Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Interior. Leather Bar.


USA / 2013

30.10.2013
 



DURA LATEX SEXE LEX





Interior. Leather Bar n’est pas une variation autour d’une scène censurée de Cruising, le film de Friedkin. C’est ce que l’on pouvait croire : c’était même l’objectif initial qui nous était proposé. Le montage définitif amorce en fait une approche totalement différente. L’interprétation de la scène coupée au montage par James Franco et Travis Mathews n’aura donc pas lieu.

On assiste de facto a un making of de cette scène version Franco le dialecticien / Mathews le pornophile. Une digression quasi philosophique sur le tabou sexuel au cinéma. L’aspect expérimental s’efface ainsi au profit d’un film presque documentaire. Comme si les deux auteurs, qui rêvaient de dévoiler une scène inédite du cinéma, s’étaient finalement sentis obligés de justifier leur démarche tant auprès de leurs acteurs que des spectateurs.
Par conséquent, l’objectif est un peu manqué. Franco explique longuement qu’il ne comprend pas pourquoi le sexe est tabou au cinéma (comparé à l’acceptation du crime et du sang) et pourquoi l’hétérosexualité est une norme imposée (qui nous formate forcément). Masturbation (intellectuelle) qui débouche sur un coït un peu banal (tout ça pour ça en quelque sorte).

Et pour cause. Jamais le film ne montre un acteur hétéro dans une posture sexuellement homo. Le sexe n’est concrètement illustré que par un « insert » où deux « professionnels » tournent comme s’il s’agissait d’un porno. Franco regarde, presque indifférent. Puis, occupé par le tournage d’Oz, il s’absente définitivement un quart d’heure avant la fin. Comme s’il savait désormais que le film ne répondrait pas à ses interrogations personnelles ou ses insatisfactions cinématographiques.
Car Interior. Leather Bar lui échappe : il regarde cliniquement ce plan gay légèrement bondage réalisé par son « associé » réalisateur. Mais les scènes de boîte de nuit se résument uniquement à des frôlements, des fessées, des baisers. Du soft. Il y a bien une fellation par ci par là, mais l’ensemble n’occupe pas un tiers du film.

Finalement, c’est son ami et « acteur principal », le fil conducteur de cet étrange documentaire, qui relève toutes les limites de l’exercice. Val Lauren est celui qui « incarne » Al Pacino. Il est celui qui dialogue avec sa femme, son agent, James F., le jeune comédien novice - hétéro et baiseur ) qui s’apprête à jouer un gay (avec ses limites). Lauren ne pose pas seulement les questions sur les motifs de son ami Franco, il essaie aussi de justifier sa présence dans un film considéré comme marginal voire « périlleux » pour sa carrière.
En 2013, interpréter un gay dans un film aux apparences sulfureuses demeure un risque. Il n’y aurait pas le nom d’une star hollywoodienne au générique, Interior. Leather Bar n’aurait sans doute pas suscité autant d’intérêt.

En imaginant à la fois le tournage du film, avec un pseudo Pacino en lutte contre le système parce qu’il a choisit d’interpréter un personnage « à contre-courant » de la pensée dominante (sans doute le grand Al avait traversé ces mêmes problèmes), et en reproduisant quelques plans censurés par le studio avant sa sortie, Franco et Mathews ont cherché à créé un parallèle à trente ans d’écart. Ce qui est effarant c’est que rien n’a vraiment changé : la représentation de la sexualité, et a fortiori de l’homosexualité, reste un problème à Hollywood. Le film protestataire rappelle ainsi que les gays, malgré quelques gains en matière d’égalité des droits, n’ont pas finit de se battre. Et qu’une bite ou un cul sont des armes toujours inacceptables pour le cinéma.
 
vincy

 
 
 
 

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