Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 28

 
Mammuth


France / 2009

21.04.2010
 



PAPY FAIT DE LA RESISTANCE





"Désolée… nous, on n’aura pas de retraite."

Déjà il y a le plaisir de voir Gérard Depardieu avec une improbable crinière blonde qui n’est pas sans évoquer celle de Mickey Rourke dans The wrestler. Comme l’acteur américain et son personnage de vieux catcheur au bout du rouleau, notre Gérard national a trouvé avec Mammuth un rôle à sa démesure. En s’en remettant au duo Delépine-Kervern, en s’abandonnant à leur univers, il redevient instantanément celui que l’on a tant aimé chez Bertrand Blier, il y a une éternité de cela : un acteur bourré de talent et capable de tout jouer. Il donne donc à Serge Pilardosse plus qu’une enveloppe corporelle, une véritable stature. Et tout fonctionne : la prestance physique, la naïveté presque enfantine, l’énergie consciencieuse. On croit à cet homme lancé dans un road-movie à la fois dérisoire et touchant.

Les road-movies, Benoit Delépine et Gustave Kervern semblent aimer ça. Dans leur précédent film, Louise Michel, Yolande Moreau et Bouli Lanners partaient eux-aussi sur les routes, à la recherche du "patron" à tuer. Et, en chemin, décortiquaient le drame du monde économique actuel : en guise de patron, il n’y a guère plus que des fonds de pension aux îles Caïman. Personne sur qui se défouler, donc. Avec Mammuth, il s’agit cette fois du tour de France de la précarité (videur, forain, fossoyeur… notre valeureux Serge a fait tous les petits boulots du monde) avec en ligne de mire, un avenir meilleur. Pas luxueux, non, mais au moins confortable : en échange de toutes ces années de labeur, la fameuse Retraite tant vantée.

Mais dans notre charmant pays, on n’obtient jamais rien gratuitement. Et sa retraite, à Serge Pilardosse, on est prêt à la lui faire payer grassement. Ce n’est pas le tout d’avoir travaillé sans discontinuer pendant plus de quarante ans, encore faut-il le prouver, peu importe par quels moyens. Heureusement, les deux réalisateurs manient mieux le vitriol que les violons, ce qui nous évite toute tentation misérabiliste. Si l’on pleure devant l’écran, c’est de rire (ce serait trop bête de déflorer les gags, mais sachez que ces deux-là sont les rois du comique de situation) et parfois de rage, devant le portrait peu glorieux que Mammuth fait de la France. Mais devant tant d’audace, de fantaisie et d’intelligence, on sèche bien vite ses larmes. D’autant que tout n’est pas dénué d’espoir. A défaut d’argent et de bonheur matériel, il restera toujours la poésie, l’amitié et les souvenirs du passé.

Alors, même si Louise Michel avait mis la barre très haut et reste de ce fait inégalé, même si Mammuth s’essouffle dans sa seconde partie, même si tout n’est pas absolument aussi décapant et efficace qu’on l’aurait souhaité, ce nouvel opus de Kervern et Delépine remonte à lui tout seul (ou presque) le niveau du cinéma français actuel. Il fait tellement de bien qu’il devrait être prescrit à haute dose jusque dans les plus hautes sphères, surtout en ces périodes de débat sur la réforme des retraites.
 
MpM

 
 
 
 

haut