Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le Hobbit : La désolation de Smaug (The Hobbit: The Desolation of Smaug)


USA / 2013

11.12.2103
 



L’ANNÉE DU DRAGON

Le livre Bye Bye Bahia



" Pourquoi les nains sortent des toilettes ? Ils vont nous porter chance…"

Et on retrouve notre équipée là où on l’avait laissée dans ses tribulations, c'est-à-dire en quête du trésor d’Erebor et avec une vilaine meute d’orques sur ses talons. Par cet enchaînement narratif, cette Désolation de Smaug ne nous gratifiera pas d’une longue introduction qui avait irrité les spectateurs les plus impatients. Profitant de l’élan engagé par son précédent opus, Peter Jackson poursuivra d’ailleurs l’accumulation de performances héroïques avec une maestria qui ne se dément toujours pas. Ours garou, traquenard d’araignées, rafting en tonneau,… c’est encore haut fait d’armes et sport extrême au menu, ce qui permet au cinéaste de livrer probablement parmi les meilleurs morceaux de bravoure rayon action 2013.

Limite de l’élastique.

Et pourtant on se surprend après quelques péripéties endiablées à laisser son regard se perdre dans l’arrière champ dés que le rythme se relâche. Les décors sont certes remarquables, mais la distraction s’explique avant tout par un script un peu trop étiré qui peine à alimenter la montée en charge dramatique de la quête. Ainsi au terme d’une grande échappée, la séquence située dans la ville d’Esgaroth se déroule assez laborieusement, notamment dans la mise en place du contexte local supposé sombre (The Hobbit est ciblé avant tout pour les plus jeunes contrairement à Lord of The Rings ce qui interdit de noircir le tableau). Plus ennuyeux, aucun des habitants ne parvient à exister et à stimuler une véritable empathie par la précarité de sa condition, pas même Barde incarné par Luke Evans, ce qui risque d’être problématique pour les événements à venir. Le déficit en adhésion au niveau des personnages est d’ailleurs assez généralisé dans cet épisode. Greffés à l’œuvre originale de Tolkien pour lui donner plus de volume, les elfes Tauriel et Legolas peinent à s’insérer dans l’histoire en cours, au-delà des seules scènes de combats. Leur idylle notamment demeure maladroite et peu concluante. Pire l’interaction avec les héros principaux ne fonctionne pas et laisse interrogatif. Comment expliquer le lien privilégié qui se tisse entre Tauriel et le nain Kili, comment lui donner un intérêt sans que la complicité ne vienne troubler l’intégrité de l’intrigue du livre ?
La pertinence du scindement de The Hobbit en trois films reste alors posée au-delà de l’aspect purement économique. La matière disponible n’étant pas aussi foisonnante que pour l’illustre trilogie qui fit la renommée du romancier britannique et les initiatives des scénaristes se révélant hasardeuses par peur de frôler l’irrévérence, le film pouvait (devait) être moins long (2h41). Le comble étant que curieusement cette extension du format ne profite pas aux membres de la compagnie de Bilbo. Loin de développer les rapports du groupe en peaufinant les traits de caractère de chacun, on se retrouve avec des nains qui font souvent de la figuration. La cohésion de la bande est d’autant plus mise à mal que le pilier Gandalf leur fausse compagnie pour aller vaquer à ses occupations personnelles. Mais au moins dans le cas du sorcier, cela nous vaut une confrontation vraiment épique qui établit un pont plutôt audacieux avec la future épopée que nous connaissons déjà. En revanche Bilbo a du mal à nous refaire le coup de la damnation de l’anneau, Thorin ne trouve pas le charisme de son rang royal propre à nous impressionner…
Non, la vraie satisfaction pourra éventuellement être mise au crédit du dragon Smaug, qui lui tient les promesses qu’on était en droit d’attendre de sa seigneurie. Roublard, susceptible, vorace, colérique, il cumule les vices et incarne le mal absolu ("Je suis le feu, je suis la mort") dans toute sa prestance numérique. Et ceci même si le jeu du chat et de la souris qu’entreprennent les visiteurs indésirables avec la créature n’évite pas les redondances…

Magie de Tolkien

Et quand bien même ces nombreux soucis de calibrage, il restera un constat qui prendra le dessus sur tous les défauts énumérés. L’alchimie qui noue désormais le réalisateur néo zélandais et son usine à rêves WETA avec le maître de la fantaisie littéraire tient du prodige. A la limite, le pouvoir d’émerveillement cinématographique engendré par cette symbiose est tel que le moindre prétexte, même une course pour y acheter une miche de pain, serait acceptable pour ré-embarquer en Terre du Milieu. Mais on sera alors naturellement plus dans la simple balade touristique que dans l’épopée oscarisable…
 
petsss

 
 
 
 

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