Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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How I Live Now (Maintenant c'est ma vie)


/ 2013

12.03.2014
 



I WILL SURVIVE





«- Dernière chance de t’amuser avant l’arrivée des fachos.
- Peut-être une prochaine fois.
»

Kevin MacDonald se risque à mélanger les genres : une romance, une chronique adolescente, un film d’anticipation, un récit de survie. Et à cela il ajoute une pincée de surnaturel et un état de guerre. Cela pourrait faire beaucoup, et pourtant le réalisateur s’en tire avec les honneurs. How I Live Now a certes quelques défauts mais la mise en scène et l’interprétation sauvent les trous d’air.

Nous voici donc dans un futur proche, dans un monde où les fascistes terrorisent l’Occident au point de déclencher une troisième guerre mondiale. L’allégorie peut sembler outrancière. Pourtant, à voir les mesures de sécurité dans les aéroports, on se dit que ce n’est pas si loin de notre réalité actuelle.

Une jeune fille – Saoirse Ronan - doit-on encore le signaler?, impeccable dans toutes les situations – mal dans sa peau, dominée par les diktats de la société de consommation et piégée par les dogmes de magazines de bien-être, se voit confrontée à deux situations extraordinaires : cohabiter avec ses cousins, qui profitent de la vie le plus naturellement possible ; survivre en temps de guerre. Elle-même est en guerre dans sa tête. Enragée, de mauvais poil, cherchant une voie « positiviste », anorexique, entendant des voix, solitaire en quête d’idéal : forcément névrosée et malheureuse. Rien ne vaut une amourette à la campagne (entre cousins, c’est autorisé par Christine Boutin) pour guérir. Personnage fascinant. Incarné. Parce qu’il est banal. Parce qu’il est actuel. Parce qu’elle est l’illustration de toute cette jeunesse enfermée dans leur bulle et qui s’interroge sur le sens à donner à leur vie.

La vie va s’en charger. Obéir aux règles ou les transgresser : tout est dans ce dilemme. Kevin MacDonald n’hésite pas à user du spectaculaire (bombe nucléaire), de l’intime psychologique, de l’horreur (charnier, viol…) sans aller dans les excès. Juste pour servir son récit, ponctuer une longue errance à deux (l’héroïne et sa petite cousine), pour retrouver l’Eden perdu. Il faudra du temps. Bien sûr, parfois les rebondissements sont prévisibles (mais toujours nécessaires). Les symboles un peu trop visibles. Les situations sans doute déjà vues.
Mais la mise en scène maîtrisée, et parfois inspirée, le rythme qui ne se relâche jamais (tout en changeant de tempo régulièrement), le très beau travail sur le son qui restitue chaque sensation, l’habile dosage des émotions des personnages construisent une œuvre pas forcément originale mais cohérente et efficace. Le tiers du film qui se déroule dans des bois hostiles a même des airs (légers) de thriller à la Délivrance. Mais après cette traversée des enfers, le message paraît plus confus, plus conformiste aussi. Avoir vécu tant de barbarie et finir comme infirmière au foyer, on reste pantois. Son choix de vie a même des airs de propagande un peu conservatrice.

Mais l’attachement que l’on éprouve pour des personnages, cette insouciance saccagée, cette adolescence meurtrie laisse un beau rayon de lumière vers un âge adulte apaisé (et pas très catholique). Comme dans tous contes de fée, cruel et optimiste, How I Live Now enchantera ceux qui croient à une vie meilleure même dans un monde pourri. L’Etat d’urgence fait alors place à l’état de sagesse. Quand le présent oppressant et incertain fait place à un avenir apaisant et humain.
 
vincy

 
 
 
 

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