Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



Karim Aïnouz
Toni Servillo
Félix Dufour-Laperrière
Jayro Bustamente
Gilles Perret
Hélène Giraud
Ryusuke Hamaguchi
Rohena Gera







 (c) Ecran Noir 96 - 24



C'est dans un hôtel parisien, bien loin de l'ambiance de The East que son réalisateur, Zal Batmanglij apparaît tout sourire à notre rencontre. «Bien on est en France alors pas d'anglais. On fait l'interview en français!» dit-il dans un français parfait. Enjoué et passionné, pour son second long métrage, c'est donc dans la langue de Molière qu'il a accepter de répondre à nos questions.
Écran Noir: Qu'on soit une personne engagée ou non, en voyant le film on comprend les actions de ce groupe terroriste et même si on ne peut pas faire la même chose, car cela est trop radicale, on peut s'imaginer le faire.




Zal Batmanglij: C'est un fantasme. Ce sont les choses que je voulais faire mais que je ne fais pas. Par contre, lorsque nous voyons un film comme ça, ça nous réveille un peu, je crois.

EN: Pourquoi ce titre: The East?

ZB: Est-ce que vous connaissez les histoires du magicien d'Oz? Son auteur lorsqu'il avait écrit Oz, avait fait le personnage de la sorcière de l'Est par rapport à Washington. Il croyait que Washington était un endroit mauvais où on y écrasait des lois et où on y aidait pas les personnes démunies. Pour lui Washington, l'Est était un endroit puissant et diabolique. Un autre monde. Une sorcière.

EN: Il y a beaucoup de thèmes dans votre film: de l'espionnage, de l'amour, de l'écologie, qu'est-ce qui vous a inspirez exactement? Y-a-t-il des films en particulier qui vous ont inspiré?
ZB: Il n'y a pas de film qui m'a donné l'idée mais plutôt plusieurs. Vous avez vu les films des années 70? Un peu d'espionnage ce genre de chose. Ces films donnent un ton particulier, un ton exaltant. J'aime ça, j'aime lorsque je suis spectateur d'être à fond dedans puis lorsque je rentre chez moi de penser encore au film que je viens de voir.

EN: Lors de la première française vous avez révélé au public que vous avez vécu avec l'actrice Britt Marling des choses similaires aux personnages du film, comme partir à l'aventure avec des inconnus, vous nourrir dans des poubelles, etc...je suppose que cela a été difficile...
ZB: Quand on a commencé ça a été très dur parce que nous n'étions pas habitué mais tout de suite ça devient une norme, une habitude. Tu finis par changer totalement et à prendre conscience qu'avant ce n'était pas naturel. Pare exemple l'air conditionné de cet hôtel n'est pas naturel du tout. Donc tu te remets en question et tu te dis «comment ais-je pu faire tout ça, alors qu'il y a l'air naturel dehors?»

EN: Justement, concernant vos repas, aux États-Unis est-ce légal de manger dans des poubelles?
ZB: Non c'est illégal. Et pourtant, quand on habitait avec ce groupe de personne que nous avons rencontré durant notre voyage, on a vu qu'ils arrivaient à préparer trois repas complet par jour grâce aux poubelles. Ils invitaient même des familles ou des personnes qui n'avaient pas de repas. On pouvaient être jusqu'à 100 personnes et on n'arrivait à manger trois repas complet chaque jour avec les poubelles tant il y a du gaspillage.

EN: Le retour à la normal si on peut dire comme séjourner dans un hôtel ou même retourner chez vous, cela vous a fait un choc?
ZB: Non pas vraiment car cette expérience reste gravée dans ma tête et c'est ce qui est le plus important. Tu peux être n'importe tout, c'est en toi. Tu prends juste conscience que ce n'est pas dégoutant de faire les poubelles.

EN: C'est d'ailleurs ce que l'on voit dans le film, le personnage de Sarah croque dans un donut entamé seulement pour oublier la douleur de sa blessure alors qu'après son aventure c'est avec plaisir qu'elle croque dans une pomme à peine croqué, trouvée dans une poubelle.
ZB: J'adore cette scène avec le donut (rires). Oui parfois la nourriture est jetée à la légère.

EN: Même si ce groupe de terroriste écologiste n'existe pas, il faut rappeler qu'il y a, par contre, vraiment un groupe de personne qui vive comme ça, que c'est avec eux que vous avez vécu ces choses. Ont-ils participé au film?
ZB: Oui, en effet, on les a contacté et ils ont été figurant pour le film.

EN: Est-ce que les anecdotes présentes dans le film comme ce médicament extrêmement dangereux ou l'eau contaminé sont des inventions?
ZB: En faite le groupe est imaginé, Th East, n'existe pas mais par contre toutes les histoires contre lesquelles ils se battent sont vraies. Les crimes sont tout à fait vrais. Cet enfant qui a eu le cancer à cause de l'eau de son bain par exemple ou le médicament, tout est vrai.

EN: Avec ce film, je suppose que le réchauffement climatique vous touche?
ZB: Oui, je pense sincèrement que l'on abuse de la planète.

EN: Avec votre film, justement, voulez-vous réveiller les consciences?
ZB: Exactement!

EN: Et bien ça a marché je peux vous l'assurer. En tant que spectateur on se sent responsable et souhaite faire changer les choses. Avez-vous eu le même sentiment lorsque vous avez fait The East?
ZB: Oui bien-sûr, mais ma préoccupation première était de faire ce film. Même si je voulais descendre dans la rue avec les militants.

EN: Vu le sujet houleux de The East, avez-vous eu des problèmes de financement?
ZB: Non, c'était facile, même trop facile. Fox voulait faire ce film, on n'a pas discuté, c'était direct!

EN: Est-ce qu'il contrôlait le tournage? Avait-il mis certaines restrictions?
ZB: Non, ils étaient plutôt excités par cette idée. Ils ont contrôlé certaines choses mais ce fut facile quand même car c'est un studio avec une certaine vision.

EN: Dans le film, le personnage qu'incarne Britt Marling déguste un McDo juste avant de rentrer dans la vie bien plus simple du mouvement The East. Vous vouliez montrer une différence entre le fast food et la nourriture poubelle?
ZB: Je voulais faire un peu de publicité dans mon film, Coca-Cola a refuse mais Mcdonald's et Dunkin Donuts ont dit oui, d'où leur apparition respective dans le film.

EN: Lorsque le personnage de Jane devient Sarah, elle change de couleur de cheveux, vous vouliez marquer une certaine différence?
ZB: C'était plutôt pour faire comme dans les films d'espionnage. Une infiltrée. Vous savez l'excitation de rentrer en mission.

EN: Un peu comme cette scène, une des plus intenses d'ailleurs, lorsque qu'ils doivent mettre du poison dans le champagne.
ZB: Oui elle est intense, c'est ma préférée! Quand je l'ai regardé j'étais collé à mon siège. C'est un peu comme les scènes de Mission Impossible, vous savez la série. Quand j'étais petit je la regardais collé à mon siège, exactement de la même façon!

EN: Après un tel film, pensez-vous déjà à votre prochain?
ZB: Oui. Britt et moi pensons écrire un autre film en décembre, on va voir.

EN: Une petite exclue?
ZB: (rire) Ah non, je ne dirais rien même à vous! (rires)


   cynthia