1953
Le Salaire de la peur

de Henry G. Clouzot
(France)
Zoom sur l'année 1953
Les Prix et Jurys

Le Salaire de la peur de Clouzot est un film de grand suspense et d’aventure, un road movie avec des nuances politiques dont le pessimisme et le cynisme en font aujourd’hui un film d’actualité tout autant que lorsqu’il est sorti sur les écrans américains et européens en 1953.

La première moitié du film, reminiscence du Trésor de la Sierra Madre de Huston (1948) situe l’ atmosphère dans la pauvreté d’un bidonville d’amérique du Sud, Las Piedras, où s’est établie la compagnie d’essence du Sud (CES). La majeure partie de l’action prend place dans le café de la ville, tenu par Hernandez, où les gens viennent s’échapper du soleil brulant et où les étrangers trop pauvres pour se payer un billet de retour essayent de passer le temps.
La brute américaine, Bill’o Brien tient le CES sans aucun respect pour la vie et la sécurité des indigènes qu’il emploie. Dans une des scènes les plus politiques (anti-américaine), O’Brien tient une réunion afin de mettre sur pied une mission des plus dangeureuses. 200 gallons de nytroglycérine doivent être transportées sur une route de 300 miles à une wellhead. Afin d’éviter de payer la compensation aux familles an cas de mort, O’Brien suggère d’engager des étrangers pour cette mission-suicide. Les quatre étrangers sont Mario, un jeune homme d’origine corse, élevé en France, Luigi un maçon optimiste de la calabre, Bimba, un élégant allemand, survivant des camps de concentration, dont nous découvrirons plus tard l’homosexualité, et Jo un gangster français dans la cinquantaine.

Cette dangeureuse mission donne l’opportunité aux quatre hommes d’atteindre leur rêve : la liberté.
Le voyage commence donc dans la seconde moitié du film qui devient peu à peu un road movie. La camaraderie mâle et les thèmes souvent employés de la mysogine et de l’homosexualité font leur apparition. Les personnages maculins se défient constament. On assiste à cette camaraderie mâle au travers d’ images d’embrassades et une scéance de pisse communautaire. Le seul personnage féminin est celui de Linda qui apparaît pour la première fois dans le café en train de laver le sol du café tout en échangeant des regards amoureux à Mario. Linda ( joués par la femme de Clouzot) est sur sur ses genoux , se blotissant près de Mario qui la caresse comme un chien. Plus tard, Linda voit Jo mettre sa main sur celle de Mario, Clouzot cherche à montrer la réaction perturbée de Linda dans un zoom rapide du point de vue de Linda.
Ceci établit l"un des deux set de personnages qui se bat pour l’attention de Mario : Linda contre Jo, et plus tard Jo contre Luigi (Mario la petite femme).

La première moitié du film établit donc Linda comme un personnage intrus dans la camaraderie masculine. Certains critiques ont interprété la deuxième moitié du film comme une journée existentielle. En effet, le personnage de Mario obsédé par l’argent qui l’attend an cas de réussite traite Jo de façon inhumaine. Alors que le camion est embourbé, Jo descend pour aider Mario à passer. Jo se retrouve coincé et Mario lui écrase la jambe en toute conscience avec le camion. Plus tard, Alors qu’il essaye de dégager, Jo se retrouve aussi dans la flaque de pétrole. Cette scène symbolise quelque peu le baptème des deux hommes dans l’huile noire et Mario retrouve alors son coté humain et son sens de la compension envers le viel homme mourrant.

Le cynisme du film est présent du début à la fin. Le film commence avec la scène d’un jeune garçon en train de pendre quatre scarabés. Cette scène constitue visiblement un indice sur le destin de nos quatre compagnons de route. Dans la dernière séquence, dans un montage parallèle, Clouzot nous montre Mario retournant à Las Piedras et les habitants dansant dans le café sur une musique de Straus. Mario se laisse aller et conduit sans faire attention. Soudain il perd le controle de son véhicule.



[Index] [Actualités] [Films & Sélections]
[Interviews] [Destination Cannes] [50 Festivals]


© Volute productions 1997
© Hors Champ 1997