Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Everest


USA / 2015

23.09.2015
 



L’EMPRISE DES CIMES





"Le dernier mot, c’est toujours la montagne qui l’a."

On ne s’étonne plus, à la vision d’Everest, que deux des grands festivals de la rentrée l’aient choisi comme film d’ouverture : émotions fortes, paysages spectaculaires, souffle épique, il réunit tous les ingrédients du film d’aventures "bigger than life où se mêlent les prouesses humaines et la beauté sauvage de la nature. Esthétiquement parlant, c’est une réussite incontestable.

On a littéralement le souffle coupé par les larges plans aériens sur la montagne, lorsque la caméra semble flotter au-dessus des précipices et des cimes enneigées, tandis que le procédé 3D décuple le vertige et la splendeur de ces panoramas bouleversants. On ressent presque physiquement le choc esthétique ressenti par les alpinistes au milieu d’un univers à la fois aussi hostile et éblouissant. Quant au plan sur un hélicoptère semblant en chute libre entre les montagnes, c’est peut-être l’un des plus beaux (et les plus "immersifs") offerts par la 3D ces dernières années. Pari réussi pour Baltasar Kormakur qui donne autant à voir et entendre qu’à ressentir, proposant au spectateur une expérience quasi organique.

L’intrigue, elle, se base sur des faits réels (l’issue tragique d’une expédition qui fit 8 morts en 1996) que le scénario romance en se concentrant sur quelques personnages principaux. Puisque personne ne connaît réellement tous les détails du drame, et que parmi les rescapés, les explications divergent, le film propose une conjonction de causes qui n’accusent personne en particulier, si ce n’est la malchance et les éléments déchaînés. On assiste impuissant à cet instant insaisissable où tout à coup tout bascule, sans espoir de retour. Plus que la question de la rivalité entre les agences ou celle de la "marchandisation" de l’Everest, c’est en effet l’aspect humain du récit qui intéresse Baltasar Kormakur, et notamment l’étrange ballet d’amour et de mort que danse chaque alpiniste avec la montagne. Il se concentre donc dans un premier temps sur les préparatifs de l’ascension finale, ne ménageant si les effets visuels, ni les mises en garde sur les dangers liés à toute expédition sur le "toit du monde".

Même si le récit est immanquablement émaillé de scènes plus "intimes" chargées d’humaniser les différents personnages, c’est principalement lorsque s’enchaînent les incidents conduisant au drame que le film perd de sa sécheresse narrative pour flirter avec quelque chose de plus convenu. On n’échappe ainsi pas aux passages "émotions" obligés avec les échanges téléphoniques entre le personnage principal en mauvaise posture et sa femme enceinte et surtout les gros plans sur les visages en larmes accompagnés d’une musique de circonstance. Le dénouement est même par moments un peu confus, le film ne parvenant pas à suivre tous les personnages en parallèle. Comme s’il cherchait à prendre du recul avec la réalité trop concrète de l’agonie et de la mort, le récit se détourne même peu à peu des héros pour se recentrer sur les survivants, source inépuisable de scènes à fort potentiel lacrymal.

Or, paradoxalement, si l’émotion surgit, c’est surtout au moment du générique de fin, lorsqu’apparaissent les photos des personnages réels. Après deux heures à appréhender la douleur et la beauté mêlées que représentent la haute-montagne et ses dangers, on est soudain profondément bouleversé par le visage de ceux qui s’y sont confrontés dans un face-à-face absolu, ultime et pressant qui était au fond le vrai sujet du film.
 
MpM

 
 
 
 

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