Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Familles à vendre


Russie / 2005

25.01.06
 



«- Je t’offrirai un cartable pour ton anniversaire.




- J’ai fini ma scolarité papa. Ne rappelle plus ou je t’arrache les yeux et te les colle aux fesses.
»

A l’heure de la mondialisation, de l’ultralibéralisme et de la société de consommation, on peut vendre et acheter en ligne des objets aussi absurdes que des petites culottes de stars, ce qui légitime l’achat d’un nouveau type de service : retrouver sa famille. En clair tout se marchande, au grand dam d’une société ex-soviétique guettée par la misère dont la matière première reste la chaleur humaine.
La galerie de portraits de personnages forts en gueule est proprement ridicule, absurde et touchante. A commencer par Edik, qui aurait pu être s’il avait été honnête un Jacques Pradel intercontinental. Son costume de détective/escroc, qui rappelle celui de Depardieu jouant le San Antonio de Frédéric Dard, est un éloge du mauvais goût : feutre sur la tête, long imperméable ouvert sur torse velu et chemise bariolée, chaussures en croco que le cinéaste s’amuse à filmer en gros plan en guise d’introduction.
Par l’utilisation de plans rapprochés successifs la caméra filme au plus près des sentiments. Une distance infime sépare le cinéaste de ses personnages, qui met en relief toute la géographie des visages et s’attarde sur des impressions changeantes et éphémères. Cette proximité efface la distance culturelle qui sépare les habitants de Golotvine du reste du monde. Subsistent des destins de Russes en marge, pour qui le gros plan prend parti, poétisant les personnalités.

L’infiniment petit côtoie l’infiniment grand : la nature au printemps filmée comme une ode passionnée. Les corps des personnages se perdent dans cette immensité paysagère comme des tableaux vivants. Un champ de coquelicot ressemble à une pub pour un parfum, exaltant les sentiments et l’amour de la terre. Le sujet du film est à chercher entre ces gros plans et ces plans larges, entre les personnages et la terre qu’ils habitent.
Pavel Lounguine impose un univers personnel, qui ne manque pas de points communs avec le cinéma de Kusturica (et d'Europe centrale en générale) entre autre pour ses situations absurdes, ses animaux improbables, son goût pour la fête, la musique et son vaste foutoir organisé. Des films enfin où la passion prime sur la raison.

Le choc des cultures était déjà le thème de Lignes de vie, il est ici au service de situations comiques, nées d’une incompréhension entre des personnages archétypaux que tout oppose. Chacun en prend pour son grade : l’ouvrier russe est conformément au cliché brutal et alcoolique, l’adolescent américain exporte son impérialisme culturel. On peut regretter un certain conformisme : on a déjà vu ce comique de décalage entre autre dans Un indien dans la ville, et son efficacité est un peu usée. Le regard corrosif que Lounguine portait sur la Russie dans Taxi Blues, Luna Park ou plus récemment Un nouveau russe a perdu de son mordant, au profit d’une sentimentalité un peu cliché. On retient quand même le regard touchant, sensible et authentique d’un cinéaste qui filme avec une distance ironique, proposant une analyse sociologique à la fois drôle et critique.
 
victor

 
 
 
 

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