Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Olivier Jahan, réalisateur de Beaucoup trop loin, avec Emma de Caunes, sélectionné aux Acteurs à l'Ecran, en 1998.
Bertrand Amice : Comment avez-vous trouvé l’idée de votre dernier court-métrage BEAUCOUP TROP LOIN?
Olivier Jahan : L’idée, c’est presque une idée que j’avais eu avec "Au bord de l’autoroute", mon court-métrage qui a reçu le grand prix d’Aix-en-Provence et que j’avais un peu d’argent pour tourner dans le midi clairement. Je suis parti sur l’idée parce que j’avais tourné trois films qui étaient des films nocturnes pour faire un film sur le soleil. Et je suis un peu un garçon compliqué, je n’ai pas voulu faire un film uniquement sur le soleil, mais sur la fissure du soleil. Je suis parti sur l’idée de filmer une plage et une fille de 20 ans sur une plage, qui a priori a toutes les raisons d’aller bien, qui n’a pas toutes les raisons d’aller bien dans le film, parce qu’elle est en train progressivement de se séparer du garçon avec qui elle vit, parce que lui à Paris attend des nouvelles hypothétiques d’un boulot qu'il n’a pas, qu’il a 30 ans, qu’il a 10 ans de plus qu’elle. Il est plus douloureux et que c’est quelqu’un qui n’a pas voulu accompagner son amie. Et voilà, comment tout ça s’est déclenché. Au départ, c’était l’idée quand même d’écrire autour du soleil, du solaire et de ce cliché presque absolu qui est une plage en été avec des gens beaux, bronzés, etc...

BA : Pour le casting, vous avez repris l’actrice Emma De Caunes qui avait déjà tournée dans votre précédent court-métrage. Est-ce une forme de continuité que vous aviez envie de réaliser?
OJ : Emma (De Caunes) est une actrice avec qui je m’entends très bien. C’est une amitié qui est née au moment de "Au bord de l’autoroute". Puis voilà, j’avais effectivement derrière la tête d’écrire. Quand j’ai commencé à écrire ce petit scénario, je me suis dit : “Pourquoi ne pas recommencer avec Emma. En même temps, c’était une histoire différente puisqu’en plus on dirait un contre-poids permanent, j’ai dû tourner très vite dans deux décors différents en huit jours. Donc, c’était très rapide, c’est-à-dire, Emma jouait sans contre-temps puisqu’elle ne voyait pas le garçon avec qui elle s’engueule au téléphone. Après, j’ai tourné les séquences à Paris avec lui (Eric Caravaca). Ils ne se connaissaient parce qu’ils avaient tourné ensemble dans le film de Stéphane Clavier "La voie est libre", ils avaient chacun participé à ce film là. Ils se connaissaient un peu, mais ils ne se sont pas vus pendant le tournage car on ne les voit jamais ensemble.

BA : Avez-vous eu des séquences difficiles à tourner?
OJ : Non, il n’y a pas eu vraiment de séquences difficiles parce que le film repose beaucoup sur les comédiens et sur leur intensité, enfin en tous les cas je le pense. Emma, c’est quelqu’un que je connaissais pour avoir déjà fait un film avec elle, donc je savais dans quel territoire j’allais. Quand à Eric Caravaca, c'est un acteur que je découvrais parce que je n’avais jamais tourné avec lui. Il est vrai qu’on a débarqué à Paris après avoir passé trois jours sur une plage avec plein de gens, tous ceux qui sont sur la plage qui vous regardent tourner etc... Et soudain, se retrouver dans ce petit appartement avec Eric et toute une équipe qui l’observait. C’était pas difficile, j’ai pas eu de problème particulier sur le tournage. Simplement, il y a des moments où c’est très émouvant de voir quelqu’un, un acteur face à une équipe de quinze personnes qui, soudain, se mettent à pleurer ou à péter les plombs etc... Voilà, pour moi c’est sûr j’ai pas eu de moment où il n'y a pas eu de grosse difficulté sur le tournage puisque rien n’était vraiment compliqué à mettre en place.

BA : Donc, au niveau de la direction d’acteur, tout s’est bien passé finalement?
OJ : Oui, mais ça c’est un domaine dont je fais particulièrement attention, j’étais plus qu’enchanté par la troupe avec laquelle j’ai travaillé parce que ça s’est globalement très bien passé avec tous les acteurs, j’ai pas eu de problème.

BA : Quel est votre meilleur souvenir sur le tournage? Etait-ce avec Emma De Caunes?
OJ : (éclat de rires) Vous voulez faire un concours! C’est ça. Non, moi la frustration là, quand même! Ca a été un tournage où on a été très vite, parce que quand je vous dit huit jours, il y a quand même eu un jour pour rentrer à Paris. Ca a été trop vite pour qu’il y ait vraiment... si on s’installe pendant huit, dix jours sur un tournage, sur le même décor, là les choses peuvent arriver. Là, les choses étaient trop fragmentées pour que l’on puisse en garder des vrais bons souvenirs etc... Évidemment, on a eu des fous rires, des rigolades, des jolis moments comme sur tout tournage, c’est normal. Mais, en même temps, c’était trop court pour que je puisse dire, bon voilà il y a eu ce souvenir-là et ce souvenir-là. On a été vite, c’est sûr que quand on trace et bien c’est bien, mais en même temps on ne garde pas beaucoup de souvenir. Quand on galère sur une séquence, sur un problème technique ou je ne sais pas quoi, ce qui a pas été le cas sur ce film-là, on peut dire qu’il y a eu un ou deux petits problèmes de météo, des conneries comme ça, mais c’est pas très intéressant. C’est pas très spectaculaire.

BA : Justement, vous jouez beaucoup avec la lumière, c’est assez intéressant et même paradoxale entre les deux petits mondes dans l’histoire. Faîtes-vous très attention à ça?
OJ : J’aime bien la lumière, oui. Donc, j’ai travaillé avec un chef-opérateur, je lui ai donné un livre de photos de plages, de lumière etc... Je voulais à peu près la même chose. On s’est bien amusé. Je pense qu’il a bien capté ce que je voulais, c’est-à-dire, une saturation de couleurs, de masses, de choses, de lumières assez éblouissantes etc... Et de l’autre côté, un appartement à Paris qui est gris, vert, un peu éteint et puis progressivement plonge dans le noir au fur et à mesure du film.

BA : C’est votre quatrième court-métrage. Quels sont vos projets? Un long-métrage en perspective?
OJ : Oui, j’ai écrit. Il y a plus que les financements à trouver. C’est pas la chose la plus facile. Mais, on va s’y atteler. J’aimerai bien tourner le long parce que c’est vrai, le quatrième court-métrage, on a peut-être soudain envie de développer un peu plus. Je pense, peut-être, que c’est une bêtise de dire ça, parce que je n’ai pas fais encore de long-métrage. Mais, je sais qu’un court-métrage, c’est un équilibre, c’est des choses très difficile à trouver et quand tous les gens disent : “Oui, c’est un court-métrage...”, je pense que c’est parfois plus difficile à faire qu’un long-métrage parce qu’il y a moins de temps, moins de moyens, le fait qu’on travaille sur une durée très réprimée, très contrainte. Et si le film ne marche pas, c’est bête quoi! Alors que sur un long-métrage, on tourne quand même plus, qu’on peut équilibrer les choses ou les déséquilibrer comme on veut, et il y a une petite différence.





propos recueillis pas bertrand


   bertrand