Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



Karim Aïnouz
Toni Servillo
Félix Dufour-Laperrière
Jayro Bustamente
Gilles Perret
Hélène Giraud
Ryusuke Hamaguchi
Rohena Gera







 (c) Ecran Noir 96 - 24



Scénariste et réalisateur, à l'aise avec le grand comme le petit écran, Alain Berliner est un habitué du Festival des scénaristes de Bourges, où il a notamment été "parrain" lors du marathon du scénario.

Cette année, pour la 14e édition de la manifestation, il revenait avec des responsabilités accrues : présider le jury de la création, composé d'étudiants.

EN : Vous êtes le président du Jury Création cette année. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette fonction ?





Alain Berliner : Le jury Création est composé d’étudiants. Je vais donc présider ce groupe et les étudiants vont juger les scénarios écrits lors du marathon. Et connaissant, par ailleurs le festival, pour être venu en tant que parrain du marathon il y a plusieurs années, j’ai donc accepté car j’ai trouvé que c’était une très bonne façon de fonctionner. Donnant par exemple des cours à l’INSAS qui est une école de cinéma à Bruxelles, je sais que dans mon jury il y a une des étudiantes de cette école. Et je trouve ça bien que des étudiants puissent avoir accès aux courts-métrages à ces scénarios, de pouvoir les lire, réfléchir dessus et les comparer peut-être à leurs propres pratiques

EN : L’intérêt donc de ce jury création composé d’étudiants, est qu’il va porter un regard autre que celui du Grand Jury par exemple ?

AB : C’est probable car dans le Grand Jury il y a des scénaristes confirmés qui ont un autre regard, une autre perception des choses. C’est aussi une histoire de générations. C’est évident car des gens qui ont 20-25 ans aujourd’hui voient les films et la manière de raconter des histoires au cinéma différemment de ce que nous imaginons ou avons appris à imaginer au fur et à mesure qu’on s’est confronté à cette pratique.

En tant que jeunes d’écoles, ils ont surement découvert les films d’une autre manière que les gens de ma génération. Nous, on découvrait les films parce qu’on allait à la cinémathèque, on tournait les films avec des caméras à pellicule, c’est un temps qui peut paraitre préhistorique. Les références sont vraiment modifiées je pense. Par exemple la conception du cinéma d’auteur ou du cinéma de genre n’est pas du tout la même pour les gens de ma génération et ceux de l’actuelle. Je suis curieux de voir quelle vont être la teneur des débats avec ces étudiants. D’habitude avec mes étudiants je donne mon avis, mais ici c’est moi qui devrais tenir compte du leur. Je pense que c’est ça qui va être intéressant.

EN : Vous dites que les « jeunes » n’ont plus les mêmes références. Pensez-vous alors qu’il y ait certaines références qui aient été perdues en cours de route et que vous regrettez ?

AB : Je n’ai pas vraiment l’habitude d’avoir des regrets en réalité. Il y a des évolutions. Le temps avance, les gens évoluent, la société et les modes de communication aussi. L’accès aux films aujourd’hui est totalement différent de celui d’il y a 10, 20 ou 30 ans. Le business et la manière de faire des films ont complètement changé. Quand j’ai commencé à travailler en tant que scénariste pour la télévision il y a plusieurs années, la télé ne voulait pas de flash back par exemple. On jugeait que le spectateur était incapable de comprendre le retour en arrière. Il le comprenait au cinéma, mais à la télévision « Non, c’est différent ». Et puis, depuis une petite dizaine d’années, on voit que dans les séries américaines, on a des flashs back, des flashs forward (chose que l’on retrouve dans certaines séries françaises), des moments un peu fantastiques… donc ça change beaucoup. Les mentalités ont évolué. Il y a encore 20 ans, mettre un homosexuel au petit écran était très sensible. Aujourd’hui, s’il n’y en a pas un, on nous le rappelle.

Le monde change. Ça ne sert donc a rien d’avoir des regrets sur ce qui était et ce qui n’est plus. Il faut plutôt aller de l’avant et voir aussi. Le type d’histoire et de narration qu’aiment les 20-25 ans d’aujourd’hui, je trouve cela intéressant. Ça ne m’empêche pas d’avoir mon opinion à moi. Mais je trouve que c’est respectable et que c’est d’aujourd’hui. Ce sont eux qui vont faire ce qui va se passer demain.

Page suivante