Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 60

 
Le bal des vampires (The Fearless Vampire Killers)


USA / 1967

01.04.1968
 



LES ROMANTIQUES DE ROMAN

Le livre Bye Bye Bahia



Roman Polanski est un homme aussi tourmenté et éclectique que l’est sa filmographie. Il aura navigué à travers tous les genres et tous les pays pour livrer, à chaque fois, des œuvres originales, passionnées et (pour la plupart) cultes. Le Bal des vampires est aussi le film celui que Polanski préfère. Et sans doute son plus drôle.

Le Bal des vampires est un hommage à Dracula et au film d’horreur dans leur ensemble. Il en reprend la trame et calque le fonctionnement des films classiques sur le personnage du vampire dans le but de les tourner en dérision. Pour en rire, et non pour s’en moquer. Il y a en effet un respect profond pour le genre dans ce film de Polanski. Et c’est ce respect qui donne au long métrage toute sa dimension et sa valeur des décennies plus tard.

Tout comme dans Chinatown ou Le Locataire, le réalisateur polonais incarne lui-même le "héros" du film. Son physique et son allure, sa jeunesse aussi, sont des éléments comiques (comparable aux premiers Woody Allen). Il n'est pas le héros intelligent ou musclé. Il est le jeune premier romantique maladroit, paralysé par ses désirs, courageux uniquement pour sauver sa dulcinée. De là, il va insuffler du comique, du burlesque et du grotesque, en les mêlant au climat horrifique qui règne dans ces montagnes enneigées, cette auberge hostile, ce château mortifère. Jamais il n'oublie les références terrifiantes du genre, mais il les contourne en usant plutôt de suspens et de scènes hors-plan laissant deviner l'horreur qui menace les personnages".
Le génie de Polanski se révèle justement en s’accaparant des codes du genre pour les manipulerà sa guise. Il soigne les décors, les costumes et les lumières pour recréer cette tension dans l’atmosphère qui pèse. Un lumière qui n’est pas très vivace et des costumes qui, pour la plupart, sont dans des tons grisonnants, accentuent l'atmosphère entre chien et loup d'un film où l'essentiel se passe la nuit.

Roman Polanski fait un travail incroyable pour ressusciter le mythe de Dracula. De ses éléments de tension, il va en profiter pour introduire les ressors comiques. Par exemple, cette scène où le professeur Abronsius (Jack McGowran) et son disciple Alfred (Roman Polanski) s’en vont dans la crypte pour tuer le Comte Von Krolock et son fils. Le professeur reste coincé dans l’ouverture de la lucarne (qu'il a fallu atteindre après un véritable parcours du combattant), et c’est au jeune disciple de planter les pieux dans les cœurs. Une scène particulièrement stressante, pourtant soulagée par les pitreries de Polanski qui se prend les pieds là où il ne faut pas et qui, tremblant de trouille, doit abandonner son dessein. Les personnages du professeur et d’Alfred fonctionnent comme un duo comique inséparable tel Laurel et Hardy. Entre eux, les répliques fusent et font mouche. L’excentricité du vieillard mêlée à la bêtise de son élève les rendent tout à fait savoureux.

Roman Polanski n’oublie pas, bien entendu, de jouer avec les codes : les loups garou (qui sont frappés à coup de parasol), le château du Comte (qui semble tomber en ruines), la belle héroïne (qui a la passion des bains moussants), les héros (le professeur Abronsius est un Van Helsing quelque peu raté, plus proche de Tournesol dans Tintin, avec un physique à la Einstein), sans oublier le fils du Compte assoiffé de sang homosexuel condamné à subir la norme hétérosexuelle des Vampires (de jeunes filles vierges semblent plus délicieuses que les vieilles matronnes). Bref, Polanski s’amuse avec les règles du film d’horreur pour créer des situations plus rocambolesques les unes que les autres.

Il se plaît aussi à jouer un benêt, anti-héros de première classe, homme sans aucune audace ni intelligence. De toute façon, il est important pour Roman Polanski de se mettre dans la peau des personnages. Il répète beaucoup (énormément même) avec ses acteurs pour que tout s’imbrique parfaitement. Il ne laisse aucun détails au hasard et n’hésite pas à montrer quel « jeu » l’acteur doit adopter dans telle ou telle scène. Il n’est donc pas surprenant que de temps en temps, Roman Polanski fasse l’acteur (c’est même bien dommage qu’il n’y si exerce pas plus souvent), et ici, le pitre. L'épilogue est d'autant plus mordant, que son ironie valorise la bêtise humaine (l'amour) réduisant la force et la connaissance à néant.

Le Bal des vampires, film rythmé et drôle, est une perle humoristique menée tambour battants, avec bon goût et un sens du délire qui n'est jamais dévalorisé par la mise en scène, perfectionniste et esthétique.
 
Benjamin

 
 
 
 

haut