Eraserhead - Elephant Man - Dune - Blue velvet - Wild at heart - Twin Peaks: Fire walk with me - Lost highway - The Straight story - Mulholland drive
 
 Production: Ciby 2000
 Scénario: David Lynch
 Photo: Ronald Victor Garria
 Musique: Angelo Badalamenti et David Lynch
 Durée: 135 mn
 
 
 Sheryl Lee (Laura Palmer)
 Kyle MacLachlan (Agent Dale Cooper)
 Kiefer Sutherland (Agent Sam Stanley)
 Chris Isaak (Agent Chester Desmond)
 
Twin Peaks (Fire walk with me)
USA/ 1992
 
Twin Peaks, 51201 habitants. Deux agents du FBI, Desmond et Cooper, enquêtent sur le meurtre de Teresa Bank, retrouvée assassinée sur le bord d’une rivière. Baignée d’indices incompréhensibles et d’événements étranges, l’enquête se poursuit avec, en parallèle, les images des sept derniers jours de Laura Palmer, dont une sombre conspiration menaçait la vie un an plus tôt.
 
 
Complément ésotérique et remaniement habile de sa propre série télévisée, « Fire Walk With Me » est souvent assimilé au chef-d’œuvre d’envergure de David Lynch.
Entre « Blue Velvet » et « Sailor et Lula », Lynch concocte avec le scénariste Mark Frost une série télévisée de 30 épisodes (avec le pilote) intitulée « Twin Peaks », où le sentiment de folie et de perversité camouflée derrière le quotidien des « gens normaux » trouve son paroxisme. Seule série télévisée du réalisateur qui mérite qu’on s’y attarde plus longuement, d’autant qu’elle tisse bien évidemment le lien avec « Fire Walk With Me », une page lui est entiérement dédiée.
Revenons au film, qui cristallise l’essence de la série sous la forme épurée d’un prequel qui frôle la perfection cinématographique.
Wagner rêvait d’aboutir à « L’art total », qui réunirait chaque vecteur artistique pour n’en faire qu’un, unique et fascinant. Malheureusement, et malgré les moyens démesurés mis en sa disposition à Bayreuth, ce projet ne formait qu’un amas mal ordonné de portions « artistiques » (peinture, danse, musique, etc) plutôt indigeste et grossier.
Chez Lynch, parlons plutôt d’« expérience ». Car si « Fire Walk With Me » est un film inclassable, il n’en reste pas moins le reflet à jamais statufié de « L’expérience totale ».
Mêlant un délire visuel de la plus grande beauté à la musique désormais habituelle, mais toujours superbe et renouvelée de Badalamenti, avec un lot d’émotions puissantes qui oscillent entre la peur (l’effroi pur et tranchant), le rire franc et jouissif, les larmes nombreuses, et la réflexion, « Fire Walk With Me » est une œuvre aussi facile d’accès que monstrueusement complexe et tortueuse. Lynch vient de créer un univers à part, un monde parallèle, une brèche praticable mais aux multiples pièges qui dévorent le spectateur imprudent.
Une expérience, proche de l’hypnose. Personne n’en ressort indemme, une fois encore.
Lynch consacre au film un travail titanesque sur l’expérimentation, dans l’écriture (sans Mark Frost), les cadrages, le montage, la construction, et le travail sur les effets sonores, dont il signe comme toujours la manufacture. Pour cette raison, « Fire Walk With Me » propose au spectateur avide de névroses Lynchiennes une farandole continue de séquences d’anthologie, fil doré dans ce tissu fastueux qui enveloppe ce monde étrange et dangereux dont personne ne veut réchapper. Bienvenue à Twin Peaks.

Romain
 

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