Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Une merveilleuse histoire du temps (The Theory of Everything)


Royaume Uni / 2014

21.01.2015
 



HOPE AND GLORY





«- Le secret de l’univers est-il lié au sexe ?
- Tu devrais faire ton doctorat sur la physique de l’amour.
»

Malgré son sujet exceptionnel, Une merveilleuse histoire du temps est un film biographique d’un classicisme confondant. Peu d’humour, beaucoup de romance, et une chape de plomb dramatique ; tout cela rend l’œuvre stéréotypée, prévisible, sans autre angle que celui de raconter la vie d’un homme défiant la science et la maladie, Stephen Hawking.

Nous passerons donc par toutes les étapes nécessaires et « essentielles », sans trop s’appesantir sur ses théories scientifiques, depuis ses années fac jusqu’au crépuscule glorieux de son existence. Conscients qu’il fallait bien un angle consensuel, les scénaristes ont opté pour l’histoire d’amour de sa vie. D’une part cela apporte une tonalité féminine (incarnée de manière charmante et gracieuse par Felicity Jones), d’autre part cela permet de mettre un peu de foi et de Dieu (le personnage est croyant et littéraire) dans cet univers rationnel et savant.

Et finalement la seule question qui se pose est de savoir quelle est la probabilité du bonheur face aux variations des sentiments, le temps qui passe et surtout cette satanée maladie qui aurait du l’exécuter en moins de deux ans et qui va le torturer pendant des décennies.

Les hasards de l’amour et de la science aimantent les deux jeunes oxfordiens. Et le scénario déroule tous les épisodes selon un ordre finalement peu chaotique. La mise en scène n’aide pas : elle veut absolument nous dicter nos émotions. La scène du premier baiser est ainsi cadrée, éclairée et décorée comme un « cliché » qui se veut magique et même féérique. Idem quand le savant, immobilisé sur sa chaise, rêve de ramasser un stylo pour une jeune femme.

Une merveilleuse histoire du temps est paradoxalement un récit qui ne maîtrise pas son temps, trop occuper à enchaîner les séquences, les époques, les événements marquants, tout en faisant le portrait de deux êtres intellectuellement fascinés l’un par l’autre, amoureux, mais terriblement humains. C’est bien leurs failles qui nous intéressent le plus. Elles sont là, visibles, mais banalement exploitées. Tout vire au mélo. Et aucun second-rôle, hormis le pasteur, n’a suffisamment d’importance, voire d’épaisseur, pour y mettre un peu de relief.

On résiste cependant à l’ennui grâce à la personnalité du personnage central et surtout grâce à son interprète, Eddie Redmayne. Sa performance rappelle celle de Daniel Day Lewis dans My Left Foot. Oui, rien que ça. Mais il est en effet épatant, et même impressionnant. Son duo avec Felicity Jones fonctionne à merveille dès le moment où la maladie le déclare. L’actrice insuffle subtilement un jeu plus intérieur pour créer avec son partenaire une harmonie qui ne sera jamais dissonante.

Le parallèle avec les découvertes scientifiques du cosmologiste et physicien ont plus lourdes. Il lutte contre le temps qui lui reste et veut démontrer que le temps a un commencement. Elle porte un amour désintéressé et possède une foi inébranlable, certaine que cela peut vaincre la maladie quand lui pense que la science explique tout et a raison sur tout. On aura vite compris le message. La dialectique est simpliste. Le résultat sera évident : l’amour ne gagne pas à tous les coups mais la foi a vaincu la science. Même Hawking remettra en cause son agnosticisme. C’est dit en une réplique : « Je t’aime » lui déclare-t-elle. « Ta conclusion est erronée » lui répond-il.

C’est là que ce film assez insipide dérange. En prenant surtout le point de vue de l’épouse, croyante fervente, presque aveuglée par sa religion, refusant euthanasie et pondant des enfants comme on multiplie les petits pains, Une merveilleuse histoire du temps distille une petite musique prosélyte, assez didactique. Une forme de propagande invisible bien plus efficace sur la question de la croyance et de l’espoir que sur les théories scientifiques d’Hawking. Car après tout le film a beau nous raconter l’expansion de l’univers, théorie d’un homme enfermé dans son corps malade qui lui-même s’ouvre au monde en dépendant des gens, il se conclut en rétrécissant avec un retour en arrière sous forme de best of de sa vie. Nous ne sommes rien. Mais on veut nous faire croire qu’en croyant aux miracles, la vie est merveilleuse, par intermittence. En se concluant de manière bancale, ce drame nous fait basculer dans la perplexité. Et clairement, l’équation n’est pas résolue.
 
vincy

 
 
 
 

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