Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Toy Story 3


USA / 2010

14.07.2010
 



TANT QU'IL Y AURA DES ENFANTS





« - Allons voir ce qu'on vaut sur Internet »

Faire de Toy Story une trilogie était un pari ambitieux car les spectateurs sont désormais très exigeants envers la maison Pixar et la barre avait déjà été mise très haut avec les deux précédents volets. Mais les studios d’Emeryville ont su parfaitement relever le défi. Ils ont su se renouveler, s’adapter. L'idée la plus simple est aussi la plus brillante : leurs personnages ont évolué de quinze ans, comme les spectateurs.
Ainsi, Andy, autrefois petit garçon amoureux de ses jouets, est devenu un jeune homme prêt à partir pour l'université. Quel sera donc l’avenir de la bande à Woody? l’université? le grenier? la crèche voisine? un autre enfant? Pire encore, la poubelle?

Le réalisateur de Toy Story 3 joue admirablement sur cette idée de transmission, de temps qui passe auquel il mêle une petite pointe de passéisme. Le futur incertain de ces jouets auxquels chaque spectateur s’est attaché au fil des aventures renforce la tension presque tragique et l’émotion forte qui avait déjà fait le succès du premier opus. Lee Unkrich associe à cela une bonne dose d’humour (le duo "faction" et "glamour" de Ken, limite "follasse" et Barbie en tête de cortège) et de scènes spectaculaires, deux éléments qui nous avaient déjà séduits dans Toy Story 2.

Le fait également de ne pas tomber dans un manichéisme facile, avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre, donne une grande force au film. Bien au contraire, Toy Story 3 est complexe, questionne sur l’utilité, l’abandon, le devenir. Si le conte est aussi universel, c'est parce qu'il aborde des dilemmes aussi humains que la confiance, la trahison, la solidarité, la dépendance affective, le devenir et même la mort. Les bons et les méchants sont finalement tous des joujoux rejetés qui peinent à trouver leur place, qui cherchent à gagner le coeur d'un enfant.
Tout cela permet à Toy Story 3 de rebondir sans s’essouffler. Car Woody, Buzz (de plus en plus similaire à Clooney) et leurs compagnons sont confrontés à un nouvel univers et de nouveaux choix. La garderie, aux allures de paradis, va rapidement se transformer en Alcatraz pour les nouveaux arrivants et dont le grand chef n’est autre qu’un gros nounours rose à l’odeur de fraise, névrosé, antipathique et angoissant. Leur séjour au pays des merveilles devient un véritable enfer digne d’un film de prison classique, avec ses rites et ses codes. L'enfer n'est pas un terme trop fort quand on sait ce qu'il va advenir dans un enchaînement de séquences, qui ressemble à une spirale descendante vers un final dramatique, intense, émouvant.

Au delà d'un scénario ficelé comme un plat de grand chef mode Ratatouille, Pixar a su mélangé des gags comiques qui renvoient au cinéma d'autrefois et des délires (comme le prologue ou Monsieur Patate transformé en Monsieur Tortilla) qui varient les sensations. Les petits détails qui font sourire se mélangent à une nostalgie où l'on a l'on revient aux fondamentaux. Toy Story 3 c'est un peu, ça commence par la fin. La fin de l'enfance, la fin de l'insouciance, que ce soit pour Andy ou ses amis. La construction des personnages secondaires ou nouveaux contribuent à donner plusieurs dimensions au film. Ce poupon maléfique, type Chucky, renvoie aux films d'horreur les plus diaboliques. Entre "Bad Toys", clown déprimant (et hilarant), macaque terrifiant et dialogues de type sitcom pour Ken et Barbie, les genres s'harmonisent pour livre un film divertissant, entraînant et riche. Les histoires à tiroirs s'entrecroisent sans jamais perdre le fil ni notre attention.

Evidemment il y a une morale. Il faut transmettre son passé pour croire en l'avenir. Mais il y en a une autre, étonnement plus politique dans son sous-texte. L'autorité non consentie y est malmenée et la force du groupe, seule, peut anéantir les tortionnaires. Que Pixar aille même jusqu'à aborder le suicide collectif laisse pantois pour une production familiale. C'est de cette audace à traiter de tous les sujets en un seul film que naît leur génie. Rien n'est prévisible réellement, prenant parfois à contre-pieds les spectateurs a priori blasés. Ici, nulle rédemption, point de pardon, aucune compassion : juste une histoire crédible, aidée par des prouesses techniques, et non pas l'inverse.

En ces temps écolos, Pixar montre la voie : les jouets sont bons à recycler. Pour un quatrième épisode?
 
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