Michael Pitt, sous employé), invitaient à une relecture du récit originel qui aurait pu conduire à un scénario aux multiples dimensions. Las, « la première de son espèce », cette arme de destruction en quête d’identité (coucou Jason Bourne), erre dans un film où yakusas et méchants à la James Bond (qui veulent manipuler l’identité des individus) deviennent de simples archétypes cinématographiques.

Déjà vu

Et contrairement au personnage principal (et aux stéréotypes qui l’entourent), l’œuvre ne cherche aucune hybridité. Elle reste du début à la fin sur un mode « mono », sans trace d’humour ni dose de panache. Tout n’est qu’illusion. Et même la manipulation tombe à l’eau tant on devine très vite la finalité de l’histoire. Subissant un sérieux problème de rythme, manquant de nerfs, Ghost in the Shell s’avère bien consensuel et sage alors que son héroïne s’affirme intrépide et rebelle.

Rupert Sanders réussit ainsi l’exploit de transposer l’un des plus beaux mangas futuristes en un film insipide, malgré un casting parfait. On blâmera les scénaristes. Mais pas seulement. Il n’a pas su insuffler « l’âme » nécessaire et n’a finalement produit qu’un « glitch », un écho parasite, une sorte de mirage, de "déjà vu". Le film s’avère alors froid et sombre, comme l’eau dans laquelle le Major plonge pour se ressourcer : une sorte de néant.
 
vincy

 
 
 
 

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