Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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C'est au Bristol que nous avons rencontré Tom Hanks, à l'occasion de la sortie de son dernier film, " Seul au Monde ", de Robert Zemeckis. Conférence.
Ecran-Noir : " Seul au Monde " fait penser à l'émission télévisée Survivor, mais aussi à " Erin Brokovitch ", car il met en scène des personnages ordinaires dans des situations extraordinaires...





Tom Hanks : Se retrouver sur une île déserte, ce n'est pas quelque chose de romantique, de formidable. Le film en lui-même a été une grande aventure, et le tourner a été une expérience très réjouissante pour moi. Mais le fait d'être la seule personne à être devant la caméra du début à la fin a été difficile, car les conditions de tournage n'étaient pas facile. Mais, en même temps, c'est très bon pour l'ego... Même si à un certain moment, ça commence à devenir difficile à vivre... Quand Wilson (un ballon de volley dont le héros fait son Vendredi) fait son apparition dans le film, ça n'a pas été seulement bien pour Chuck, mon personnage, mais aussi pour moi...

E.N. : Tourner un tel film représentait un certain risque, tant pour Robert Zemeckis que pour vous. Est-ce que pour vous, ce film était un acte de foi ?

T.H. : Un film est toujours un acte de foi. Dans ce cas, c'était le cas plus que jamais: Tous les jours, après chaque scène, on se demander si le public allait être intéressé et avoir envie de le voir. Tous les jours, nous devions dépasser ce doute, et ce n'était pas toujours évident. Le film a surtout été basé sur la confiance mutuelle que nous nous portons Robert et moi, et nos expériences précédentes nous ont permis de nous lancer dans l'aventure.

E.N. : Après le tournage de " Seul au Monde ", seriez-vous capable à présent de vivre sur une île déserte ?

T.H. : Non, pas sans prendre énormément de choses avec moi! Sur le tournage j'ai appris beaucoup de choses , et en particulier tout ce qu'il ne faut pas faire dans ces conditions, et j'éviterai de recommencer les erreurs de mon personnage. Mais je ne me vois pas vraiment vivre seul et retiré du monde pendant si longtemps !

E.N. : Pendant le " séjour " de Chuck sur l'île, il n'y a pas de dialogues, est-ce que cela a été un soucis pour vous, avant et pendant le tournage ?

T.H. : C'était aussi un grand défi pour moi! Souvent, quand on reçoit un scénario, il y a beaucoup de texte, pour expliquer et convaincre ceux qui vont le lire : les producteurs, les comédiens... puis après on allège le tout, soit par fainéantise et parce qu'on ne veut pas dire toutes ces lignes, soit parce que les dialogues ne sont pas indispensables pour l'action du film. Dans le cas de " Seul au Monde ", il y avait très peu de dialogues ds le début. C'est assez déstabilisant pour un comédien, car un acteur a deux choses pour s'exprimer : sa voix et son corps. Là, je n'avais qu'un seul de ces instruments à utiliser, et j'ai du utiliser beaucoup de mes ressources intérieures pour pouvoir jouer ce rôle.

E.N. : Ne pensez-vous pas, que, dans le film, il a été beaucoup plus difficile pour votre personnage de se réinserer dans sa vie d'après que de se retrouver seul sur l'île ?

T.H. : Le retour à la civilisation est un choc physique pour Chuck, parce qu'il se rend compte que la terre a continué de tourner sans lui, que les gens de son entourage ont continué à vivre. Dès le début du projet, c'est cette partie du film qui a posé le plus de problèmes, car nous n'arrivions pas à résoudre la fin. Chuck pouvait être plein d'émerveillement, ou, au contraire, se sentir misérable, ou encore, se comporter comme un enfant sauvage qui redécouvre la civilisation après trois ans d'absence; mais rien ne semblait juste. Finalement, Robert Zemeckis a trouvé la solution. Quand Chuck revient, il a l'impression que tout s'est déroulé en un clin d'oeil, et il est confronté à toutes les choses auxquelles il n'est pas préparées et dont il n'a pas vraiment envie : la fête qu'on organise pour son retour; la perte de l'amour de sa vie... Et il ne sait plus rien par rapport aux choses les plus profondes de sa vie, et doit réapprendre.

E.N. :Dans le film, on a l'impression que Chuck n'a plus la notion du temps. Comment rendre compte à l'écran du temps qui ne passe pas ?

T.H. : Sur l'île, Chuck est à la merci du temps pour deux, trois, quatre ans, et il est à la merci de ce qui se passe pendant ce laps de temps. Au début du film, Chuck a les contraintes de temps liées à sa vie professionnelle, à sa vie amoureuse, à sa vie sociale. Sur l'île, il n'a plus les mêmes contraintes, mais cela ne veut pas dire qu'il n'en a plus. Le fait de devoir chercher de la nourriture, de devoir survivre, fait qu'il ne se rend pas compte de cette disparition du temps. En fait, la notion de temps s'instaure selon le rythme du jour et de la nuit, du lever et du coucher du soleil.

E.N. : Pour ce film, qu'est-ce qui vous ferez le plus plaisir : un nouvel Oscar ou la nommination de Wilson dans la catégorie " Meilleur second rôle " ?

T.H. : (Rires) Certainement que Wilson devrait être récompensé; de plus, son discours de remerciement serait très court, et ça, c'est rare dans ce genre de cérémonie !

E.N. : Vous jouez toujours des personnages profondèment bon, pourquoi ne choisissez-vous jamais des rôles de méchants ?

T.H. : Ca ne m'intéresse pas de jouer un être corrompu sans raison. Si, pour une raison tout a fait valable, le personnage que j'aurais choisi d'incarner devait faire de mauvaises choses, ça ne me dérangerait pas, mais jouer le rôle d'un méchant pur et dur ne m'intéresse pas.

E.N.: Pourriez vous nous parler de " Something Brother ", votre nouveau projet ?

T.H. : Le tournage est à présent terminé. ce sera une série pour la télé qui durera dix heures environ. La série porte sur trente personnages, qui évoluent dans les années 1939-1942. La série est basé sur l'histoire de Steven Amonos, et raconte les aventures de jeunes gens durant la seconde guerre mondiale. ce qui est intéressant dans cette série, c'est que nous n'avons pas voulu reprendre les conduites héroïques , mais montrer comment les gens, par leurs actions, peuvent avoir des répercussions sur le futur. La série montre différents aspects de l'impact des actions de ces jeunes gens pour l'Histoire et pour leur histoire personnelle. Chaque épisode traîtera d'un sujet bien précis; par exemple, l'un d'eux sera consacré au D Day, un autre sera une aventure en Hollande... En tout cas, la série montrera des aspects de la guerre qui n'ont pas encore été exploité à l'écran.


   vincy, rédaction