Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



Karim Aïnouz
Toni Servillo
Félix Dufour-Laperrière
Jayro Bustamente
Gilles Perret
Hélène Giraud
Ryusuke Hamaguchi
Rohena Gera







 (c) Ecran Noir 96 - 24



Michel Ruquet, Président de l’association Ciné plein Soleil, créé en 2003 les premières Rencontres Cinématographiques de Cavaillon. Depuis 7 ans, dans la capitale provençale du melon, un dialogue se perpétue entre le grand public et les artistes de cinéma. Pour un festival, 7 années représentent une étape de maturité. En numérologie, le chiffre 7 symbolise la magie et la perfection liée à l’aventure humaine : les 7 merveilles du monde, le septième art et… les 7 péchés capitaux ! Titre d’un film à sketches co-réalisé par Claude Chabrol, invité d’honneur des nouvelles Rencontres Cinématographiques de Cavaillon. En 1961, le réalisateur mettait en scène le septième péché capital : L’avarice. Tout le contraire de sa filmographie abondante et, tel le 7, des plus spirituelles !
CHABROL A LE MELON





Écran Noir : Comment devient-on l’organisateur d’un festival de cinéma ?

Michel Ruquet : C’est une longue histoire… guidée par la passion du septième art ! Tout d’abord, je suis né à Cavaillon en 1941. À l’aube des années 1960, j’ai créé avec deux amis cinéphiles, Mireille et Jean-Marc Paillas, un ciné-club dans notre ville natale. En dépit des obstacles, en moins de 10 ans, la programmation attirait plus de 700 adhérents ! À 27 ans, adieu Cavaillon car le service national de coopération m’a entraîné jusqu’à Calcutta. Là, j’ai écrit, réalisé et monté des documentaires de format court. Retourné en France, je me suis essayé à la réalisation de long-métrages de fiction. En vain. Ça n’a pas marché. Je me suis alors tourné vers l’enseignement de la langue française à des étrangers. Bien vite, j’ai pris conscience que le septième art pouvait aussi s’apprendre. C’est ainsi que j’ai aussi donné des cours de cinéma à l’Institut catholique de Paris. Après une parenthèse de vie à New-York, la retraite a pointé le bout de son nez. Suis-je retombé en enfance ?... Je ne sais, mais avec les mêmes amis cinéphiles, nous avons relevé le défi d’instaurer un week-end cinématographique à Cavaillon. Aujourd’hui, certains films du festival sont visionnés dans le même cinéma que le ciné-club d’antan !

EN : Une belle continuité. De quelle façon choisissez-vous le thème de chacun de vos rendez-vous ?

MR : L'intuition guide le choix de chaque programmation. Ce sont, par exemple, les 50 ans de cinéma d’Agnès Varda en 2005. La réparation d'une injustice pour un comédien insuffisamment reconnu peut également définir la colonne vertébrale d’une rencontre.

EN : Comme Sami Bouajila ou encore Robinson Stévenin il y a 3 ans...

MR : En 2004, le festival mettait en lumière l’émigration et l’intégration. J’ai fait appel à Robert Guédiguian, un voisin marseillais, et à Sami Bouajila. Lors de sa venue, l’acteur a remporté l’adhésion totale du public. La leçon de cinéma de Robinson Stévenin a aussi été un grand moment. Robinson est un être enthousiaste et un vrai fondu de cinéma. Il soulignait tous ses propos en faisant de grands gestes. À la fin de la leçon, ses mains avaient tant plaqué ses cuisses que son pantacourt était devenu… un short !

EN : Le cinéma belge est à l’honneur en 2006…

MR : Oui, ce fut un très bon cru. Nous avons accueilli Yolande Moreau et Jérémie Renier. Un véritable triomphe. La salle était comble. J’ai aussi le souvenir, de la vitalité d’Im San Soon, le réalisateur coréen. Une pêche hors pair et un discours intarissable sur le film noir en 2008 !

