du petit écran au grand écran
Les Dossiers de l'Écran
Juin 1998

De Star Trek à X-Files, Hollywood, en manque d'idées, se plagie en pompant les idées de sa poule aux oeufs d'or: la Télévision.

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Quand la TV vampirisa le cinéma...

Hollywood. Californie. Capitale du cinéma...et de la télévision.
Quasiment la totalité des sitcoms, feuilletons, séries et autres soaps sont tournés sous le soleil de L.A.
Or, ces séries sont produites par la Fox, Warner, Columbia, Buena Vista, Paramount et Universal. Des studios de cinéma.
Ces grands conglomérats audiovisuel auraient tort de se priver. Adapter une de leur création télévisuelle au cinéma, c'est rentabiliser un concept, voire le promouvoir à l'international. Sans compter sur les économies d'échelle en marketing.
Car Hollywood manque d'idées. Entre les adaptations littéraires, les remakes de vieux films ou de films étrangers, il y a finalement peu de scénarii originaux portés à l'écran.
D'autant plus depuis cette vague récente où certaines séries sont devenues des hits au B.O. - en revanche l'inverse est rarement le cas: un hit ciné fait de très mauvaises séries TV (Bagdad Café, Karaté kid...).

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Flash-back

Le concept n'est pas neuf. Dans les années 60-70, on a pu noter l'intérêt des studios à exploiter un succès de l'audimat TV. Le cinéma essayait ainsi de récupréer les spectateurs perdus après l'arrivée des postes TV dans chaque foyer. La TV a depuis vampirisé le cinéma: d'abord en lui volant ses spectateurs, puis ses stars, mais aussi en lui fournissant des idées de film, et pire en investissant dans la production.
Cependant il y a 20-30 ans, le cinéma, notamment américain, vécu sa nouvelle vague. Les hits étaient des grands spectacles et les essais d'adaptation de séries TV furent des échecs. A une seule exception.
Star Trek est devenu l'une des franchises les plus rentables du cinéma et de la télé. Feuilleton culte (et kitsch), Paramount développa la multiplication des Spocks (2 séries TV, 9 films) au moment où la science-fiction dominait les box offices.
Star Trek est un des premiers concepts surexploités (merchandising) mais qui a su évoluer avec le temps. Sans faire l'événement, la série et les suites au ciné attirent des fans plus que fidèles.
Cette cascade d'adaptations de séries TV reste un phénomène purement anglo-saxon, et principalement américain. Logique puisque l'Amérique est la seule puissance à exporter mondialement son cinéma comme ses produits télévisés.

Et De Palma créa l'impossible...

Si beaucoup de séries furent des flops au ciné, cela tenait beaucoup au manque d'ambition artistique: réalisation comme scénario. Le bon film est celui qui reprend les personnages, l'ambiance de la série mais qui créé une histoire qui lui est propre ou en tout cas une mise en scène qui le rend original.
Il a fallu attendre la fin des années 80 pour parvenir à ce résultat. Tandis qu'on lorgnait les concepts à suite, qu'on cherchait la formule à recettes, deux films très différents bouleversèrent la donne.
The Untouchables (Les Incorruptibles) grâce au doigté de Brian De Palma, la révélation d'un Kevin Costner, le jeu magistral d'un Robert De Niro, le couronnement de Sean Connery (un Oscar!)...Cette brillante réalisation, dotée d'un script intelligent et fidèle à la série, a conduit le film à être un succès tant public que critique.
Peu de temps après, c'est The Addams Family (La Famille Addams) qui fera fureur. Effets spéciaux (la main), humour noir, personnages grandioses (avec un casting là encore exceptionnel: Raul Julia, Anjelica Huston, Christopher Lloyd, Christina Ricci), décor sordide et superbe. L'esprit est là. Le jeune réalisateur, Barry Sonnenfeld, rend le film drôle, léger, et décalé. Son style à la Tim Burton s'affirme. Les dollars pleuvent.

Un Joker à 100 millions de $

En 1989, Warner sort l'adaptation d'une BD, devenue série TV. Deux publics: celui d'un héros sombre et justicier, et l'autre adepte de bing et de bang et de splash très colorés.
Tim Burton porte à l'écran Batman. Flamboyant. Warner ficèle le concept marketing (logo, musique, produits dérivés...), et le film devient l'un des plus gros hits de ces 20 dernières années.
Cette explosion donnera 3 épisodes en plus, rendra Nicholson multi-millionaire, et fera de Tim Burton un des réalisateurs les plus en vues. Batman est l'exemple même de ce qu'attendait Hollywood: la preuve qu'avec une dose d'originalité, des têtes d'affiche aguicheuses et une idée éculée, un méga-hit est possible.
En effet, il est plus facile pour un studio de vendre Batman qu'un film basé sur une histoire originale: l'inconscient collectif permet de vendre un film sans avoir à raconter l'histoire, le thème, le genre. Tout est déjà assimilé par les spectateurs. Il suffit donc de ne pas les décevoir et de combler les attentes des fidèles.

