Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Eric Serra est peut-être l'un des compositeurs de musique de films les plus connus du grand public. Toutefois, lui qui vient de recevoir une victoire de la musique pour son travail sur Arthur et les Minimoys de son complice Luc Besson, a retrouvé depuis peu le plaisir de la scène avec son groupe RXRA. A Bourges, où il se produisait dans le cadre du Festival des Scénaristes, il est revenu pour Ecran Noir sur sa carrière et sa manière de travailler.
Ecran Noir : Comment est-ce que vous composez les musiques des films auxquels vous collaborez ?
Eric Serra : En général, je travaille en deux phases. D’abord, je lis le scénario, même si, parfois, Luc [Besson] me contacte avant même de l’avoir écrit. Mais je passe à la composition de la musique seulement lorsque le montage est fait. Là, j'écris devant l'image. Entre ces deux moments, j’opère une sorte de travail abstrait, quasi inconscient, qui m'amène à réfléchir sur l'univers souhaité, le genre de son, etc. Quand je passe à l’écriture, je sais déjà où je vais.





EN : Pour GoldenEye, l’un des James Bond, le montage était déjà terminé quand l’équipe de réalisation vous a contacté pour composer la musique.Comment avez-vous donc géré cette situation ?
ES : C'est un cas particulier. L’équipe voulait réactualiser la série car c’était le premier volet avec Pierce Brosnan et ils souhaitaient une sorte de "renaissance" de James Bond. On m’a donc donné carte blanche et j’ai composé en fonction de ce que je ressentais en voyant les images. Sachant que j’étais fan de James Bond, c’était marrant de pouvoir à mon tour entrer dans cette légende. Ca suffisait largement pour me motiver ! Mais ce n’est pas forcément facile de composer en ayant une marge de manœuvre totale. Il est plus intéressant, enrichissant, de devoir répondre aux contraintes qui me sont imposées par le réalisateur.

EN : L'an dernier, Alexandre Desplat qui était à votre place nous disait qu'“on oublie trop souvent qu’il y a trois auteurs pour un film : le réalisateur, le scénariste et le compositeur”. Qu'en pensez-vous ? Et à votre avis, quel rôle joue la musique par rapport aux autres éléments ?
ES : Oui, c’est même officiel. Mais la place de la musique dépend aussi du réalisateur, du film, et même des scènes. Quand je compose, il faut que la musique ait un rôle important et c’est le réalisateur qui la lui confère. Je pense que la musique car place la perception du spectateur. C'est grâce à elle qu'il va s’identifier à un personnage plutôt qu'à un autre au moment d’une scène. Si le réalisateur a une idée précise, comme c’est souvent le cas de Luc Besson, il va me dire de souligner ce que ressent tel ou tel personnage grâce à la musique.

EN : Comment traduisez-vous en musique les idées du réalisateur, comment est-ce que la communication s’établit?
ES : Pour moi, la relation avec le réalisateur est essentielle, je sélectionne mes films en fonction de ça, c’est ce qui me motive : j’estime que le réalisateur est cent fois plus important que le scénario ! C’est pour ça que j’accepte très souvent de composer une musique avant même qu’il soit écrit. Un gars comme Luc [Besson], je dis oui avant de savoir comment sera le film ! Travailler avec un réalisateur génial mais qui n'a aucune sensibilité musicale, c'est pénible pour moi. La manière dont on passe des mots aux notes est très abstrait, comme tout ce qui est artistique. Ce que l'on exprime, ce sont des émotions et des sentiments ! Un bon réalisateur sait comment parler aux gens. Si c'est un problème pour lui c'est qu'il n'a pas de sensibilité musicale et ça, ça ne s'apprend pas.

EN : Quels sont vos projets ?
ES : En ce moment, je suis en train d’écrire la musique du Cirque du Soleil, dont le spectacle commence le 31 juillet à Las Vegas. C'est un peu comme une musique de films… Sinon, on essaye de développer le groupe qui m'apporte beaucoup de plaisir. Avant de composer pour le cinéma, mon métier c'était d'être sur scène. Je ne me rendais pas compte à quel point c'était important. Après avoir arrêté, je ne me sentais pas bien sans comprendre pourquoi. Jacques Higelin m'appelait de temps en temps pour aller faire un bœuf. J'y trouvais une force incroyable ! En fait, j'étais en manque… Jouer sur scène m'aide beaucoup pour tout le reste. L'écriture est très solitaire, il y a une énorme pression et ce n'est pas toujours rigolo. La scène me maintient de bonne humeur. Ce sont deux choses qui n'ont rien à voir et aucune des deux ne pourrait remplacer l'autre.

EN : Comment avez-vous reçu la Victoire de la musique pour Arthur et les minimoys ?
ES : Ce n'est en aucun cas une motivation, mais plutôt la cerise sur le gâteau. Ca me fait toujours plaisir, notamment celle-ci car cela faisait longtemps que je n'en avais pas eue, depuis Leon. En plus la soirée était sympa...


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