EN : Chaque année, pour illustrer le thème des rencontres, vous organisez pendant tout le mois d’août une exposition sur le cinéma à la chapelle du Grand Couvent de Cavaillon. Le public a pu ainsi en savoir plus sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte de François Truffaut à nos jours, les terres et les identités ou encore le film noir. Cette fois, l’exposition rend hommage à Claude Chabrol…

MR : J’avoue avec joie que l’expo fait un véritable tabac, bat tous les records d’affluence ! Elle retrace les étapes de la carrière de Chabrol : la Nouvelle Vague, la période pompidolienne, les relais entre Bernadette Lafont, Stéphane Audran et Isabelle Huppert, ses trois actrices fétiches. Les années 2000 clôturent l’exposition avec la présence de Benoît Magimel dans l’œuvre du réalisateur.

EN : Entre le 26 au 29 août, le public va pouvoir rencontrer des invités de choix…

MR : Claude Chabrol, le roi de la fête, sera présent tous les jours. Une avant-première surprise est prévue pour l’ouverture. Le 27 et le 28, il s’entourera de deux de ses égéries : Bernadette Lafont et Stéphane Audran. Et enfin, je vous livre un scoop, Benoît Magimel en personne viendra l’aider à clôturer le festival ! Pendant cette rencontre, le public pourra découvrir ou revoir La rupture, La cérémonie, Les fantômes du chapelier, Les bonnes femmes, Masques, La demoiselle d’honneur. Stéphane Audran, au cours de sa carte blanche, a choisi de montrer Le festin de Babette de Gabriel Axel. Les spectateurs pourront également assister à une projection de The yards de James Gray, dont Claude Chabrol est l’un des maîtres cinématographiques.

EN : Et qui dit rencontres, dit rendez-vous avec le public…

MR : Oui, c’est la première volonté du festival. Franck Garbaz, journaliste au mensuel de cinéma Positif, proposera une conférence sur la place de Claude Chabrol dans le cinéma français. Franck est devenu un fidèle des Rencontres de Cavaillon. Il présentera tous les films, introduira chaque invité et rythmera la leçon de cinéma de Claude Chabrol.

EN : L’une des singularités de ces rencontres est l’atelier cinéma Stylo et Caméra qui se déroule du 16 au 26 août…

MR : C’est un atelier cinématographique destiné aux adolescents. Il est animé par Sébastien Simon, un jeune monteur très pédagogue issu de l’ESEC (Ecole Supérieure d'Etudes Cinématographiques). Pendant une dizaine de jours, les participants apprennent le langage cinématographique. Cette année, ils le décryptent à travers les longs-métrages de Claude Chabrol, riches en métaphores et en analogies. Vous vous souvenez du châle tricoté par Isabelle Huppert, empoisonneuse dans Merci pour le chocolat ?... À la fin du film, tel un insecte repu par ses meurtres, elle se recroqueville contre son ouvrage en forme d’une toile d’araignée. C’est magnifique ! Claude Chabrol affectionne aussi beaucoup les montages parallèles. Les étudiants se sont nourris de toute cette matière pour écrire, filmer et monter un court-métrage intitulé A la manière de Claude Chabrol. Le public découvrira le résultat lors des rencontres.

EN : Si Ecran noir possédait une baguette magique et exauçait un souhait pour cette septième édition des Rencontres Cinématographiques de Cavaillon, quel serait-il ?

MR : Incontestablement, avoir le plus de monde possible. C’est bien parti car dès la première semaine, l’exposition a accueilli plus de spectateurs que jamais ! Le grand public connaît Claude Chabrol, personnage truculent, haut en couleurs. Malgré cela, j’ai remarqué qu’il est parfois difficile pour les spectateurs d'identifier ses films. C’est pourquoi je souhaite que le plus grand nombre perçoive la richesse de l’univers chabrolien. C’est pourquoi je souhaite que le plus grand nombre perçoive la richesse de l’univers chabrolien. Ils pourront constater à quel point les influences de Fritz Lang et d’Alfred Hitchcock imprègnent toute son oeuvre.

EN : Avec la personnalité et le talent de Claude Chabrol, tous les espoirs de succès sont permis !

MR : Je l’espère de tout cœur. À chaque fois, c’est le grand mystère… Comme dans un film de Chabrol ! (rires)






   Marie Pauline & Benoit