Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Magic in the Moonlight


USA / 2014

22.10.2014
 



ET WOODY AIMA EMMA...





Woody Allen ne peut que se répéter à raison d’un film par an. Magic in the Moonlight condense de nombreuses scènes déjà vues dans sa filmographie, de personnages pas très éloignés de certains de ses précédents films (le médium, l’escroc…). Et pourtant, il y a une sorte de ravissement qui nous séduit dans ce film. Ce n’est pas toujours le cas. Parfois, le cinéaste s’embarque dans une comédie sans souffle, ou dans un de ses propres remakes presque caricatural. Il faut qu’il s’oriente vers la tragédie (Blue Jasmine, Match Point) pour nous conquérir de nouveau.

Peut-être parce qu’il est un peu plus cynique que les autres, Magic in the Moonlight possède une patine plutôt singulière pour une comédie. Cela reste du Woody Allen. Un film bavard, romantique, très bien interprété (avec une Emma Stone fabuleuse). Mais c’est aussi le portrait d’un microcosme sur lequel le réalisateur pose un regard moqueur, parfois attendri, mais assez rude au bout du compte. Un univers aussi factice que ridicule, où, pour combler l’ennui, on invoque le surnaturel qui dupera les idiots et l’amour qui confondra les insensibles.

Il y a du Marivaux dans ce crû 2014, pas mauvais millésime. Un Marivaux façon Allen, c’est avant tout des situations burlesques teintées d’un point de vue pessimiste sur l’existence. Tout sonne faux dans ce monde, alors autant se bercer d’illusions. Le cinéma est la plus belle des illusions. Et l’héroïne, magicienne, en fabrique elle aussi. On comprend clairement la métaphore, ce rapprochement entre cinéma et magie. Movie in the Moonlight. On se laisse enivrer avec délectation. Sans doute, aussi, parce que l’image est belle. Darius Khondji a éclairé le film d’une sublime manière, au point, lui aussi, de nous séduire avec ses artifices. Car il ne s’agit ici que de séduction. En surface, le cinéaste s’offre le plaisir de nous amuser avec une comédie des années 30. L’amour et ses jeux sont l’essence même du récit, portés par des personnages secondaires parfois désopilants, et par un duo romanesque pétillant.

Tout cela rend la comédie élégante et la fable, certes un peu amère, exquise. Ne jamais se fier aux apparences et surtout aux certitudes. Bien sûr, Allen ne prend plus de risque. Sa mise en scène s’est assagie, au service d’une histoire assez convenue. C’est là que le réalisateur montre la limite de son cinéma. L’émotion ne transperce jamais l’écran, à l’inverse des tours de magie qui parviennent à fendiller l’armure du glacial chevalier.

Paradoxalement, ce film qui questionne l’existence de l’invisible et les racines du mystère des sentiments nous plaît davantage pour son aspect le plus visible et pour sa démonstration appliquée d’une mécanique romantique. Pour Allen, une chose est sûre : il n’y a rien au-delà de ce que l’on voit. C’est sans doute le plus grand reproche qu’on puisse lui faire. Il ne cherche plus à imaginer autre chose pour transcender son cinéma. Alors, certes les dialogues sont brillants, le film est beau, et le discours évident (la vanité des fidèles et l’humilité des amoureux). Mais ce qu’on retient, c’est avant tout le visage et le talent d’une actrice parfaitement « allénienne ». Une Emma Stone qui brille de mille feux et nous sort le grand jeu. La magicienne c’est vraiment elle.
 
vincy

 
 
 
 

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