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(C) 96-01 Ecran Noir

Atanarjuat, the fast runner
Canada
Sélection Un certain regard
Caméra d'or 2001
Sortie en salle : 13 février 2002

Production : Igloolik Isuma Productions Inc.
Réalisation : Zacharias Kunuk (Premier long-métrage)
Scénario : Paul Apak Angilirq
Photo: Norman Cohn
Montage : Norman Cohn, Zacharias Kunuk, Marie-Christine Sarda
Costumes : Atuat Akkitirq, Mivheline Ammaq
Musique : Chris Crilly
Durée : 172 minutes
Atanarjuat : Natar Ungalaaq
Atuat : Sylvia Ivalu
Oki : Peter Henry Arnatsiaq
Puja : Lucy Tulugarjuk
Panikpak : Madeline Ivalu
 
L'action se déroule à Igloolik, petite-île située dans la baie de Baffin, région arctique Canada. Une communauté d'Inuits nomades vit tranquillement dans ces contrées jusqu'au jour où un chaman étranger au groupe vient perturber ce calme olympien en instaurant une rivalité entre deux familles.
Une vingtaine d'années plus tard, deux frères décident de faire face à ce mal qui règne depuis trop longtemps : Amaqjuaq, l'homme fort et Atanarjuat, l'homme rapide.
Atanarjuat gagne la main de la belle Atuat au détriment d'Oki, le fils du chef du campement qui jure de se venger. La revanche ne se fera pas attendre ; Oki tend une embuscade aux deux frères : Amaqjuaq ne s'en sortira pas vivant mais Atanarjuat parvient à s'enfuir en courant nu sur la banquise printanière. Reste à savoir si notre héros parviendra à échapper aux représailles d'Oki.
Entrez dans la légende…
 
 
Si la légende d'Atanarjuat n'est connue à ce jour que par les Inuits (en esquimaux " humains ") qui se la transmettent oralement de génération en génération, le cinéma lui permet de nous la faire découvrir et d'assurer sa pérénité.
Avec Atanarjuat, La légende de l'homme rapide, Zacharias Kunuk, réalisateur et producteur signe un premier long-métrage de fiction remarquable à tous les niveaux.
Tout d'abord, le film est le fruit d'un réel travail communautaire. Tous les acteurs sont locaux et tout ce qui se dévoile sous nos yeux- ébahis - a été entièrement reconstitué. Outre les paysages d'une splendeur extrême (vaste étendue blanche à perte de vue, banquise…), les éléments du décor font eux aussi preuve d'une authenticité certaine. Les instruments de chasse, les traîneaux, les kayaks, les outils, les vêtements (en peaux d'animaux) et les habitations ont été élaborés conformément aux coutumes Inuits. Même les repas (morses, caribous et autres poissons) ont été minutieusement concoctés.
Su un plan technique, le film fait preuve d'un réel travail d'authenticité, les trois heures de film ayant été tournées sur place et la distribution étant entièrement composée d'Inuits originaires d'Igloolik.
Au niveau de l'image, les technologies de pointe sont au rendez-vous. Le film a été tourné en Bétacam numérique, écran large (16/9è) puis transféré sur une pellicule de 35mm. Norman Cohn, directeur de la photographie explique ce choix : " Nous voulions que le spectateur se sente au cœur de l'action, comme s'il participait et regardait vers l'extérieur et non l'inverse ".
Anatarjuat a reçu cinq Génie, équivalents canadiens des Oscars, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.
INOUÏS INUITS

 
Difficile de dire du mal de ce premier long-métrage signé Zacharias Kunuk. En effet, le producteur et réalisateur nous offre avec Atanarjuat une œuvre épique sur grand écran. Les paysages sont d'une beauté inégalée, le jeu des acteurs d'une véracité exceptionnelle, le tout nous plongeant au cœur d'une communauté jusqu'alors inconnue ou presque. Fini les stéréotypes concernant les aborigènes. Ici, nous ne voyons que du vrai.
Outre ces éléments inhérents au film, Atanarjuat fait preuve d'une collaboration artistique rare entre des Inuits, une équipe de production secondée par une poignée de professionnels venus du sud et un réalisateur en parfaite symbiose avec ses acteurs. Le résultat est à la hauteur des ambitions de Zacharias Kunuk. Il parvient sans difficulté à faire entrer son spectateur dans un récit du passé lointain qui finalement présente des similitudes impressionnantes avec des sentiments et des évènements d'aujourd'hui. Haine, amour, adultère, bain de sang, vengeance, réconciliation, autant d'éléments qui finalement se classent hors du temps. Par ailleurs, Z.Kunuk décrit avec justesse les valeurs importantes de ces personnes appartenant à un " autre monde " : l'importance du mariage, l'échangisme, la polygamie, la vie familiale, le chamanisme, le respect des aînés, des enfants et des animaux…
Seul hic peut-être, certaines scènes qui ne trouvent pas vraiment leur place au sein du film, notamment celle où Atanarjuat court nu sur la banquise ou encore certaines longueurs injustifiées.
Quelques détails qui n'enlèvent rien à la beauté de cette première œuvre cinématographique qui fera réfléchir les spectateurs sur la difficulté et la capacité des êtres humains à vivre paisiblement au sein d'un même monde. Problème universel certes mais qui reste à ce jour sans solution.

Aurélie-