Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Quand on rencontre l'actrice, scénariste et réalisatrice Brigitte Roüan à l’heure du thé, elle vient juste de recevoir les 25 scénarii du "Marathon d’écriture" organisé dans le cadre du Festival des Scénaristes de Bourges [48 h pour écrire un court métrage sur un thème imposé]. Présidente du grand jury chargé de déterminer quel texte remportera le fameux Mathias d'Or tant convoité, elle ne cache pas son impatience de se mettre au travail. Quitte à y passer toute la nuit s’il le faut : il y a 250 pages à lire en moins de 24h…
Ecran Noir : Vous parliez tout à l’heure des difficultés pour sortir vos films ?
BR : Travaux... a fait 600 000 entrées et pourtant j’ai toujours du mal à trouver des producteurs. Ils me disent : "ah oui mais ça ne passera pas à la télé !". C’est mortifère de dépendre à ce point de la télévision. Il faut faire de la résistance, mais le prix de la liberté est très cher. Il faut avoir des nerfs et être bien entouré.

Ecran Noir : Que pensez-vous de l’initiative du "Club des 13" qui interpelle les pouvoirs publics sur la situation du cinéma français ?
BR : C’est très bien, je vais les rejoindre. Nous, on sait déjà tout ça, mais il faut le montrer au ministère de la Culture… On a de moins en moins de temps pour travailler. De la contrainte naissent des merveilles, mais quand même. Il faut aider les producteurs pour qu’ils soient en mesure de nous aider.

Ecran Noir : Vous souvenez-vous de l'écriture de votre premier scénario ?
BR : Il s'appelait Grosse, c'était au sujet d'une femme enceinte. J'attendais justement un enfant et je pensais ç écrire un recueil de nouvelles. Mon ami Philippe le guay m'a dit : "mais il faut faire un film avec ça!". J'ai travaillé avec lui et j'ai appris sur le tas. D'ailleurs, je ne suis pas une cinéaste, je suis une raconteuse d'histoires.

Ecran Noir : Et aussi une actrice… Comment articulez-vous tous ces rôles ?
BR : J'ai joué pendant des années au théâtre, j'aimais beaucoup ça. J'ai également joué des textes ineptes à la télévision, alors je me suis dit : "je vais écrire des trucs mieux". J'ai écrit un spectacle de théâtre et ça m'a semblé logique de faire la mise en scène avec des copains… Ensuite, j'ai écrit ce court métrage sur une femme enceinte : c'était logique que je le joue ! Tout ça s'est fait naturellement. J'écris d'abord une histoire, je ne m'écris pas un rôle ! Ensuite, si je le trouve beau, je le joue… Par contre, pour Sa mère la pute, c'était tellement difficile que je ne pouvais pas faire ça à une actrice. Quand c'est moi qui joue, ça enlève du stress. C'est bien sûr très fatigant, mais pas angoissant. Travaux, c'est différent, le producteur a accepté de le produire à condition que je ne joue pas dedans. J'ai pris une actrice qui est tout ce que je ne suis pas [Carole Bouquet] : jeune, belle, grande… J'étais ravie, à aucun moment je ne me suis dit : "tiens, je ne l'aurais pas joué comme ça…



Ecran Noir : Aimeriez-vous réaliser un film que vous n'auriez pas écrit ?
BR : Actuellement, je travaille sur une adaptation de polar pour France 2. C'est un travail de commande. D'ailleurs, comme je n'y connais pas grand chose, j'en lis plein. Sinon, moi je veux bien qu'on m'apporte un scénario qui me plaise pour que je le réalise !


   MpM

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