Berlin 2016
18 films en compétition pour le jury de Meryl Streep. Le grand chelem des festivals est lancé pour la saison 2016, avec, au programme Denis Côté, Jeff Nichols, André Téchiné et Mia Hansen-Love.


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 (c) Ecran Noir 96 - 24









Si certains se réjouiront des deux invités surprises - un film québécois et un film d'animation - parmi les meilleurs films de l'année, soyons assuré que les Césars sentent de plus en plus le sapin. Bien sûr Rappeneau et Resnais sont de très bons cinéastes et leurs films sont de grande qualité technique (et de sérieux échecs publics). Mais l'année était ouverte. Oubliés Miller et sa Petite Lili, Téchiné et ses Egarés. Soit.

Mais quand l'ensemble des prix couronne Lucas Belvaux pour sa trilogie audacieuse, on est déjà plus surpris de son absence dans la catégorie reine. Le conservatisme ambiant de l'Académie fait peur. Préférer une gentille comédie de moeurs à une authentique expérience cinématographique qui a reçu toutes les éloges, cela devient trop ostensible. Ce voile sur une production cinématographique française plus courageuse, plus innovante, et moins consensuelle (en vrac Qui a tué Bambi, Cette femme-là, Tiresia, Depuis qu'Otar...) devra un jour faire naître un contre-César, qui apportera le bol d'air nécessaire au 7ème Art franchouillard.

Car force est de constater que le cinéma français, plus dynamique qu'on ne le croit, n'a pas satsifait notre appétit. Trop de grosses machines et peu de films mémorables. Un déclin révélé par la présence de deux carte vermeille mais aussi par les deux surprises dont nous parlions. D'ailleurs notons l'invasion des films produits par le Québec ... Que font les producteurs hexagonaux?



La salade César, sans la sauce

Le livre Bye Bye Bahia



Il va falloir s'inquiéter. Après un film en anglais, réalisé par un cinéaste européen, tourné en Pologne, et parlant de la Pologne, c'est un film québécois qui emporte le trophée. Il faut avouer qu'il n'y avait pas de favoris consensuels. Chacun avait son chouchou. On s'imaginait alors un saupoudrage équilibré, "politique". Au lieu de cela, avec une année paumée entre vétérans (pour ne pas dire doyens) et jeunes loups et louves, refusant toujours les films de genre au nom d'un classicisme obligé, nous avons vu une cérémonie funèbre pour le cinéma français.

La claque est même monumentale. Un acteur égyptien (un césar d'honneur pour Omar n'aurait pas été de trop dans une soirée dénuée de glamour, oubliant le patrimoine). Une actrice dans un rôle en japonais (le film d'ailleurs avait suscité la controverse sur son financement puisqu'il n'était pas en langue française). Un césar pour le compositeur québécois des Triplettes de Belleville. Et le brelan d'as pour le Canadien Denys Arcand (film, réalisateur, scénariste). Gasp. Ne sait-on plus faire de grands films en France pour que deux années de suite le César reviennent à une production internationale avec un sujet complètement extérieur au frontières géographiques? On serait tenté de répondre cyniquement "oui". Les deux films les plus singuliers parmi les 5 nommés étaient québéco-français. Preuve de la vitalité de ce cinéma venue de la Belle Province. Triomphe (sacre même) pour Arcand. Soit. Rappeneau et Resnais l'avaient déjà eu, et surtout ce n'était pas leur meilleur film.

Mais l'ironie est ailleurs. Dans une soirée sans hommages (Presle seulement), sans vedettes internationales, sans peps dans la mise en scène (mais avec de gros problèmes de son), nous eumes le droit aux revendications sociales (une fois aurait suffit surtout quand il y a la qualité d'écriture et de conviction de Jaoui pour les défendre). Nous fumes heureux de voir Gad s'en sortir plutôt bien, élégamment. Le reste était tragi-comique. Changez d'idéateur, comme on dit du côté du Mont-Royal. Le concept a fait long feu. Les César n'intéressent plus personne, surtout quand les grands films ne sont plus là, quand les grandes vedettes sont absentes. Même le président de France televisions lit le journal pendant la cérémonie. Pas de César d'honneur pour Chabrol ou Piccoli. C'était pourtant l'année. Non rien, hormis ce moment étonnant de Depardieu père, bourré ou à l'ouest, sur scène, comme égaré. Il faut dire que Julie, sa fille, a eu deux Césars. Mérités. Un de trop (le mot de la soirée). Même elle trouvait bizarre d'être sélectionnée en espoir. Mais le plus drôle c'est que Julie était nommé pour son second rôle dans La Petite Lili. Production québécoise (en partie).

Ajoutons une dernière chose : le grand gagnant de la soirée c'est Thierry Frémeaux, responsable de la sélection du festival de Cannes : 8 Césars aux total (sur 18). Clairement, mieux vaut aller voir sur la Croisette si on y est.



Vincy/Chris