Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Actrice et réalisatrice espagnole, Iciar Bollain était présente au Festival du Film de Valenciennes édition 2008. Son dernier film, Mataharis, était présenté en compétition officielle. Najwa Nimri a d'ailleurs reçu le prix d'interprétation féminine lors de ce festival pour son interprétation d'Eva, l'une des trois personnages principaux de ce film.
EN : Dans la forme, l’image de forme film n’est pas lisse. Vous avez filmé caméra à l’épaule. Ces deux aspects donnent une forme documentaire à votre film. Etait-ce une réelle volonté de votre part ?
IB : Les images sont sales, bougent. Je voulais raconter ce film comme si nous étions juste derrière ces trois femmes. Je voulais aussi donner une esthétique très urbaine au film.
Eva, Inés et Carment espionnent, alors je voulais que nous ayons nous aussi l’impression de les espionner.

EN : La ville apparaît comme un personnage à part entière dans votre film…
IB : Le travail de détective se passe essentiellement dans la rue. En général, la loi ne permet pas qu’elles puissent rentrer dans des lieux privés avec une caméra. La majeure partie de leur travail consiste à rester dans une voiture, attendant que la personne surveillée sorte, notant où elle va, ce qu’elle fait. Elles tirent leurs conclusions à partir de ce que cette personne fait, mais à l’extérieur. Elles ne peuvent pas entrer.
C’est un travail très urbain. Il y a peu de détectives privés dans les petites villes, encore moins à la campagne. J’ai donc décidé de les plonger dans une ville très grande, très stressante.

EN : Je m’écarte un peu de Mataharis pour parler de Land and Freedom de Ken Loach. Vous avez joué dans ce film. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
IB : C’était fantastique. Le film était superbe. Je jouais dans un groupe de miliciens de seize personnes. Une moitié d’entre nous étaient des acteurs professionnels et l’autre moitié non. C’était un très bon mélange. C’était une forme de travail qui impliquait énormément les acteurs. On avait l’impression de réellement faire la guerre civile. C’était très très intense.
C’était aussi une belle occasion d’apprendre des parties historiques peu connues de la guerre civile. La droite parlait peu ; on n’entendait peu de choses sur les guerres internes qui avaient eu lieu dans la partie républicaine. C’était donc une manière de découvrir cela. Nous avons rencontré des historiens, des survivants du POUM. C’était comme approché de très près cette partie de l’histoire à travers ceux qui l’avaient vécue en la reproduisant. Des gens du peuple qui avaient combattu lors de la guerre civile travaillaient également pour le film.
De plus, Ken Loach est une personne vraiment très intéressante. Je n’ai pas eu l’occasion de retravailler avec lui mais nous sommes restés en contact et il reste un bon ami.

EN : Vous avez débuté en tant qu’actrice. Pourquoi avez-vous décidé de passer derrière la caméra ?
IB : J’ai toujours écrit des choses, des contes, depuis que je suis jeune. Et puis j’ai toujours eu l’impression, en tant qu’actrice, qu’il se passait énormément de choses de l’autre côté de la caméra. Ce que j’aime dans ce travail (écriture, réalisation), c’est qu’il est très créatif, très complet. Tu crées toi-même le projet et tu le portes.
Il y a 15 ans, avec un groupe d’amis, nous avons créé une petite boîte de production. Ce film a d’ailleurs été produit par cette boîte. Nous avons alors commencé à réaliser, produire…C’est ainsi que j’ai commencé à réaliser des courts métrages avant de passer aux longs. Ca s’est fait de façon très naturelle.
Je continue aussi en tant qu’actrice. Ca me plait. Mais il me semble la réalisation est vraiment plus créative, plus complète car tu crées toi-même l’histoire. Tu crées le film en entier, du début à la fin.

EN : C’est cet aspect créatif qui vous attire dans la réalisation ?
IB : Oui, oui, beaucoup. Jouer est un travail très intéressant mais c’est un travail quelque peu solitaire. De plus il s’agit de transmettre l’histoire de quelqu’un d’autre, comme le réalisateur veut que tu la racontes.


   Morgane

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