Indiana Jones and the last crusade
1989 - 6 248 000 entrées France (3ème au Box office)
 

1938. Les Nazis veulent s'emparer du Saint Graal, qui promet l'éternité à celui qui boit dedans. Pour cela, ils enlèvent le spécialiste de l'objet sacré, le Dr. Jones. Henry Jones. Le père d'Indiana. Un papa en conflit perpétuel avec son fiston (de son vrai nom Junior). De Venise à Berlin jusqu'au Caire et au Proche Orient, Indiana Jones va devoir affronter toutes sortes d'obstacles.

Scénario : Jeffrey Boam (d'après un sujet de George Lucas)
Musique : John Williams
Image : Douglas Slocombe
Montage : Michael Kahn
Durée : 105 mn

casting:
Harrison Ford (Indiana Jones)
Sean Connery (Pr. Henry Jones)
Denholm Elliott (Dr. Marcus Brody)
John Rhys-Davies (Salah)
River Phoenix (Indiana jeune)

Il y avait la face sombre (le deuxième opus), voici la face éclairée. " Indiana Jones et la dernière croisade " plonge son héros dans l'immortalité, et nous le rend plus sympathique encore. C'est une véritable séquence de retour aux sources, de psychanalyse imagée à laquelle on a droit, avec le mythe du père (encore une fois assez irresponsable) et les explications des traumas et fétichismes (des serpents au fouet, en passant par le Stetson). Si le film clôt la trilogie, il ouvre aussi une série TV, " les aventures du jeune Indiana Jones ". Le personnage échappera définitivement à Spielberg, tel que celui-ci le souhaitait. D'ailleurs ce troisième épisode confirme la mise à distance entre le héros et ses fabricants. Ford (qui vient de recevoir des louanges pour " Witness ", " Mosquito Coast " et " Working Girl ") comme Spielberg (qui sort de deux films sérieux) vieillissent et ont d'autres ambitions. Même le titre a quelque chose de définitif.
Beaucoup des fans de la saga critiqueront le réalisateur d'avoir mis autant d'humour et de dérision, de lumière (sur le personnage) et de légèreté dans cet épisode. On peut aller plus loin en mentionnant le fait que cette croisade emploie un ancien James Bond, 8 acteurs ayant déjà joué dans les aventures de 007. L'ombre de l'espion britannique est partout, jusque dans le choix de Venise. Spielberg va jusqu'au bout de sa démarche d'insérer des références partout. Il utilise River Phoenix pour jouer le jeune Indy, soit l'acteur qui fut le fils d'Harrison Ford dans "Mosquito Coast ". Clairement, le réalisateur souhaite s'amuser avec cette ultime commande.
Il y aura bien cette scène de bateaux dans Venise, qui fut un cauchemar pour le cinéaste de " Jaws ". Mais il se laisse convaincre des propositions de Connery pour faire place à l'improvisation calculée et aux répliques bien écrites. Il y a d'ailleurs des idées de mise en scène bien plus travaillées que dans les deux autres films, des séquences un peu allégoriques, flegmatiques ou fantaisistes et bien entendu quelques frustrations et manque d'originalité. Beaucoup n'y voit qu'un remake du premier, et surtout la plupart des cascades (excepté celle du char d'assaut, captivante) et le final (décor un peu cheap) n'ont rien de spectaculaires. Les effets sont donc concentrés sur les personnages, des seconds rôles améliorés, les dialogues et des rebondissements. Une comédie d'action et non une aventure comique. C'est artistiquement le film le plus bâclé, mais le but ne se situait pas dans les décors ou les effets. Spielberg se contente de jouer les faiseurs, de la même manière que pour " The Lost World ". Le numérique faisant son apparition, il rend un morphing plus clinique que viscéral.
Ce qui sauve cette ultime croisade - au contraire du second Jurassic Park - c'est l'inventivité, le plaisir des auteurs et des acteurs. Plutôt que de sanctifier le final (l'apocalypse dans le I, l'enfer dans le II), il préfère rendre immortels ses héros. Une fin ouverte. Quand il réalise Indiana III, Spielberg veut réhabiliter son héros, renouer avec le succès, et achever une décennie où il sera passé du statut de réalisateur estimé à celui de star internationale. Depuis Hitchcock, on n'avait pas vu un réalisateur faire les couvertures de magazine.
Bizarrement, le film réussira sur tous les points ou presque. Véritable triomphe mondial, tout le monde s'accorde à féliciter Sean Connery, dont l'humour british apporte une dimension nouvelle à la série. Ici, les coups sont verbaux. Par conséquent, Connery diminue d'autant l'impact du personnage, qui passe sans cesse du rôle de héros maladroit à celui de gosse humilié. Le sacré Graal devient la désacralisation d'Indy. En fait, le casting apparaît vite comme idéal (y compris le choix du bourreau des cœurs River Phoenix). Seules ombres au tableau, l'absence d'un vrai méchant mais aussi d'une blonde fatale pour le héros, ce qui en fait une aventure très masculine, hormis la présence d'une femme cupide qui permet à Spielberg de régler ses comptes avec son ex-femme.
La quête du Graal est aussi la fin d'une ère et de sa propre quête pour le réalisateur. Ce tournage fut une aubaine pour lui permettre de prendre confiance en lui avant de réaliser des films plus " personnels ". C'est vrai que cet Indy III ressemble à des vacances comparées aux harassantes aventures de 1936 et à l'odyssée infernale de 1935. En 1938, Indiana et son papa sont sur la plage et font voler les mouettes !
Le divertissement nous a fendu la rate. Plus que jamais, le film ressemble à un jeu vidéo captivant, avec un tableau par défi. Désormais la place d'Indiana Jones est dans un musée (comme dit dans le film). Depuis tout le monde attend un quatrième épisode de moins en moins réaliste et réalisable. Mais la question est rituelle lors des conférences de presse de Spielberg, Lucas, et Ford.
 
      Dossier réalisé par Vincy + PETSSSsss
      (C) Ecran Noir 1996-2005