- Emmanuelle Beart
 - Pascale Bussières
 - Sami Bouajila
 - Jean Pierre Kalfon  - Site officiel de Corsini
 

(C) 96-01 Ecran Noir

La Répétition
France
Sélection officielle (en compétition)
Projection: 12 Mai 2001
Sortie en salle : 22 août 2001 (France)

Réalisation: Catherine Corsini
Production: Les films Pélléas, Cinemaginaire, Studiocanal
Scénario: Catherine Corsini, Marc Syrigas, Pascale Breton, Pierre Erwan Guillaume
Montage: Sabine Mamou
Photo : Agnes Godard
Durée: 95 mn
Emmanuelle Beart (Nathalie)
Pascale Bussières (Louise)
Sami Bouajila (Nicolas)
Jean Pierre Kalfon (Walter Amar)
 
Nathalie et Louise sont inséparables depuis l'enfance. Mais Louise aime trop Nathalie. Et Nathalie aime trop sa liberté. Leur destin bascule après la première d'une pièce où elles jouent; Nathalie sera comédienne; Louise prothésiste dentaire. Et Louise ne voudra plus voir Nathalie.
Jusqu'au jour où, des années plus tard, Nicolas, son mari, l'emmène voir une pièce. Nathalie en est la vedette. Elles se retrouvent. Pour quelques rires, quelques pleurs, et leur plus grande peur.
 
 
Corsini est une cinéaste en devenir. Son précédent film, La Nouvelle Eve, avait reçu les éloges, et sacrée une comédienne, Karin Viard. Ici elle réunit une star française, Béart, déjà en compétition les précédentes années pour Le Temps retrouvé et Les destinées sentimentales, et LA comédienne du moment au Québec, la prolifique Bussières, la Binoche de la Belle Province.
Ici la répétition, c'est évidemment celle du théâtre, mais aussi la névrose de la répétition, névrose obsessionnelle qui essaie de répéter une histoire vécue.
Tourné à Copenhague, Paris et dans le dus de la France, La Répétition est un des 4 films français en compétiotion cette année.
 
LE FLOP

"Je suis certaines que tu auras le rôle de Lulu, elle est infidèle, manipulatrice et indifférente, tout cela t'ira comme un gant."

Il y a en effet un phénomène de répétition, lasse, à voir encore Béart dans un casting féminin, dans une histoire à fleur de peau, cherchant à montrer l'étendue de son registre. A voir Bussières dans un énième rôle de névrosée cruelle et destructrice, possessive et égoïste, "loser", comme si son visage n'inspirait que ça. A voir enfin, un film français aussi peu original artistiquement, rarement beau, toujours un peu trop "nouvelle vague" façon auteuriste. Rien d'époustoufflant.
Ici, Corsini nous raconte l'histoire de deux amies, deux soeurs, passionnellement attachées l'une à l'autre, fusionnant leurs vies. Evidemment cela dure un temps, seulement. Cet amour est tellement vécu de manière différente - l'une mettant cet amour au service de sa vie, confondant la scène et le quotidien, l'autre préférant aimer uniquement - qu'il sera impossible à vivre. Leurs névroses les conduiront à un acte de grâce ultime, une relation sexuelle (mal filmée), avant de s'entre-déchirer dans la destruction et l'auto-destruction. Psychologiquement crédible, le scénario n'en est pas moins pénible à supporter, tellement il alterne les clichés, les convenances et en gros, un réel manque d'imaginaire.
Cet amour trop puissant qui conduit l'une à vouloir extérioriser sa nouvelle sexualité, sa nouvelle vie, et l'autre à continuer d'être libre, ira au clash; Nathalie est condamnée à être seule, sans son amie qui la détruit; Louise est pathétiquement à la recherche de morceaux de vie de Nathalie, comme on respire un foulard parfumé pour penser à un amour perdu.
Le film est pauvre en dialogue ("don't ecrase my freunde"), sa photo est banale, et il ne met en relief ni ses acteurs ni cette vague observation romanesque d'un lien aussi peu explicable. Un mauvais Téchiné, en quelques sortes. Rien ne nous est épargné, ni la scène de cul, ni la tentative de suicide... La Répétition n'a pas d'ambition. C'est regrettable pour le spectateur. Il se consolera avec deux très belles actrices. Ne parlons pas des autres, on ne leur laisse pas le temps d'installer de la nuance dans leurs personnages : Kalfon, Bouajila, Marini et Levy méritaient mieux.
Il y a bien sûr cette frontière entre la passivité qui terrorise et l'amour impossible qui envoûte. Une frontière que Corsini explore, frôle, mais jamais ne nous traverse pour nous dépayser vraiment, nous emporter ailleurs, quelques part entre les rides de sa Louise et les yeux troublés de sa Nathalie. On finit un peu comme le personnage de Béart, laissés à nous-mêmes sans vraiment avoir compris ce qu'il s'est passé.

Vincy-