Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Pendant vingt ans, Franck Mancuso a été flic à la Police Judiciaire. De quoi emmagasiner quelques bonnes histoires, avant de se retrouver par hasard consultant sur la série Commissaire Moulin. Délaissant le révolver pour le stylo, il finit par quitter la police et participe au scénario de 36, quai des orfèvres réalisé par Olivier Marchal. En 2007, son premier long métrage, Contre-enquête, raconte l'histoire d'un policier, incarné par Jean Dujardin, dont la fille est sauvagement assassinée. Le film reçoit un accueil public chaleureux et des critiques éclectiques. A l'occasion de la sortie du film en dvd, le réalisateur revient sur cette expérience et nous livre après coup ses impressions et souvenirs.
Ecran Noir : Comment avez-vous ressenti l'accueil fait au film ?





Franck Mancuso : En fait, pendant toute la période de promo avant la sortie du film, nous nous sommes beaucoup déplacés pour le montrer, et presque chaque fois il y avait un débat avec les spectateurs. Ces échanges duraient fréquemment trois quart d'heure, voire une heure. Les retours étaient toujours très bons, idem du côté des exploitants. Du coup, Pathé était persuadé que ça marcherait, mais sans savoir dans quelle mesure. Moi, à la suite de cela, je me disais qu'au moins on ne s'était pas planté, que le film n'était pas hermétique, qu'il parlait aux gens et les faisait réagir.

EN : Il n'y a pas eu de surprise, alors, devant les résultats en salle ?

FM : Si, la surprise, c'était de passer de 500 000 (prévision déjà optimiste !) à quasiment un million d'entrées, soit le double de ce qu'on peut espérer de bien pour un premier film ! Je suis passé de l'espoir à la satisfaction de voir le film marcher. Et même si Jean Dujardin a attiré des spectateurs (il m'en a attiré plus qu'il n'en a découragé, c'est sûr), il aurait pu ne pas être bon, à cause de moi ou du scénario. Or tout le monde l'a trouvé très crédible…

EN : Comment avez-vous reçu les critiques dans la presse ?

FM : Vous savez, c'est comme la police, les critiques, c'est un mal nécessaire ! Alors pour certains, il faut que le public n'aime pas pour qu'un film soit bon, c'est comme ça, on le sait. Je n'arrive pas à en vouloir aux Cahiers du cinéma ou à Télérama d'être plus intellos dans leurs analyses. Au sein d'une même rédaction, il peut y avoir un journaliste qui a aimé le film et un autre qui le déteste : après, tout dépend de celui qui fait la critique…
Par ailleurs, il y a eu beaucoup de reproches sur ma mise en scène : "il vient de la télé, il a fait un téléfilm". C'est vrai qu'il y a peu de mouvements de caméra, mais c'est un choix ! Déjà, je n'avais pas assez de maîtrise technique pour réaliser un film entièrement caméra à l'épaule, en plus ça a déjà été fait, et je trouvais que le sujet de Contre-enquête ne s'y prêtait pas. On m'a reproché d'être scolaire, alors que je n'ai pas fait d'école… Les codes, moi, je ne les ai jamais appris. Je sais ce que je ne veux pas faire, mais il faut me laisser le temps ! Le deuxième sera très différent, c'est sûr. Mais je suis très content de ce que j'ai fait sur celui-là. Si je devais le refaire, je ne le referais pas exactement pareil, mais j'en suis satisfait.

EN : Qu'avez-vous pensé de la controverse autour de la fin du film ? Quels retours en avez-vous eu ?

FM : Le public était très rarement choqué par cette fin. Quand un spectateur lançait le débat sur le sujet, la plupart du temps, quelqu'un dans la salle répondait avant que j'ai eu le temps de le faire. Bien sûr que c'est très polémique, mais je le savais avant. A la limite, les critiques négatives sur ce point, j'aurais pu les écrire moi-même. Ca ne m'a ni surpris, ni empêché de dormir, juste conforté dans l'idée que, parfois, les critiques sont prévisibles…

EN : Le film est sorti en DVD il y a peu. Que nous réserve-t-il ?

FM : Nous avons essayé de faire autre chose qu'un making-off traditionnel. Il y a donc un reportage intitulé "Dans les yeux d'un flic" qui suit notamment l'entraînement intensif de Jean Dujardin au Quai des orfèvres, propose des extraits d'interviews et éclaire le public sur la manière dont je suis passé de la police à la réalisation. Dans la version commentée, j'essaye de donner des renseignements techniques sur les éléments procéduraux de l'enquête. Au début, je voulais faire un module avec les commentaires de mes anciens collègues, quelque chose d'assez didactique sur les différences entre la réalité et la fiction, et comme ça n'a pas été possible, je l'ai fait moi-même.

EN : Où en êtes-vous désormais ?

FM : Je viens de terminer un deuxième scénario, une sorte de polar. Pour le moment, je le fais lire à des comédiens. Si les Dieux du cinéma sont avec moi, ce sera ma deuxième réalisation.


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