Ça cartoon dans tous les sens...

Aussi les vieilles séries TV, populaires ou cultes, ressortent des tiroirs et font le tour des producteurs. Les droits enflent. Les contrats avec les fast-food et autres marques célèbres grimpent tout aussi haut.
Le début des années 90 voit la mise en place d'une dizaine de grands projets. La Famille Addams et Batman se déclinent en suite. Maverick, The Fugitive (Le Fugitif), mais aussi The Flintstones (Les Pierrafeu), Casper et Wayne's world...
Tous des gros succès, même à l'international. Hollywood ne lésine pas sur le marketing, le merchandising et le casting. Des stars de catégorie A sont réquisitionnées. Maverick comme The Fugitive sont même devenus des "musts" dans la carrière de Gibson, Foster, Ford et Jones.
Seule fausse note, le cultissime Twin Peaks: fire walk with me. Echec au B.O., le film de David Lynch n'a pas satisfait les fans. Il faudra attendre The X-Files : fight the future pour qu'Hollywood ose adapter une série aussi singulière que culte. Même si la série de Chris Carter est plus conventionnelle, on retrouve les mêmes problèmes: intrigue complexe, public fanatique, visuel original.

Tout et n'importe quoi

Après cette première salve - une combinaison films à stars, films à effets spéciaux - Hollywood continue d'exploiter le filon pour le meilleur (Mission : Impossible toujours de De Palma) et pour le pire (Mc Hale's navy, Sgt. Bilko, Flipper, Coneheads, The Brady Bunch Movie et sa suite).
Le cartoon demeure une source d'inspiration inépuisable: le controversé et inutile Beavis and Butt-head do America, le très raté Mister Magoo et le délirant George de la Jungle.
Ailleurs qu'aux USA ce sont les héros comiques (Kids in the Hall au Canada, Michael Kael en France ou Bean au Royaume Uni) qui se voient panthéonisés sur le grand écran.
Mais dans les 2 cas, on pressent déjà les limites d'un tel exercice. Les personnages perdent leur intérêt avec une histoire étirée, et le rythme du cinéma oblige souvent à des rebondissements stériles. Difficile d'imaginer une sitcom de 26 minutes en long métrage de 100 minutes. Comme faire une vidéo à partir d'une photo...

Aux frontières de la réalité...

Pourtant rien ne décourage les studios. Leurs "sequels" ne font plus recettes. Batman s'essouffle. Indy, le flic de BH, le flic qui ne sauve plus personne, tous les héros sont fatigués. Ils ont fait leur temps.
A la recherche des idées perdues? The X-Files, The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir), Lost In Space, Star Trek 9, My Favorite Martian....tous espèrent en faire des hits, des suites, des produits: les acteurs comme les producteurs. Il s'agit d'une assurance-carrière garantie.
Seul problème, jusqu'ici l'absence de grands cinéastes en font plus un produit qu'une oeuvre. Excepté Burton, Lynch, De Palma (et sûrement John Woo pour la suite de M:I), aucun grand réalisateur n'est sollicité. Cela diminue souvent l'intérêt artistique, au profit de la technique, des effets spéciaux et de la trame sonore (en vente chez tous les bons disquaires).

Déclinable à l'infini...

On reconnaîtra qu'adapter The Avengers et X-Files relève à la fois d'une grande ambition artistique (les 2 séries étaient brillament conçues) et d'un immense désir de cinéphile: personnages comme intrigues sont prafaitement adaptés pour vivre sur grand écran.
Warner et Fox ont d'ailleurs réalisé un marketing efficace et stylisé. Dans les 2 cas, les attentes sont totales.
D'ici la fin du siècle, nous devrions donc voir émerger de nombreuses autres adpatations: Inspecteur Gadget, Wild Wild West, Love Boat, Charlie's Angels (Drôles de dames), Bewitched (Ma sorcière bien-aimée)...
Etrangement, aucun soap, aucun feuilleton (Côte Ouest, Dallas...), aucune série dramatique (Urgence, NYPD, Hill Street Blues, L.A.Law...). Pour l'instant.
même si Hollywood manque toujours d'idées pour des scénarii originaux, il y aura encore la littérature, la TV, le théâtre, les films étrangers, les vieux films, pour fournir les producteurs en concepts et faire vivre les membres de la Writer Guild of America.
Alors, à quand le web comme espace de création, adaptable au Cinéma?!


(C) Ecran Noir 1996-1999