La vida loca, ultime film-vérité de Christian Poveda

affiche la vida locaLa vida loca était le premier documentaire de Christian Poveda, 54 ans, à avoir les honneurs d'une sortie en salles. Assassiné de quatre balles dans la tête le 2 septembre au Salvador, il tournait un autre film sur une banlieue contrôlée par les gangs. Cinq suspects ont été arrêtés depuis. Le meurtre aurait été commandité par un membre du gang filmé, selon la police du Salvador. Poveda vivait dans ce pays depuis quelques années.

La vida loca immerge le spectateur dans les gangs (les "maras") de la Campanera à San Salvador (Amérique centrale). Reconnaissables à leurs tatouages qui parfois leur couvrent intégralement le corps, les membres occupent leur quotidien désespéré avec des meurtres et des guerres contre des bandes adverses. Il a proposé à deux gangs de les films mais il fallait qu'ils acceptent sa présence durant une année entière. A cause de cette close, la MS (Mara Salvatrucha) a refusé et le cinéaste a choisi de suivre la 18.

Il s'est intéressé particulièrement à une douzaine de jeunes, filles (enceintes) ou garçons. Le film les suit au tribunal, en prison, en famille, à l'hôpital, aux funérailles (régulières). La "règle du gang dit "tout pour le gang"", lance l'un d'entre eux lors d'un enterrement. Ils ont rarement plus de vingt ans. Familles démembrées, éducation minimale, pauvreté endémique, la bande leur amène une "famille", des "liens humains". Celarappelle les histoires d'enfants soldats en Afrique qui trouvent dans le groupe une sorte de foyer.

C'est la haine de ceux qui n'ont jamais rien eu

Le réalisateur avait affirmé que son film était un "documentaire sur la solitude humaine absolue". "C'est la haine de ceux qui n'ont jamais rien eu", disait-il. Et quand ils ont, ils gâchent tout. Les petits enfants issus de leurs accouplements sont vite orphelins ou abandonnés par leurs parents.

La vida loca est un film qui aspire au dialogue. Ramener à l'école certains, faire les médiateurs entre les gangs, réduire le crime. Il y aurait 15 000 membres répartis dans les eux gangs, dont la moitié en prison. On compte une petite dizaine de décès par jour. Un crime sur huit est explicitement lié à un des deux gangs. Et ça ne risque pas de s'arranger. Le documentariste qualifiait le Salvador de "pays ultramachiste où la violence se reproduit de mère en fils depuis la naissance". Cela faisait presque 30 ans qu'il arpentait ce pays comme photoreporter. Il ne bénéficiait d'aucune protection spécifique pour tourner son film, juste d'une autorisation policière...christian poveda

On lui doit des documentaires comme On ne tue pas le temps, Voyage au bout de la droite et Les bannis.

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A Paris, le film est projeté au Miramar et aux MK2 Beaubourg et Hautefeuille. Ailleurs le film est distribué à Angouleme, Bayonne, Biarritz, Blagnac, Bourges, Brignais, Brive-la Gaillarde, Bruay-la-Buissière, Buxerolles, Cherbourg, Colmar, Epinay-sur-Seine, Evry, Freyming Merlebach, La Mézière, La Rochelle, Lanester, Lattes, Mantes-la-Jolie, Marseille, Narbonne, Niort, Pau, Rivesaltes, Saint-Saturnin, Torcy, Tours, Villenave-d'Ornon et Villeneuve Les Beziers

Voir aussi : article dans Courrier International : la mort au bout de l'objectif et le site officiel du film

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commentairesUn commentaire
  1. Posté par Benjamin, le 1 octobre 2009 à 21:09

    Et j’irai le voir, je pense.

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