Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Somewhere


USA / 2010

05.01.2011
 



LOST IN EXISTENCE

Le livre Bye Bye Bahia



"Qui êtes-vous Johnny Marco ?"

Plus elle avance dans sa cinématographie, moins Sofia Coppola semble s'embarrasser d'intrigue ou de narration traditionnelles. Ses films deviennent une succession d'impressions, d'images volées à la réalité, de rêveries. Avec Somewhere, elle atteint même une sorte de perfection minimaliste, où l'histoire, les personnages, et même les situations, sont à peine esquissés, évacués au profit de la seule captation de l'instant. C'est fragile, presque radical. En permanence sur le fil, et risquant de sombrer dans l'abstraction, ou au contraire de revenir sur les sentiers battus.

Pourtant, le film ne vacille pas. Il prend un peu trop son temps pour commencer, peine à se terminer, mais parvient à saisir au vol la vie dans ce qu'elle a de plus simple, de plus quotidien. Surtout dans les séquences qui réunissent le père et sa fille, tissant en creux une relation ténue : une partie de poker, une séance de piscine, une nuit d'insomnie passée à manger de la glace dans un hôtel étranger. Et plus le film déroule ces petits moments, plus il crée d'émotion et d'empathie. Cela tient à la justesse de l'écriture et à la précision de la mise en scène qui évite tout esbroufe, tout artifice. Si l'on est sensible à cette petite musique, il y a de quoi être profondément touché.

On peut rire, aussi, grâce à l'habile contrepoint créé par la satire sociale qui court tout au long du film. Le monde du cinéma et des médias y est dépeint avec ironie comme un grand théâtre factice où tout le monde fait semblant, et où l'absurde règne en maître. Irrésistible, la conférence de presse où le personnage principal est censé répondre à des questions plus surréalistes les unes que les autres. Gonflée, celle qui épingle les travers de la télé privée italienne (celle-là même qui finance une partie du film par le biais de Mediaset qui appartient à Silvio Berlusconi). Hilarants, les strip-teases en chambre offerts par deux soeurs jumelles appliquées.

Avec ce tableau au vitriol d'Hollywood, Sofia Coppola s'est fait plaisir, et, qu'il s'agisse de la vie avec un père ultra-célèbre et fantasque ou des avanies de la célébrité, on ne peut s'empêcher d'y déceler une inspiration autobiographique. Même si au fond cela importe peu, tant elle réussit à recréer devant la caméra des sensations que chacun a expérimenté dans sa vie : celles d'être dans une impasse, que tout est vain autour de soi et que notre existence ne vaut finalement pas la peine d'être vécue, ou du moins pas comme cela. Là est tout le secret du film : nous émouvoir avec notre propre fragilité, nous faire rire de nos propres imperfections, et tendre ainsi vers l'universel.
 
MpM (Venise)

 
 
 
 

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