|
|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
 |
|
|
Production : Appian Way, Killer films, Wells productions
Distribution : Diaphana films
Réalisation : Todd Haynes
Scénario : Todd Haynes, Oren Moverman
Montage : Jay Rabinowitz
Photo : Edward Lachman
Décors : Judy Becker
Musique : Bob Dylan
Durée : 135 mn
|
|
|
|
|
|
I'm not there
USA / 2007
05.12.2007
|
|
 |
|
|
|
Deux muses. Julianne Moore revient pour la troisième fois dans l’univers de Todd Haynes, mais en second rôle cette fois-ci après les très beaux Safe et Loin du Paradis. Moore incarne Alice Fabian, simili Joan Baez. Charlotte Gainsbourg incarne Claire, qui représente Suez Rotolo (amour de jeunesse) et Sarah (première femme). Haynes avoue avoir écrit en pensant à elle, contrairement aux autres comédiens qui ont été choisis après l’écriture. «Je me suis senti souvent très proche de ce personnage » avoue le réalisateur. « Claire regarde impuissant se dérouler la guerre du Vietnam à la télévision. Toutes ces années passées à développer et à écrire ce film ont été les années phares de l’administration Bush et de la guerre en Irak. » Ironiquement, le premier album que la chanteuse comédienne a acheté à 13 ans était un disque de Bob Dylan.
Je ne suis pas là. Le titre du film est un titre d’une chanson de Dylan. Une chanson mythique, pas commercialisée, extraite de Basement tapes, enregistrée à Woodstock en 67. On l’entend deux fois dans le film, dont l’une est une version reprise de Sonic Youth. « Ce titre m’évoque le célèbre vers de Rimbaud qui est cité d’ailleurs dans le film : « Je est un autre » ainsi que le thème de l’errance personnelle » affirme le cinéaste. La BOF comprend d’autres reprises (Yo la Tengo, Eddie Vedder, Calexico. Certains titres du CD ne sont pas dans le film, comme Just like a Woman par Charlotte Gainsbourg.
Faux biopics musicaux. Les Carpenters (Superstar : the story of Karen Carpenters) et Bowie, Iggy et Lou Reed (Velvel Goldmine) ont montré que Haynes s’intéressait à la pop culture et particulièrement ce rock qui n’en est pas...
Sortie minimale. Aux USA le film est sorti sur 130 écrans, récoltant un petit million de dollars de recettes durant sa première semaine d’exploitation. En France, il a fait l’événement de toute la presse écrite, des Inrocks au Monde.
Les 7 Bob. Dans le film des avatars cachent de véritables personnages.
- Woody Guthrie (Marcus Carl Franklin) est un fantasme de Dylan, qui se rêvait noir et orphelin.
- Jack Rollins et Pastor John (Christian Bale) sont le Dylan engagé et le rocker évangéliste (années 80).
- Arthur Rimbaud (Ben Whishaw) joue le poète rocker, le compositeur des premières années.
- Billy the Kid (Richard Gere), personnage de Western hippie, de Country, c’est évidemment le Dylan qui part de Woodstok et arrive à Nashville en passant par le film de Peckinpah dans lequel il joua.
- Robbie Clark (Heath Ledger) est une star, il est le Dylan planétairement connu, le motard ultra célèbre, celui qui a pu bénéficier d’un statut à part, de demi-dieu. Filmé, là, à la Godard.
- Pour finir, Jude (Cate Blanchett) est à la croisée de tout ça, celui de 1964, entre Beatles et passage londonnien, folk acoustique et notes électriques. Magnifié(e) à la 8 ½ de Fellini.
Huitième Bob. Charlie aurait du être le septième Bob Dylan. « Cette idée de multiplier les acteurs pour jouer un même personnage peut s’appliquer à nous tous. Tous, nous changeons, nous jetons nos anciens moi. »
Bob au féminin. Cate Blanchett a reçu le prestigieux prix d’interprétation féminine pour son interprétation « masculine » de Bob Dylan. « J’ai du mettre une chaussette roulée au creux du pantalon pour m’aider à marcher comme un homm » confesse-t-elle. Haynes est moins prosaïque : « Cate a une présence de superstar. Dylan était très puissant. Cate est en bonne position de reproduire cela.»
Venise et au delà. Outre le prix de Blanchett, le film a reçu deux autres prix : Prix spécial du jury et prix CinemAvenir. Il avait déjà gagné une mention à Venise pour Loin du Paradis. Le film a tourné dans plusieurs festivals : Toronto, Londres, Rio de Janeiro, New York, Vienne, Zagreb, Taipei...
Bob en résumé. Auteur, compositeur, chanteur américain né en 1941 au fin fon du Minnesota, près du Canada. Il a navigué dans plusieurs styles musicaux (rock, folk, country, blues et jazz). Influencé par la Beat generation, Rimbaud et Brecht, il est une référence pour ceux qui ont suivi comme Les Beatles, Bowie, Waits, Costello, …Il est connu pour accoler une poésie plutôt surréaliste voire onirique et philosophique sur des airs plus traditionnels. Son engagement social et même son activisme en ont fait un symbole d’une génération en pleines revendications politiques. Il aura été à l’origine d’une quarantaine d’albums au total. Si musicalement, il n’a pas eu l’impact des Rolling Stones, par exemple, ses textes ont été considérés comme parmi les plus beaux de la musique populaire de l’après guerre. Par ailleurs, il a aussi fait l’acteur, notamment dans Pat Garrett & Billy the Kid (Peckinpah, 1973), The Last Waltz (Scorsese, 1978).
v.
|
|
|
