Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24





Pour célébrer son dixième anniversaire, le Festival des scénaristes offre à son public une invitée d’honneur prestigieuse, l’actrice, réalisatrice et scénariste Nicole Garcia à qui est consacrée une rétrospective. Avant de délivrer ses précieux conseils aux jeunes professionnels et aux spectateurs présents à Bourges, elle revient sur son parcours et rappelle combien écrire peut-être à la fois exigeant et joyeux.
EcranNoir : Vous êtes l'invitée d'honneur de cette 10e édition du festival des scénaristes. Quelle résonance cela a-t-il pour vous ?





Nicole Garcia : Je ne suis pas trop sensible aux hommages, d'ailleurs j'espère que tout sera assez informel, mais je viens au Festival avec beaucoup de curiosité. Je trouve formidable qu'une ville comme Bourges s'investisse dans le cinéma et le scénario pendant cinq jours. Je vais rencontrer des scénaristes mais également le public, à qui je vais parler de ce premier volet très particulier, de cette étape essentielle mais non suffisante, que représente l'écriture d'un scénario.

EN : En vous choisissant, Bourges a voulu rendre un double hommage à votre travail de metteur en scène mais également de scénariste. Comment s'articulent des deux facettes de votre métier ?

NG : Cela commence par un rêve que je fais seule, j'imagine le thème, je m'intéresse à la vérité des personnages. Ensuite j'élabore le fil et la construction avec un coscénariste.

EN : Vous aimez en effet le travail d’équipe : vous avez notamment collaboré à six reprises avec Jacques Fieschi. Comment écrivez-vous ensemble ?

NG : Avec Jacques, ce sont des imaginaires et des inconscients qui se correspondent et qui se corrigent. Nous avons une relation de confiance qui permet cette écriture à double pupitre, cette confrontation de son rêve à celui de l’autre. Jacques met toute son intelligence, tout son sens du scénario au service de mon rêve. Je parle, il note, il archive. Il met des balises, me rassure, donne une sorte d’imprimatur. On écrit vraiment ensemble, même les dialogues, alors que j’aimerais bien qu’il s’en charge tout seul… Au fond, nous sommes comme deux chevaux de trait qui avancent ensemble. Bien sûr, ça divise la tâche par deux. Parfois, il m’arrive de partir dans des errances et des chemins de traverse, et il est là pour les corriger. Brider son imaginaire est bénéfique au film, et en même temps j’espère toujours le retrouver intact au moment du tournage.

EN : Vous serait-il possible de réaliser un film dont vous n'avez pas du tout écrit le scénario ?

NG : Ca ne m'est pas encore arrivé mais ça me plairait car la phase d'écriture est longue. Quand j'ai effectué ce glissement du métier d'actrice à la mise en scène, écrire le scénario m'a semblé susceptible de m'apporter une certaine légitimité. C'était un passeport, notamment face aux producteurs. Pourtant, si j'utilisais le scénario de quelqu'un d'autre, même en y ajoutant des éléments de ma propre sensibilité, je gagnerais un temps fou. Cela dit, j'en reçois peu en tant que metteur en scène car les gens savent que j'écris.
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